Alors qu’une salariée de PSA a mis fin à ses jours le 21 mars à Clamart, le scandale des suicides au travail enfle de jour en jour. « Bakchich » revient sur les points communs qui lient ces disparitions tragiques et sur l’attitude des employeurs un peu gênés aux entournures
Quatre suicides au compteur pour le seul Technocentre de Renault à Guyancourt ces derniers mois, plusieurs suicides chez PSA, deux cadres qui se donnent la mort pour la période de Noël au sein de la banque HSBC, un salarié de BNP Paribas qui met fin à ses jours au début de l’année sur son lieu de travail dans l’Aveyron et encore ce trader de la Société Générale dont on apprend (avec 6 mois de retard) qu’il s’est jeté d’une passerelle. [1]
On ne sait trop s’il faut parler de série noire ou d’épidémie. Une certitude : ces disparitions tragiques présentent un certain nombre de points communs. Dans tous les cas ou presque ces salariés avaient mis en cause explicitement leurs conditions de travail ou laissé une lettre pour « motiver » leur geste.
« J’ai aimé mon métier et je ne sais rien faire d’autre. Je ne vois pas d’avenir », a ainsi écrit l’employé de la BNP, selon des extraits dévoilés par la CGT, qui précise que cet homme avait été sermonné quelques jours plus tôt par sa direction pour ne pas avoir atteint ses objectifs.
Le dernier en date des suicidés de chez Renault un informaticien se plaignait auprès de ses collègues de travail lui d’être « surmené ». Mais pour sa direction tout allait bien : « Un salarié apprécié par son entourage professionnel et son management, (…) bien intégré dans l’entreprise. Ses entretiens d’évaluation faisaient apparaître un ressenti positif sur son intégration » devait ainsi déclarer, entre autres, sa DRH. A quelques mois de la retraite, Pierre Maillard, qui affichait 30 ans de maison au sein de la banque, a laissé un courrier dénonçant avec vigueur ses conditions de travail. Mais, pour sa direction, là aussi tout allait parfaitement bien et cet employé vivait en parfaite harmonie avec sa hiérarchie et ses collègues avec lesquels il déjeunait « tous les jours à la cantine ».
Pierre Maillard a disparu pendant 12 jours et l’on a retrouvé son corps dans les toilettes de la banque sans que personne ne s’inquiète un instant de savoir pourquoi il ne venait plus déjeuner avec ses chers collègues. Plusieurs témoignages sont depuis remontés à Bakchich sur les conditions de travail au sein de cette institution qui affiche pour 2007 un bénéfice net en hausse de 21% de 19,13 milliards de dollars.
On aura un avant goût des relations sociales au sein de ce mastodonte de la finance internationale, au courrier que sa direction française a oser écrire au CHST (Comité d’Hygiene, de Sécurité et des Conditions de Travail) le 28 janvier 2008 après que ce dernier eut l’indécence de réclamer une enquête sur les circonstances du décès de ce salarié.
« Toute démarche d’investigation, de contact avec un salarié pour évoquer le suicide de M. Pierre Maillard ( …) serait constitutive d’une entrave au fonctionnement normal de l’instance »
Une entrave au fonctionnement normal de l’instance ! Vous avez bien lu. Même l’inspection du travail a bondi en lisant cette lettre de menace. Requin notoire de la finance internationale, Eric Knight, est le patron du fonds activiste Knight Vinke Asset Managment. Sa spécialité est de prendre une participation très minoritaire dans de très grandes entreprises, puis d’exiger d’y faire le ménage ou d’y administrer quelques « remède de cheval » afin d’ y accroître encore les bénéfices. (19 milliards ce n’est pas suffisant). A son tableau de chasse déjà des groupes comme Shell, Suez. Il y a quelques mois, il a exigé d’HSBC France qu’elle se sépare d’un certain nombres de ses filiales en France, jugées insuffisamment rentables.
Une exigence rapidement satisfaite et qui relève donc, elle, du fonctionnement parfaitement « normal » de l’instance.
Lire ou relire dans Bakchich :
L’omerta demeure sur les serial suicides à HSBC
Toyota la japonaise mangeuse d’hommes
Apportez vos avis et témoignages à Bakchich :
[1] Une source interne à la Société Générale confie que le suicide de ce trader n’a pas été sans impact sur le traitement de l’affaire Kerviel. La hantise de la banque étant que le trader aux 5 milliards mette, lui aussi, fin à ses jours. D’où l’assistance médicale qui lui fuit gracieusement prodiguée….
Que penser aussi de ces salariés qui acceptent de faire des attestations en faveur de l’employeur, alors que ceux-ci ne peuvent être retenus dans le cadre des liens de subordination ?
Plus bâtards que cela, il n’y a pas !!!!!
Ceux qui ont tout compris à rien du tout… et qui polluent l’ambiance du travail à chercher à compenser leur incompétence par des bassesses.
HARCELES : LES AUTRES CLANDESTINS
Comme une armée(de ) fantôme(s), ils errent sans boulot, avec leurs papiers-attestés, de père en fille et de mère en fils-face aux autres clandestins au boulot, mais sans papiers.
Tous exclus, sans place, abîmés, lestés au fond d’un abîme très liqu…éfié…
Pas une ride à la surface de l’eau, c’est du propre les côtes de France.
Mâmman les p’tits bateaux, quand irons-nous donc à la plage ? En juillet mon gros bêta, mais n’regarde pas trop au fond de l’eau..la, la, là, là…
Vous boirez bien à la santé de tous ces nouveaux noyés, non ? Où et quand une place, un port d’attache, un regard, une main tendue pour remonter à la surface ?
z’êtes sûr qu’y a pas d’la place pour tout le monde sur le bateau pirate ?
A LIRE ET A RECOMMANDER LE LIVRE DE CATHERINE MALABOU:LES NOUVEAUX BLESSES, CHEZ BAYARD.