L’éventualité de la candidature à la présidentielle de 2012 du général David Petraeus,chef d’Etat-major des armées américaines en Irak illustre à sa façon le dilemme auquel Barack Obama est confronté.
Si le président accède aux demandes des généraux qui réclament l’envoi de 40 000 soldats supplémentaires en Afghanistan, il assistera à la scission de son parti démocrate. A l’inverse, s’il refuse de céder aux militaires, il offre sur un plateau d’argent au parti républicain son slogan pour 2012 : « Obama a perdu l’Afghanistan ! ».
Les militaires en veulent au Président car il tarde à accroître les troupes sur le terrain d’un conflit de plus en plus impopulaire auprès des Américains comme le montrent les sondages. Ils ont ainsi orchestré une « fuite » dans les médias du rapport du général McChrystal, commandant des armées en Afghanistan, qui demande ces 40 000 soldats supplémentaires. Puis, McChrystal lui-même, a pris la parole publiquement pour déclarer que la guerre était perdue si sa demande n’était pas satisfaite.
Comme partout, l’armée américaine est pourtant censée jouer la « Grande Muette »… Le dernier haut gradé à avoir violé le principe inscrit dans la Constitution du contrôle civil sur l’armée et à avoir porté sur la place publique son désaccord avec la Maison-Blanche était le général Douglas MacArthur. C’était il y a un demi-siècle, pendant la guerre de Corée. MacArthur voulait que les Etats-Unis entrent en guerre contre la Chine communiste. Le président Truman l’avait limogé.
Mais Obama-le-timoré n’a pas le cran d’en faire de même avec McChrystal. Les médias rapportent qu’il cherche actuellement une solution « intermédiaire ». Mais envoyer ne serait-ce que 10 000 ou 20 000 soldats de plus n’a pas de sens pour un conflit qui a perdu sa raison d’être. La guerre en Afghanistan a été lancée en 2001, après les attentats du 11 septembre, pour déloger Al Qaida. C’était une mauvaise idée qui revenait à peu près à frapper un nid de guêpes avec une batte de base-ball. Et les hommes de la nébuleuse terroriste se sont vite dispersés ailleurs. Récemment, le conseiller d’Obama à la sécurité nationale, le général James Jones, déclarait qu’Al Qaida comptait « moins de cent membres dans le pays », n’avait « pas de bases et pas la capacité de lancer une attaque contre nous ou nos alliés ».
Dans la guerre civile qui oppose les Taliban au gouvernement corrompu du voleur d’élections Hamid Karzaï, des deux côtés, le carburant est l’héroïne dont le trafic représente 80% de l’économie afghane. Mais l’armée américaine ne peut pas éradiquer la culture du pavot. Pas plus qu’un envahisseur étranger ne pourrait forcer les Français à abandonner la viticulture. Dans ce contexte, pourquoi faudrait-il continuer à prendre partie dans une guerre civile entre narcotrafiquants ? Puisque Obama est un politicien opportuniste, prions cette fois qu’il écoute les sondages et mette fin à une guerre où une « victoire » américaine est illusoire. Doug Ireland