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John and Sarah, un désagréable fumet

Krach et plus si affinités / dimanche 28 septembre 2008 par Akram Belkaïd
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Les faillites bancaires à répétition aux Etats-Unis vont peut-être plonger la planète dans la plus grave crise financière depuis 1929, mais elles ont au moins le mérite de recadrer la campagne électorale américaine. Il était temps que la réalité s’impose au camp républicain qui n’a pas son pareil pour fabriquer des fables et mettre en place d’odieuses campagnes de dénigrement.

A quoi avons-nous assisté depuis la fin août lorsque John McCain a désigné Sarah Palin comme colistière pour le scrutin de novembre prochain ? « A un blizzard de mensonges » a écrit Paul Krugman dans le New York Times. Bien sûr, on imagine mal le célèbre éditorialiste prendre position pour la droite mais l’article qu’il a consacré aux dérapages du candidat républicain mérite d’être souligné [1].

Que penser, en effet, de la rectitude du candidat McCain quand on sait que l’un de ses spots électoraux a accusé Obama de vouloir imposer des cours d’éducation sexuelle dans les maternelles ? Renseignement pris, le sénateur démocrate avait soutenu un texte qui entendait aider les enfants à repérer les prédateurs sexuels. La différence est de taille mais cela n’a pas empêché le spot d’être diffusé en boucle.

McCain plonge dans le "dirty politics"

Le plus étonnant dans l’affaire, c’est que McCain a été victime de procédés identiques lors des primaires républicaines de 2000. A l’époque, l’entourage de George W. Bush avait concocté un pseudo-sondage à destination des électeurs blancs du Sud en leur posant la question suivante : que penserez-vous si vous appreniez que John McCain a un enfant noir ? Ce dernier et son épouse ayant adopté un enfant asiatique, le camp Bush comptait instiller la confusion et le doute dans l’esprit de ces électeurs en leur laissant supposer qu’il s’agissait d’un enfant adultérin. « Dirty politics  » s’était écrié le sénateur de l’Arizona en jurant qu’il ne s’y abaisserait jamais. Vaine promesse qui est en train d’être démentie par les faits.

Tout le monde se souvient de Karl Rove, l’ancien secrétaire général adjoint de la Maison-Blanche et principal conseiller de George W. Bush jusqu’en 2006. On n’a pas oublié la manière dont il orchestra, avec succès, les attaques calomnieuses à l’encontre de John Kerry, le candidat démocrate pour l’élection de 2004. Et bien, même lui, estime que McCain « est allé trop loin » dans le dénigrement d’Obama. Il y a d’ailleurs des similitudes entre ce qui se passe aujourd’hui et la campagne présidentielle précédente. C’est en septembre 2004 que Rove a lâché les pitbulls contre Kerry et c’est en septembre 2008 que Steve Schmidt, le stratège électoral de McCain, mobilise ses troupes réunies dans la « war room » à coup de « boo-ya », le cri de guerre des rangers de l’armée américaine. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.

Même s’il a réussi à entraîner Obama dans un sordide affrontement à coups de spots électoraux télévisés au raz des pâquerettes (le site factcheck.org a relevé deux fois plus de mensonges dans l’argumentaire républicain), McCain a finalement raté son coup. En prenant à la légère l’inquiétude pour ne pas dire l’angoisse des Américains à propos de l’économie-« the economy is not good » est une phrase que l’on entend beaucoup en ce moment-il est apparu sous un visage bien moins sympathique que l’image de « maverick » qu’il s’est composée, c’est-à-dire une tête brûlée rétive aux combines washingtoniennes. Voilà un homme qui veut être président d’un pays qui possède la première économie du monde et qui avoue lui-même ne comprendre goutte aux questions d’inflation, de croissance ou de politique monétaire avant de rajouter que l’essentiel pour lui est de ne pas augmenter les impôts. Impressionnant programme…

Il faut espérer que la crise financière va permettre à Obama de replacer le débat au niveau des idées car c’est là où réside sa force. Présent à Washington depuis 1982, son rival républicain aura du mal à se présenter comme l’homme du changement, lui qui compte plusieurs lobbyistes de haut vol dans son équipe. Les Américains, mais aussi le reste de la planète, attendent de savoir quelles sont les propositions des deux hommes par rapport à la régulation de la mondialisation, notamment financière.

Palin a vu les côtes russes

Il serait dommage qu’Obama soit battu sans avoir pu exposer son programme. Parlons maintenant de Sarah Palin et n’hésitons pas, même si elle est une femme, à en dire du mal. Voilà une réactionnaire patentée qui n’a pratiquement jamais quitté les Etats-Unis, qui n’a jamais rencontré le moindre dirigeant étranger, qui n’est même pas capable d’expliquer ce qu’est la doctrine Bush (un comble pour une républicaine !), qui revendique pour seule expérience de politique étrangère le fait qu’elle a pu voir les côtes russes à partir de l’Alaska et qui affirme sans sourciller, et sans même concéder le moindre doute, être prête à devenir le deuxième personnage de l’Etat américain ! Il faut rendre hommage à la presse d’outre-Atlantique qui n’a pas attendu plusieurs mois pour nous dresser un tableau édifiant de la personnalité de la potentiellement future vice-présidente. Sectaire, brutale, frisant le népotisme, les articles ont rapidement effacé la guimauve à laquelle nous avons eu droit après la convention républicaine (elle est maman, elle a cinq enfants, cela ne l’a pas empêché de mener sa carrière, etc., etc.).

En regardant sur internet les morceaux choisis de l’entretien accordé par Palin à ABC, on réalise à quel point la gouverneur de l’Alaska n’a guère l’étoffe pour le poste. Aucune comparaison par exemple avec le très décrié, mais ô combien efficace et compétent Dick Cheney. Et quand on l’interroge sur la manière de relancer l’économie, elle répond qu’elle veut «  une baisse des impôts et une réduction du train de vie de l’Etat ». Rien de nouveau à l’ouest : c’est ce que disait Bush en 2000… Ne soyez pas incrédule, ne vous pincez pas le bras : c’est bien cette femme qui risque de diriger un jour la première puissance mondiale…

[1] A Blizzard of lies on the right, 14 septembre 2008

Voir en ligne : In Le Quotidien d’Oran

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