A l’insu de son plein gré, Jan Ullrich s’est retrouvé, il y a quelques années, avec une histoire de dopage sur le dos. Carnet de chèques à la main, le coureur cycliste s’est arrangé, le 14 avril, avec la justice de son pays pour se débarrasser de la gênante accusation. La vérité s’achète avec 5 zéros…
Le parquet de Bonn a annoncé le 14 avril que l’ancien cycliste Jan Ullrich s’était acquitté d’une somme « à six chiffres » pour l’abandon de la procédure pour escroquerie (catégorie dont fait partie le dopage dans le droit allemand) dont il faisait l’objet depuis une plainte en juillet 2006 par une professeure de droit de Bielefeld, Britta Bannenberg.
L’ancienne vedette du cyclisme allemand, Jan Ullrich, 34 ans, accusé d’avoir eu recours au dopage sanguin, a trouvé un accord avec la justice allemande afin qu’elle abandonne ses poursuites en échange d’aveux et du paiement d’une amende. Ullrich avait obtenu de la justice suisse que des informations recueillies lors de la perquisition en septembre 2006 de sa résidence principale située en Suisse, notamment des relevés bancaires, ne soient pas transmises à la justice allemande.
Or, ces informations étant maintenant parvenues au parquet de Bonn, l’accord a pu être signé. Ullrich, qui a mis un terme à sa carrière professionnelle début 2007, faisait l’objet d’une plainte pour escroquerie en Allemagne où le délit de dopage n’existe pas. Le vainqueur du Tour de France 1997 a toujours nié avoir eu recours au dopage en dépit des évidences : en avril 2007, la justice allemande avait indiqué que des poches de sang retrouvées dans le cadre de l’affaire Puerto avaient été attribuées à Ullrich après analyses ADN. Le scénario d’un accord à l’amiable avait déjà été évoqué en mars par l’hebdomadaire allemand Focus, selon lequel les poursuites contre Ullrich seraient abandonnées en échange d’aveux et du paiement d’une amende d’un million d’euros.
Aujourd’hui, un tel accord à l’amiable avec la justice est prévu par l’article 153a du code pénal allemand. Dorénavant, Ullrich ne peut plus être considéré coupable d’escroquerie ou de dopage. L’article 153a a notamment été utilisé en 2001 pour clore la procédure contre l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl dans l’affaire des caisses noires de son parti politique, la CDU.
Jan Ullrich est un homme soulagé. Contre le paiement d’une amende comprise entre 100 000 et 1 000 000 euros, le vainqueur du Tour de France 1997 a vu la procédure judiciaire pour escroquerie dont il faisait l’objet être annulée par le parquet de Bonn : « J’ai longtemps hésité avant d’accepter l’offre du parquet car je n’avais rien à craindre d’une procédure en justice. Le paiement de cette amende n’est pas une reconnaissance de ma culpabilité. Cela permet de libérer ma famille de la pression liée à cette procédure », a déclaré sur son site internet l’Allemand, qui nie toujours s’être dopé au cours de sa carrière, en dépit des évidences !
Dans cette affaire, grâce à l’arrangement entre l’argent d’une « star » du sport et à la mansuétude de la « justice » allemande, la vérité se trouve une nouvelle fois cocue. Le cycliste paie l’amende, nie les faits. Et le tour est joué !