Jack Lang, l’idole des jeunes et de la culture, a rendu visite fin mars à son « ami » le président ivoirien Laurent Gbagbo, qu’il a décrit comme un grand « humaniste ». Et a confié son « bonheur » de danser avec lui dans les boîtes d’Abidjan… Au moment où des manifestations contre la vie chère se déroulent dans la capitale ivoirienne, qui ont fait un mort
Le journal télévisé de la chaîne de télévision ivoirienne RTI recèle parfois de vraies perles. Ainsi, dans l’édition du 29 mars dernier, on pouvait y admirer l’inénarrable Jack Lang, ancien ministre socialiste, député du Pas-de-Calais et membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, en train de se trémousser, dans la soirée du vendredi 28 mars, avec le président ivoirien, Laurent Gbagbo, ainsi que sa fille, dans une discothèque située rue Princesse de Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan. Et pas n’importe laquelle : la Queen’s dicothèque, qui appartient au footballeur Didier Drogba, joueur de Chelsea et fierté nationale.
Voir le reportage ci-dessous
Selon l’agence de presse gabonaise Gabonews, l’ami Lang s’est rendu trois jours en Côte d’Ivoire le week-end dernier, avec le député socialiste de Paris, Jean-Marie Le Guen, vice-président de l’Assemblée nationale et adjoint au maire de Paris. Leur mission, selon Gabonews : « exhorter les Français à pratiquer de nouveau la destination Côte d’Ivoire » (à ce sujet voir cet article de Bakchich sur les glorieuses relations entre la France et la Côte d’Ivoire).
Dans une interview au journal officiel ivoirien Fraternité Matin (édition du 29 mars), Jack Lang a affirmé sa flamme à son « ami » Gbagbo, expliquant que sa mission, avec Jean-Marie Le Guen, visait à « rétablir le pont entre les socialistes français, le Président Laurent Gbagbo et la Côte d’Ivoire. C’est le sens de notre mission. On le fera avec conviction et doigté car le Président Gbagbo est un vrai homme de gauche qui a le sens de la solidarité. » Il en a aussi ajouté quelques couches dans le cirage de pompes : « Avec le Président Gbagbo, je me sens en harmonie, en connivence, en synchronie, en résonance. J’aime les gens comme lui qui sont à la fois patriotes et qui ont le sens de l’Etat. »
Le journal Fraternité Matin a aussi fait un compte-rendu enthousiaste de la virée nocturne de Lang et de Gbagbo dans la discothèque, où le DJ a dédié la musique à ses illustres hôtes, le « père de la fête de la musique (J. Lang) et le père de la nation ». Et le journal de décrire la scène : « Comme pénétré par cette musique chrétienne, Lang, accompagné d’une cavalière, se trémousse sur la piste de danse. Quand l’y rejoint le Woody, c’est pour danser au son de Vis-à-vis de Meiway. La piste devient petite, de même que la boîte, cette nuit… Trois ou quatre minutes de défoulement. Et le DJ de commenter, dans son style : “Un Président qui prend un bain de foule au milieu de son peuple, qui l’aime ; ce peuple qui l’a toujours soutenu”. »
Et, lors de cette chaude soirée en boîte avec Laurent Gbagbo, Jack Lang n’a pas lésiné sur les arguments chocs. Il a ainsi déclaré, en sueur, au reporter de la chaîne RTI, dépêché rue Princesse :
« Je suis très heureux de me retrouver en compagnie du président (Gbagbo) qui, on l’a vu ce soir encore, bénéficie d’une grande popularité à Abidjan et notamment dans les quartiers populaires. Ca me rappelle l’époque où je venais ici comme jeune professeur dans les boîtes de nuit, dans les bistrots, dans les cafés. Abidjan plus que jamais est une ville vivante et certainement l’une des villes les plus vivantes d’Afrique entière. »
Abidjan est effectivement une ville tellement vivante et où le président Gbagbo y est si populaire que, depuis quelques jours, les manifestations contre la cherté de la vie et l’augmentation du prix des denrées de première nécessité se multiplient. L’irréparable est même arrivé le 1er avril puisque selon l’Agence France Presse (AFP), un manifestant a été tué par balles.
Merci Bakchich de vous intéresser à l’Afrique.
Traiter Mr Gbagbo de « dictateur » … « laissant crever son peuple de faim » est pour le moins réducteur.
Tout connaisseur de la politique africaine contemporaine vous dira que certes ce monsieur a joué le jeu de l’ivoirité (exclusion des ressortissants du Nord de la côte d’Ivoire) par opportunisme politique, mais il a le mérite de s’être opposé aux concepts néocoloniaux « Français » et cela a failli lui coûter plusieurs fois sa place.
Dire qu’il laisse son peuple mourir de faim, est erroné car ce pays était dans un piteux état au moment où Mr Gbagbo a pris les rênes ; et comme vous le savez, l’amélioration des indicateurs sociaux de tout pays passe par des politiques socio-économiques dont Mr Gbagbo ne peut pas tenu pour seul responsable (gouvernement d’union nationale très hétérogène, guerre civile,..) . Donnez-vous au moins la peine d’analyser les stratégies mises en place pour lutter contre la misère !
Que Mr Gbagbo décide de profiter de la visite d’illustres personnalités pour redorer l’image de son pays, et surtout de faire un appel de pied aux entrepreneurs français, je trouve cela légitime et en phase avec la mission d’un chef de l’état (Mr Sarkozy nous a fourni de la matière en terme de Com présidentielle improvisée et décalée). Ce qui me choque plus c’est la forme, pourquoi des boîtes de nuit ?, et les démonstrations de dance ? (cliché réducteur et dévalorisant pour un chef de l’état). Pour ce qui est des hommes d’affaires français, c’est trop facile de les rappeler à la rescousse d’une économie balbutiante alors que certains avaient été pris en otage et mis hors du territoire avec maladresse, injustice. Cela démontre qu’il y a de l’immaturité et des manquements dans l’entourage de Mr Gbagbo.
Enfin, s’agissant du Mr Hélène, c’est un dossier qui n’intéresse pas les ivoiriens, pas parce qu’ils manquent d’estime et de respect pour le journalisme d’investigation, mais ce monsieur mettait en avant, en période de guerre, des scandales que l’entourage de Gbagbo n’a pas su gérer car limité par leur amateurisme ainsi que leur jusqu’au-boutisme (des cas comparables ont eu lieu avant la libération dans le camp des vainqueurs).
En temps qu’africain, je pense qu’avec ce monsieur certes le chemin est loin pour atteindre la véritable démocratie, mais de grâce ne le comparez pas aux Eyadema, Bongo ou Biya.
Le prochain défi de sieur Gbagbo sera de céder le pouvoir dans l’accalmie.
eh oui, c’est bien connu la misère est moins triste au soleil et ces braves gens , mon bon monsieur, ils ont le sens de la fête…"ils ne se plaignent pas" …et lorsqu’ils manifestent contre le cout de la vie , les forces de l’ordre tirent à balles réelles…et les slogans " Pendant que tu danses avec les blancs nous on a faim" prouvent à l’évidence que les femmes d’abidjan n’ont pas été choquées !!
Louise