De la banlieue orléanaise aux centres de torture américains en Afghanistan, « Salt Pit » dévoile le parcours imagé d’un jeune français devenu jihadiste . Un roman graphique inquiétant.
A mi-chemin entre la fiction et l’enquête, « Salt Pit » retrace l’histoire de Franck ou plutôt Ali, jeune français converti à l’islam, devenu extrémiste sous l’influence d’allumés du Croissant. Il y a quelques années, Sasha, la scénariste, journaliste dans le civil, tombe sur une dépêche AFP relatant les vols affrétés par la CIA qui transporte ses prisonniers de la « guerre contre le terrorisme » vers les centres secrets d’Afghanistan ou d’Irak.
Correspondante à Nice pour France 2, elle mène l’enquête sur ces tortures orchestrées loin des terres occidentales et auprès de jeunes convertis français. « Le personnage de Franck est totalement inventé mais il est fortement inspiré des récits que m’ont faits ces gamins. Du jour au lendemain, ils refusent de manger du jambon, s’enferment dans la salle de bain pour prier. J’ai choisi de rapporter ces épisodes dans « Salt Pit » », raconte la scénariste. Au fil des témoignages, les mêmes schémas reviennent : l’absence de la figure paternelle, un environnement parfois violent de la vie dans les cités, une personnalité fragile… De pair avec François Vataux, dessinateur, la réalisation de « Salt Pit » a demandé pas moins de trois ans de travail, documents à l’appui, comme certaines photos de tortures perpétrées à la prison d’Abou Grahib en Irak, dévoilées en 2004.
D’Orléans à sa geôle afghane, le chemin de Franck inquiète. L’étau psychologique se resserre. Réussira-t-il à échapper à ces murs de la haine dans lesquels l’ont enfermés extrémistes puis tortionnaires américains ?