Ça swingue à Abidjan. Le président ivoirien fait tomber des têtes au sein des médias d’Etat et sauve celles de ses affidés du port. Mais cela n’a bien entendu aucun rapport…
Les effluves du port d’Abidjan ont resurgi en début de semaine dans la capitale ivoirienne. Et par la grâce d’un décret présidentiel, portant « dissolution du conseil d’administration du Port autonome d’Abidjan ». Sous ce charmant titre est déroulé tout simplement, la réintégration dès le 16 décembre 2006 de toutes les personnalités impliquées dans le scandale des déchets toxiques. Dont l’ineffable Marcel Gossio, directeur du PAA. « A la fin de sa suspension, M. Gossio Marcel reprend ses fonctions le 16 décembre 2006. » Très, très proche de Laurent Gbagbo, bras financier de son parti le front patriotique ivoirien (FPI), grand défenseur des jeunes patriotes, créateur présumé des escadrons de la mort, l’ami Marcel a des références à faire valoir. Trop, pour que Gbagbo ne le réintègre pas dans ses fonctions, même si Gossio a signé en personne l’autorisation d’entrée du Probo-Koala et connaissait son contenu. « Il y a trop de cadavre entre Gossio et Gbagbo pour qu’ils se séparent », relate, lyrique, un diplomate de la place.
Seul petit souci pour Laurent Gbagbo, son Premier ministre, le bien docile Charles Konan Banny (CKB), fait montre de quelques velléités. Sitôt le décret annoncé, Banny s’est fendu de petites déclarations le 27 novembre. Et de dénoncer pêle-mêle la « chape de plomb qui a recouvert le pays hier (dimanche) soir », des décrets qui constituent « obstacle majeur dans la lutte contre l’impunité » et qui « sur le fond, (…) sont contraires aux principes de bonne gouvernance, c’est-à-dire, transparence, justice et équité ».
Relayé par la Radio télévision ivoirienne, les saillies de CKB ont fait leur petit effet. Le 28 novembre, un nouveau décret est signé de la main du Président. Le conseil d’administration de la RTI est dissous, son directeur général Kébé Yacouba viré. Son remplaçant n’est autre que Pierre Brou Amessan, l’homme qui a présenté les journaux télévisés lorsque les jeunes patriotes en ont pris le contrôle en janvier 2006. Histoire qu’il ne soit pas dérangé dans son travail, un peloton de gendarmerie garde désormais les locaux de la chaîne. En Côte d’Ivoire, l’info est un trésor qu’il convient de bien garder.