Il n’y a pas qu’en politique que les journalistes font du copinage. En football aussi. Petit exemple illustré des gratte-papiers « embedded » par le rectangle vert.
C’était le bon temps. Au lendemain de la finale perdue, le 9 juillet 2006, par l’équipe de France de football face à l’Italie lors du Mondial 2006, la presse était unanime pour rendre hommage aux Bleus. Tous les quotidiens pleuraient sur « Le rêve brisé » et saluaient « un parcours exceptionnel ». « Merci », clamait Le Parisien. Le Figaro allait dans le même sens « Merci quand même aux Bleus ». Pour L’Equipe, c’était « Regrets éternels ». Le quotidien sportif osait même : « Les Bleus n’ont pas vraiment perdu ». Bien sûr, certains regrettaient le coup de boule de Zidane à Materazzi. Mais timidement. Car les grands sponsors veillaient. Pas question de toucher à une icône même si cette icône a reçu 14 cartons rouges dans sa carrière. Un record parmi les légendes du football international.
Deux ans plus tard, changement de décor. C’est feu à volonté sur Raymond Domenech. Tout le monde découvre le côté épicier de ce sélectionneur qui n’aime pas le jeu d’attaque – il faut dire qu’il appartient à la Direction technique nationale, qui est peuplée d’apparatchiks qui ne jurent que par la défense – ni les fortes têtes. Robert Pires, au mieux de sa forme, n’a pas été sélectionné en 2006 pour d’obscures raisons qui n’ont rien à voir avec le foot. Et David Trézéguet, qui a réalisé une bonne saison à la Juventus, a été laissé de côté pour l’Euro.
« La méthode Domenech mise en cause », explique Le Figaro. Or, cette méthode est la même depuis que l’ancien défenseur a pris les rênes de la sélection il y a quatre ans. Son style se résume à une formule : on défend, on défend, on défend. Manifestement, personne ne lui a jamais dit que le football consistait à marquer des buts à l’adversaire. Après la déculottée contre l’Italie, notre ami sélectionneur affirmait : « Cette équipe de France a de l’avenir ». C’est un grand comique. C’est sans doute la raison pour laquelle les médias n’ont pas osé le critiquer ces quatre dernières années. Il faut dire que dès qu’un sportif aligne trois phrases de suite, les journalistes ont tendance à lui décerner un brevet de théoricien.
Aujourd’hui, la presse réclame donc la tête de Domenech. Un nouveau sélectionneur est en vue : Didier Deschamps. On ne voit pas qui d’autre que l’ancien milieu défensif des Bleus pourrait nous donner une équipe portée sur l’attaque.
Comment expliquer l’attitude de la presse ? Comme pour la politique, les journalistes qui suivent les Bleus sont « embarqués », « embedded », comme diraient les militaires américains. Pendant les compétitions, ils vivent avec les joueurs, les côtoyant d’abord au centre sportif de Clairefontaine, dans les Yvelines, puis ils ont droit à des rencontres durant les compétitions. Le service de presse de la Fédération les « coache » de manière très serrée et organise des interviews. Ces interviews ont toujours lieu devant un panneau où figurent les noms de tous les sponsors. Il faut dire que ceux-ci paient beaucoup : entre 2,5 et 3 millions d’euros par an pour être sponsor officiel de l’équipe de France. Même les reporters qui n’ont pas la notoriété d’un Thierry Roland ou d’un Jean-Michel Larqué obtiennent ensuite le numéro de téléphone mobile des dirigeants de la FFF et des joueurs. Cette proximité permet de tout se dire. Quant à tout écrire, c’est une autre histoire. C’est la raison pour laquelle l’offensive lancée depuis dix jours contre Domenech ressemble à s’y méprendre à une opération de quelques hiérarques du football français.
Ce sont les incertitudes du foot. En 2006 je ne comprends pas les choix de Domenech (joueurs selectionnés + compo d’équipe) et pourtant il parvient à transformer cette équipe notamment par la complémentarité du duo vierra, makelele et les bleus sont en final. En 2008 je suis plutot d’accord avec la liste des joueurs selectionnés par Domenech (j’aurais rajouté Mexes et Rothen) et les joueurs jouent à leur poste mais pourtant on ne passe pas le premier tour. La raison vient du manque de chance mais sans doute aussi des remplacements effectués en dépit du bon sens. Domenech se cache derrière la jeunesse de cette équipe en devenir. Pourtant la france n’a me semble t-il jamais possédé une équipe aussi forte (malouda est le seul gros point faible) depuis l’Euro 2000.
La non selection de Trezeguet est justifiée car ce joueur n’accepte pas d’être remplacant en équipe de france et pour être titulaire, il doit surpasser un Henry, Anelka et Benzema ce qui n’est pas une évidence même s’il reste un très grand attaquant. Titulariser Pires revient à exclure Ribery ou Nasri.
Le foot ball qui n’est après tout qu’une affaire de gros sous n’est pas mort ! Regardez le tour de France : malgré tous les problèmes il continue ! Les politiques ont besoin de ce genre de manifestations et la puissance des fédérations dont le budget dépasse parfois celui des états est là pour veiller au grain !
Quant à ne pas avoir votre argent … désolé , mais tout ce beau monde est payé en grande partie grace à la publicité ! et la publicité c’est vous et moi qui la payons !