« Bakchich » s’est incrusté dans la manifestation du Front National contre le traité de Lisbonne. Micro-trottoir au raz de l’estrade.
Dimanche 10 février, notre président de la République se félicitait de la signature du traité de Lisbonne. Dans une allocution élyséenne éclair, sur fond de drapeaux tricolores, il décrivait le traité en ces termes : « une solution qui permet de dépasser les oppositions entre partisans et adversaires de la Constitution… » Dépasser les oppositions ? C’est vite dit !
Trois jours plus tôt, une poignée de manifestants lepénistes se donnait rendez-vous à deux pas de l’Assemblée Nationale, place Edouard Herriot. Eux aussi brandissaient un drapeau tricolore, mais sur un slogan bien différent « Constitution, trahison ! »
A la tribune, Jean Marie Le Pen fustigeait « la disparition de la souveraineté nationale ». Au bas de l’estrade, une cinquantaine de militants de base, et quelques bouledogues, écoutaient les paroles du chef.
« Bakchich » a voulu savoir ce qu’ils pensaient intimement du Traité et de l’éventuelle arrivée des Turcs en Europe. Des opinions tranchées, et pas toujours « très catholiques »…
L’immigration est une chance pour la france. L’islam est une religion de paix et de tolerance.
Il n’y a pas de raison que la substitution de peuple cree des problemes si les francais ne sont pas racistes.
Le procédé est simple et efficace. Il n’est en effet pas très compliqué de choisir quelques vieux, de garder leurs propos les plus idiots et de faire ricaner avec, disqualifiant au passage tout ce qui pourrait être dit de négatif sur le traité de Lisbonne ou l’entrée de la Turquie dans l’Europe.
Je trouve ça un peu facile et ça participe d’une sorte d’opinion obligatoire qui voudrait que les électeurs du FN soient tous des débiles racistes et qu’il soit impossible de discuter immigration ou civilisation. C’est dommage !
Car au-delà des inquiétudes parfois fantasmées des gens, il faut bien voir que la présence conséquente d’immigrés d’autres cultures peut poser des problèmes (sociaux, économiques, religieux, etc.). Et qu’en accueillir toujours plus n’aidera pas à résoudre les problèmes de ceux qui sont déjà là. Mais ça, les journalistes et autres nantis, qui n’habitent généralement pas dans les banlieues où s’entassent les immigrés, ont du mal à le comprendre.
D’autre part, le traité de Lisbonne propose une vision de l’Europe à laquelle, jusqu’à preuve du contraire, tout le monde n’est pas obligé d’adhérer. Il est d’ailleurs dommage que le débat soit totalement occulté. On découvrira dans plusieurs années que nous ne sommes plus décisionnaires sur un certain nombre de points (comme les marchandises que l’on fait entrer et les droits de douane qu’on y applique) et là, il y aura des désillusions.
Quant à la Turquie, oui son entrée dans l’Europe pose question. Est-ce la vocation de l’Europe d’avoir des frontières avec L’Iran, l’Irak, la Syrie, la Georgie ? Est-ce qu’il est raisonnable que dans dix ans, le pays d’Europe le plus peuplé, et donc celui qui pèse le plus, soit un pays musulman ? Autant de questions auxquelles chacun apportera ses réponses, mais qu’il est important de poser. Car l’Europe ça n’est pas seulement un gigantesque marché, c’est aussi une entité géographique et culturelle. En tous cas c’est mon avis !
L’essentiel, pour moi, est que la discussion soit ouverte. Hors se moquer de ceux qui ne pensent pas comme vous et disqualifier leur discours, c’est pour moi le contraire de l’ouverture. Finalement, n’est-ce pas aussi sot que de condamner les immigrés ?