La crise de 1929 à travers l’itinéraire d’un publicitaire déchu. un récit magistral en 168 linogravures
Pendant la crise de 29, un « col blanc », graphiste dans la publicité plein d’ambition, perd son boulot. Les factures s’accumulent, sa femme est enceinte, ils perdent leur maison… mais bientôt, l’homme retrouve un emploi. Au même moment, il découvre le syndicalisme et s’y intéresse ; dénoncé par un collègue, il est viré.
Tract publicitaire du CIO, le plus grand syndicat américain de l’époque, Col blanc, republié aujourd’hui aux éditions Zones [1], est un des tout premiers romans graphiques américains. Une succesion de 168 linogravures qui se lisent à la fois pour elles-mêmes et comme étapes d’un récit en images. La carte à gratter (un dessin gravé en négatif) crée une matière fascinante et l’incursion d’images oniriques (cf ci-contre) traduit habilement la décomposition de l’univers du « héros ». Celui de l’auteur, Giacomo Patri, immigré italien alors fraichement converti au syndicalisme, qui tente alors, peut être un peu naïvement (voir la dernière planche) d’apporter sa pierre à la grande cause de l’unité des travailleurs. S’il n’a pas tout à fait atteint cette première ambition, il décrit une réalité qui, si l’on se réfère à la crise récente de l’immobillier américain, n’a pas vraiment disparu avec le New Deal.
[1] Les éditions Zones, tout juste lancées par La Découverte proposent conjointement leurs ouvrages au format classique et en ligne, l’accès à cette dernière version étant totalement gratuit. www.editions-zones.fr