Chaque semaine, Jacques Gaillard ouvre son dico perso et taille un costard aux mots à la mode. Aujourd’hui Chelem, n. m. : sorte de claque
« I slam the door » signifie : « je claque la porte », tous les Anglais francophones vous le diront. De là vient le chelem : le perdant en sort claqué. Doit-il alors claquer la porte ? Ne rêvons pas. Dans cette élection, s’il est vraisemblable qu’on discernera nettement des vainqueurs, il n’y aura officiellement pas de vaincu. Finalement, les choses ne sont claires que dans ce grand « tronche à tronche » (comme on dit à la pétanque) des présidentielles.
Donc, on entre dans la « dernière ligne droite » vers 2012. Allégés, avec la « contre-performance » de Bayrou qui n’a pas « franchi la barre ». Pas surpris que la gauche ait « marqué des points », ni que Sarko, sans « monter au filet », feigne d’être l’ « arbitre », ni que Ségolène ait « taclé » Martine en pondant son oeuf médiatique à l’heure de son appel à la Patrie, ni qu’un commentateur, dans je ne sais plus quelle région, ait vu le FN « monter sur le podium » pour figurer « dans le tiercé gagnant ». Sur la question des réserves de voix à droite, Xavier Bertrand « bottait en touche » en évoquant les quelques régions où l’UMP « faisait la course en tête », sans évoquer le gadin de ses « poids lourds » dans toutes les autres. Ouf, mi-temps !
Eh oui, à ce stade, si j’ose dire, la politique, c’est vraiment du sport. Dans les métaphores, et peut-être, hélas, dans les stratégies. Cela valait bien la peine qu’Aristote, Machiavel, Rousseau, Marx et quelques autres crânes d’oeuf se crament les neurones à en faire un art intellectuel ! Ils ont passé la main à des judokas géants et à des joggeurs urbains ! Résultat, les urnes sont vides comme si la démocratie jouait en troisième division. Heureusement, la veille du second tour, on va rejouer, en rugby, la guerre de Cent Ans, et la télé fera salle comble : oldies but goodies…
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