NOËL

Noël, n. m. : nom du Père

Parlons de Noël, parce qu’après, ça va m’échapper. Pas un signe dans l’air, les rues, les boutiques : si on n’est pas vigilant, on risque de passer à côté.

Car le Président nous a bien fait comprendre qu’avec leurs rites bizarres à base de côtelettes d’agneau, leurs clochers à muezzins et les robes sans trous de leurs croyantes de choc, « les » religions devaient se tenir en veilleuse et la jouer discrète. Ma foi (oh , pardon, ça m’a échappé…), quand je regarde le calendrier, je vois des saints cathos de tout poil qui balisent l’année pour les seuls amateurs, et si discrets qu’on les annonce à la télé après la météo (« Demain, temps pourri, et l’on fête les Glinglin »). Mais j’ai mauvais esprit.

Sarko a raison : nous sommes une nation judéo-chrétienne, mais nous avons suffisamment le sens de la mesure pour ne pas pavoiser en rouge et blanc la moindre vitrine sous le prétexte provocateur de fêter chaque année chrétiennement la naissance d’un petit juif qui a beaucoup fait pleurer sa mère.

Chrétien, Noël ? Pourquoi pas mystique, tant qu’on y est ? Comme tout, Noël, c’est la loi du marché, et des marchés de Noël, il en pousse partout, c’est la fortune pour les marchands de chalets de jardins, d’abord, c’était Strasbourg et ses cigognes en peluche, maintenant, c’est place du Général de Gaulle un peu partout, surveillez votre jardin !

Et l’on y vend des trucs religieux : si vous cherchez une «  bouillotte magique », j’en ai vu boulevard Saint-Germain, Paris 6ème, huitième cabane après la crêperie. Soit dit en passant, c’est comme nos burqas, toujours modestes. Par exemple, ma grand-tante, bien que religieuse de l’ordre de Saint-François, n’aurait jamais eu l’idée de voiler son nez ; cela dit, je n’ai jamais vu ses oreilles. Elles devaient être moches, puisqu’elle les fourrait sous un tissu blanc coincée dans une cornette quasi-invisible de trois pans de large. Quelle discrétion !

Joyeux Solstice !

Noël, c’est du païen, la fête du solstice d’hiver, où enfin les jours de grève vont se mettre à s’allonger. Une preuve supplémentaire ? Le Père Noël était un vague lutin finlandais qui se gelait les claouis en drivant des rennes par moins 23, quand Coca-Cola popularisa son look dans ses pubs des années 1920, rouge, blanc, barbu, et une pipe au bec…

Bref, Noël, c’est de la bonne religion, celle à laquelle on ne croit pas, et qui sert à monter des teufs pour les gnards en faisant tourner le business. Que les Infidèles en prennent de la graine.