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Céline n’est jamais innocent

Livre / samedi 15 mars 2008 par Bertrand Rothé
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« Le cas Céline, coupable, mais de quoi ? » Drôle de question. C’est pourtant celle que pose Philippe Pichon. La liste est tellement longue qu’elle déborde, qu’elle dégueule, qu’elle se répand hors de la page, que l’on ne sait pas par quoi commencer. Tout le monde y trouvera son compte. Céline, antisémite assumé jusqu’à la mort. Taxé par certains de collaboration. Fuyard, il est à Sigmaringen avec Vichy. Misanthrope. Céline n’est jamais innocent. Jamais.

Chaque fois qu’il agit, Louis Ferdinand Destouches, le vrai nom de Céline, choisit le mauvais camp. Il est toujours coupable. Toujours, sans exception. Il est coupable de tout, rien ne lui échappe. L’homme a du génie. Il faudrait plus d’un livre pour recenser les actes d’accusation. Pichon s’y attelle.

Nous voilà plongé dans les tristes moments de l’histoire de France. Celle de l’occupation. L’analyse est systématique. Tout le monde y passe, personne n’y échappe. Si vous ne connaissez pas Robert Brasillach, Drieu la Rochelle, vous y découvrirez leur bibliographie. Si vous ne sous souvenez pas de l’entrisme de Jean Paul Sartre à cette époque, Pichon vous rappelle, que l’auteur de la Nausée avait invité celui du Voyage à la première des Mouches. Céline refuse. Il n’a pas encore écrit « l’agité du bocal », mais déja, le normalien, fort en thème, n’est pas la tasse de thé du marginal. Car Céline est en marge. Il n’est pas nazi, ne soutient pas Pétain. Il n’est pas grand-chose, seulement le plus violent des antisémites. Les pamphlets sont accablants. Le prix Renaudot déraille, agresse, insulte, plus fort et plus violemment que tous les autres, mais pour le reste ?

Pour le reste, Céline est un génie, un homme d’exception. Pichon a un lien généreux avec l’écrivain, presque amoureux, donc violent, agressif, brouillon, sympathique. Des adjectifs qui ne luttent pas entre eux, tout au contraire. Des analyses qui se répondent, qui se télescopent. La biographie du réprouvé de Meudon se télescope avec celle du flic. Car pour perdre sa vie, Pichon est Commandant de Police. Flic.

Il y a l’admiration de Pichon pour Céline, et la hargne du flic pour Angelo Rinaldi du Figaro Littéraire. Et là, ça devient saignant, du Céline sans la petite musique. Cela commence par une déception amoureuse, « la déception est à la mesure de l’estime qu’on aimerait continuer à lui porter ». Des références intimes : « … Lorsque Rinaldi flagelle.., la bandaison est molle », et ça se termine mal.

On lit, on s’instruit et on s’amuse.

« Le cas Céline. Coupable, mais de quoi ? » Philippe Pichon, Dualpha Editions. 26 euros.


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4 MESSAGES

Forum

  • Céline n’est jamais innocent
    le samedi 22 mars 2008 à 09:54, Pougatchev a dit :
    Raymond, mon Raymond vous avez raison… que nous reste-t-il ? Houellebeurk, comme un bébé-éprouvette de cette fin de modernité nauséabonde, ou les flûtes de paon d’un Sollers… on omettra gentiment les commerciaux et les communicants, les pseudo-sophes aux vestes tournantes, et les derniers rogatons naturalistes… Bien triste tableau. Céline en aurait ri, lui qui avait déjà senti le vent pourrir. Que nous reste-t-il ? La solution n’est sûrement pas du côté de la France.
  • Céline n’est jamais innocent
    le samedi 15 mars 2008 à 22:07, Raymond a dit :
    Je veux ajouter quelques mots à mon précédent message. La disparition de génies comme Céline, Sartre, Aragon ou Raymond Queneau au XXème siècle n’ont pas laissé de successeurs. D’où, très certainement le déclin de la littérature française. Aujourd’hui, la France n’est pratiquement plus représenté à l’étranger que par le glauque Houellebecq insipide et sans intérêt. J’allais oublier l’inénarrable Bruckner, romancier et essayiste au succès médiatique plus modeste que Lautréamont n’aurait pas manqué de qualifier de "notable quantité d’importance nulle."
    • Céline n’est jamais innocent
      le lundi 17 mars 2008 à 20:09
      proposition à Raymond : si plus rien ne vous convient, alors cherchez vite Philippe Pichon … vous serez émerveillé par le poète, surpris par le flic, étonné par le romancier, intéressé par l’essayiste quant au personnage, si vous avez l’heur de l’approcher … restez !
  • Céline n’est jamais innocent
    le samedi 15 mars 2008 à 19:28
    Aujourd’hui encore, Céline traîne une odeur de souffre. Son antisémitisme virulent et sans concession avant et pendant l’occupation a entâché le personnage et son oeuvre du péché que les chrétiens punissent des flammes de la damnation. Il est vrai que son pamphlet odieux "bagatelle pour un massacre" s’inscrit dans cette nauséabonde littérature antisémite qui du protocole des sages de Sion à "La France juive" de Drumont ont marqué durablement l’histoire de notre pays. Pourtant "Le voyage au bout de la nuit" reste le plus gand roman français du xxème siècle. Le style tout d’abord unique et jamais repris par personne a introduit la subversion en littérature en cassant la langue académique et en introduisant avec une grande subtilité le langage parlé. Il en ressort une musicalité dans le texte à nulle autre pareille. Sur le fond, il n’est pas inintéressant de noter que jamais aucun écrivain n’a décrit la guerre et son cortège d’horreurs et de souffrances avec un tel réalisme : "Vous êtes halluciné Bardamu, non c’est la réalité qui est hallucinée." Un officier matamore à cheval refuse sous la mitraille de se mettre à l’abri, il est décapité par un éclat d’obus : "…et son sang gargouillait comme de la confiture dans une marmite." Mais aussi le colonialisme et les petits blancs médiocres inadaptés à leur environnement et décimés par les maladies tropicales. Puis, son expérience aux Etats Unis à New York "cette ville debout" et à détroit dans les usines Ford ou la rationalisation du travail apparaît comme une entreprise de déshumanisation. Enfin, rentré en France, Bardamu, médecin des pauvres, ce qu’était Céline, exerce son activité dans un monde qu’il n’aime pas où les pauvres ne se montrent guère meilleurs que les riches, "La vacherie humaine" et "la folie homicide de l’homme" ont toujours le dernier mot. La misanthropie de Céline est sans appel. Point d’espérance religieuse ou de Grand Soir mais le néant souhaité comme une délivrance et peut être comme une justice. Céline n’est jamais innocent mais les hommes sont tous coupables.
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