Danielle Giazzi chargée par le président de la République de « réfléchir » à la réforme des « médias face au numérique », répond tellement bêtement aux questions de « Paris Match », que le journal du « frère » de Sarkozy a coupé une partie de sa réponse à une question.
C’est dommage. La bêtise c’est comme des yeux de vairon chez une fille, ça peut être très séduisant. La question posée, avec l’agressivité de l’acide sulfurique par la corrosive journaliste, est la suivante :
« Mais, paradoxalement, vous préconisez la fin des droits d’auteur. »
Je reviendrai sur le « paradoxe », mais voici la réponse, publiée, de la blonde :
« Non pas du tout mais, une fois qu’un journaliste a écrit un article et qu’il a été payé pour cela, il ne peut pas en rester propriétaire à vie. Il faut que les entreprises puissent utiliser l’œuvre en fonction de l’évolution des réseaux : en libérant les droits ou en paiements proportionnels. Le journaliste qui donne sa science et sa compétence reçoit un salaire pour cela. Il n’a pas à se préoccuper, tant que son article n’est pas modifié, du nombre de fois où il est diffusé. »
Au départ, le texte était beaucoup plus drôle. Danièlle Giazzi, secrétaire nationale de l’UMP, se lançait dans une comparaison boulangère : si vous achetez une baguette de pain et que vous en faites cadeau à votre concierge, vous n’êtes pas obligé de payer une nouvelle fois au boulanger. Comprenne qui pourra ! Mais ça mérite l’analyse. D’abord la dame patronnesse qui donne du pain. Elle rappelle la statue située à Sèvres-Babylone : « Madame Boucicaut donnant du pain aux enfants ».
Quand vous passez là, je vous recommande un stop sur cette merveille paternaliste du capitalisme au XIXe siècle. Ensuite l’affaire du don qui entrainerait un nouveau paiement est tout juste grotesque. C’est vous dire à quel niveau navigue l’amie de Sarko chargée du numérique. C’est une sous marinière, cette dame.
Pour le « paradoxe » relevé par la délicieuse et cruelle journaliste de « Match », il s’agit d’une allusion à une réponse précédente faite par la rapporteuse : elle veut protéger les journalistes tout en entrant dans une logique industrielle. Cette logique voudrait donc que tous hommes de presse, qui travaillent à la fois pour un titre et pour son site web, soient également payés en droits d’auteur pour leur collaboration à Internet. Et arrive donc la saillie de Danielle la boulange.
Cet entretien, bien mis en avant par Paris Match, et qui prend une belle place sur le site du magazine du « frère » de Sarko , arrange magnifiquement les projets du groupe Lagardère et c’est d’ailleurs, affirme un hebdo paru mercredi dernier, le patron du groupe lui-même qui a « proposé » ce sujet capital à Match. Si personne ne freine Bolloré, Dassault, Bouygues et encore ce même Lagardère, ces grands démocrates amis de la vérité, prêts à affliger les puissants et réconforter les faibles, vont pouvoir truster tous les titres, toutes les télés. Alors qu’en l’état actuel de la loi c’est impossible. Heureusement, il y a un recours : le président de la République, garant des libertés. Et ça tombe bien : Nicolas Sarkozy n’a aucun lien d’amitié et pas la moindre sympathie pour ces industriels très amateurs d’occupation de temps de cerveau.
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