Le temps d’une réunion tupperware dans le 7ème arrondissement de Paris, sans boire ni manger, Rachida Dati fait campagne chez les gens, les vrais. La langue de bois mouline sur le canapé. « Bakchich » rapporte quelques perles de ce festival de banalités
Le 19 février Rachida Dati recevait des habitants du 7ème arrondissement au quatrième étage d’un immeuble du square de Robiac, une impasse donnant rue de Grenelle. En fait, les électeurs potentiels étaient officiellement conviés à un « apéritif politique ». Drôle d’apéritif : comme à la drôle de guerre, il n’y a ni à boire ni à manger. La ministre est en tenue décontractée, elle ne fait pas peuple, à peine people, on est dans le 7ème. Un gilet cache la marque de son polo. L’assistance devine du Dior. Elle est installée, un peu gauche, dans un canapé en compagnie de Michel Dumont, le maire du 7ème, numéro 2 sur sa liste. C’est la première fois que la droite fait campagne ici jusqu’à maintenant, elle l’emportait sans se montrer au marché et encore moins dans les cages d’escaliers. Désormais, c’est avenue de Saxe le samedi matin et rue Cler le dimanche matin, jours de marché. Le pouvoir est au bout du pavé.
Une cinquantaine de personnes assises en rang d’oignons écoute, peu religieusement, le laïus de la néophyte. « C’est ça », « C’est ça » pérore un spectateur lorsque Rachida Dati s’escrime à démontrer qu’elle aime le 7ème et qu’elle n’est pas parachutée. La rumeur enflait ces derniers jours d’une candidature UMP dissidente. En fait, de fins stratèges sarkozystes avaient imaginé récupérer des brebis rechignant à voter pour une candidate « d’outre-Méditerranée », comme ils disent. Pour le moment, l’initiative est en sommeil.
Viennent les questions, les ventres gargouillent, il est 20h30. « Qui sera maire en cas de victoire, vous ou Michel Dumont ? » Et encore : « Serez-vous maire à plein temps ? » Rachida excelle dans la langue de bois. Elle n’ignore pas que sur les marchés Dumont précise aux chalands qu’il sera bien le maire après le second tour. Prudente, la garde des sceaux renvoie plusieurs fois la question en évitant de répondre. Harcelée, elle finit par affirmer que c’est une question qui se règlera en son temps. Personne ne se satisfait de la réponse. « Vous n’allez pas nous faire croire que vous et votre équipe n’avez rien décidé… » D’autant qu’on sussure que Dati souhaite aussi devenir députée et que le passage par la mairie en tant que maire peut l’y aider.
Visiblement peu au faite des prérogatives du maire d’arrondissement de Paris, elle fait valoir qu’au gouvernement, elle peut aider les habitants du 7ème à réaliser leurs aspirations. Une journaliste de Libération qui s’est mêlée au public note scrupuleusement. « C’est une beurette, elle n’a rien à craindre de ce journal de gauche », assène un électeur peu convaincu par la prestation de la prétendante. Vers 21h30, les spectateurs redescendent sans faire de bruit. La politique, ça donne soif.
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