Dans un des premiers musées de France, un des plus importants centres d’art contemporain du monde, il est déconseillé d’aller aux toilettes, car il n’y a pas assez de chiottes et elles sont mal entretenues.
Les plaintes du « cahier des lecteurs » sur les toilettes de la bibliothèque de Beaubourg ne sont pas nuancées « Les wc sont une porcherie » (8/3/08), « Ça pue » (3/1/08), « C’est épouvantable, on ne peut plus respirer là-dedans » (17/12/07). Le problème est récurrent dans tout le centre Georges Pompidou. Avec 5 millions de visiteurs par an, soit 17 000 par jour, le centre a toujours manqué de toilettes.
Depuis 1997 pratiquement tout a été refait à Beaubourg ou presque. L’architecture intérieure a été entièrement revue, il ne reste plus grand-chose du bâtiment d’origine de Renzo Piano et Richard Rogers. Beaucoup de choses se sont améliorées… sauf les « gogues ».
Par exemple, il y a deux ans, les deux salles du sixième étage ont été refaites, ce sont des salles très importantes « où sont organisées de grandes monographies d’artistes ou des expositions thématiques pluridisciplinaires », dixit le très honorable site Internet du Centre. Elles peuvent accueillir 600 et 300 visiteurs, et pour satisfaire toute cette population, il n’y a que quatre toilettes, deux pour les hommes, autant pour les femmes, et une queue permanente. Visiteurs pressés passez votre chemin… Et rien n’oblige les ERP (Etablissements Réservés au Public) de se doter de sanitaire. Aucun règlement n’existe sur cette hygiénique question.
Beaubourg a décidé de ne pas installer de toilettes sur tous les plateaux. Le deuxième étage, totalement dédié à la bibliothèque, en est totalement dépourvu, comme si la lecture arrêtait la digestion. Pour avoir accès aux lieux d’aisance, il faut descendre d’un étage. Urgence, là aussi, s’abstenir.
Pourquoi cette méprise pour le petit coin ? Les professionnels se renvoient la balle. Pour des responsables du centre : « l’aristocratie des architectes ne s’intéresse pas à ces contraintes ». Les architectes incriminent les « programmistes »(sic) et les maîtres d’œuvre, c’est-à-dire la direction de Beaubourg. Certains architectes avancent d’autres raisons, « les toilettes sont des lieux à risque » (repère de drogué et autres dépravés ?), la direction a volontairement limité le nombre de toilettes. Allez comprendre.
Les deux phénomènes s’auto-entretiennent, comme il n’y a pas suffisamment de toilettes, elles sont très utilisées, elles sont donc plus difficiles à entretenir car quasiment impossible d’accès. Par exemple les visiteurs du site refusent de s’asseoir sur les lunettes jugées trop sales. Leur production va alors maculer les parois de la cuvette, plutôt que de tomber dans l’eau réservée à cet effet et dégrader encore l’hygiène des toilettes dépourvues de brosse.
Il y a pourtant des progrès. Pendant très longtemps à Beaubourg les visiteurs urinaient dans de petites boules design ruisselant d’urines qui rongeaient les plaques d’acier sur lesquelles elles étaient fixées. Leurs formes les rendaient impossibles à nettoyer. Les nouvelles toilettes beaucoup plus fonctionnelles sont plus faciles à entretenir.
Les progrès ne s’arrêtent pas là. Au rez-de-chaussée de Beaubourg, l’administration a trouvé une astuce pour chasser les vilains toxicos qui utilisaient les toilettes pour se piquer. Une lumière blafarde a été installée. Elle empêche les accros de trouver leurs veines, et limite donc la possibilité de se fixer dans les chiottes. Voilà une clientèle indésirable qui ne vient plus squatter les toilettes et libère la place pour les autres.
Les visiteurs de Beaubourg ne sont pas les plus à plaindre. À la Très Grande Bibliothèque, les conservateurs des manuscrits anciens doivent marcher dix minutes et prendre un ascenseur pour se soulager…
Bonjour…
Bah, c’est le problème des W.C. à Paris.
Il faudrait aussi que les utilisateurs de ces lieux publics pensent aux personnels chargés du nettoyage… Laisser des pièces de cinq ou dix centimes dans l’assiette, c’est incroyable mais vrai. Pensez que leurs salaires doivent être au plancher et mettez un euro sur la table. c’est pas cher payé pour se soulager dans un endroit propre.
Bruno.