Après les protestations qui sont suivi « Police et polissons », le ciel est tombé sur la tête du directeur de la police municipale, héros de « Strip tease » (France 3). Protestations des syndicats policiers, communiqué indigné du maire de Yerres (Essonne) et, aux dernières nouvelles, « suspension » dudit directeur. Rappel des faits : dans cette émission, on voyait Arnaud Libert (c’est son nom) vouloir rééduquer à coups d’insultes, de menaces mais aussi de morale, de soutien scolaire et cajoleries Gianni et Corentin, deux adolescents fumeurs de shit et casseurs de voitures. Malaise (exprimé ici même dans cette rubrique), vague d’indignations…L’affaire enfle, se complique : on apprend que le jeune Gianni et sa famille prennent fait et cause pour le flic psycho-baffeur.
C’est dire si on a fait chauffer la zapette dimanche dernier. Et on n’a pas été déçus. Une première partie nous montrait Arnaud Libert dans ses activités « privées », voyageant au Cameroun pour monter une société de protection, former des vigiles, enseigner le maniement de la matraque « tonfa », de bas en haut et de haut en bas (« testicules ! clavicule ! »). On le voyait aussi négocier des salaires de misère avec les postulants, sur un ton brutal et cassant.
La deuxième partie nous a ramenés à Yerres pour y voir à nouveau ce policier municipal jeune et zélé s’attribuer à nouveau tous les rôles : psychologue, shérif, répétiteur, papa de substitution. Toujours avec un langage fleuri : « ton cul on va le serrer … joue pas ta tafiole… ton shit pourlingue, tu vas te le foutre au cul…(aux parents) allez y ! c’est de la baffothérapie ! ».
Curieux monde où la police municipale voudrait représenter le pouvoir suprême et remplacer tous les autres ! Services sociaux, éducation nationale, justice semblent ici avoir fusionné dans la personne polyvalente du gourou Arnaud Libert, ivre de toute-puissance. Devant le tollé et la sanction qui s’ensuivirent, les producteurs de « Strip Tease » et le réalisateur, embarrassés, jurent qu’ils ne voulaient pas créer d’ennuis à Arnaud Libert. On les croit très volontiers et on attend la suite. La morale –provisoire- de l’histoire, c’est qu’il ne faut pas pousser le narcissisme trop loin : quand on veut jouer Super Man au commissariat, quand on se prend pour le sauveur de la jeunesse, il faut prendre quelques précautions et éviter de faire le kakou devant la caméra. Même des vigiles camerounais savent cela !
Pour votre plus grand plaisir, quelques extraits du reportage :
Lire ou relire dans Bakchich la précédente chronique A fond la zapette sur la première partie de l’émission Strip Tease :
C’est de la "psychologie" à la très petite semaine !
Mais le plus dérangeant est que ce "policier" ne fait que reproduire une idéologie envahissante, et des "manières" qui ne lui appartiennent pas en propre !
Lui (Arnaud Libert) n’a sans doute pas trop le choix, et fait du mieux qu’il peut, dans des conditions difficiles. Pourquoi que c’est lui qui se fait mettre à pied ? Juste parce qu’il est passé à la Télé ?
L’idéologie véhiculée est bien plus dangereuse et persistante. Ce qui est, pour le moins, inquiétant !
Parce que c’est pas de la Télé !!!
Les leçons de morale ça va…
Strip tease vous déshabille, on le sait bien. Qui aurait la prétention de sortir indemne de cette excellente émission ? Si Arnaud Libert a l’air d’un John Wayne, d’un kakou, d’un connard ; c’est peut être qu’il l’est, mais c’est aussi qu’il se doit de l’être dans le rôle qu’il se donne. Si je n’ai à priori aucune empathie pour le personnage, je me dois d’admettre qu’en tant que dernier maillon avant la "rééducation" carcérale, il propose une méthode qui n’est certes pas sympathique mais apporte une solution à un certain type de (pré)délinquants. Quand les parents, le proviseur, l’éducateur ou l’assistante sociale n’ont plus de prise sur l’adolescent, j’estime que c’est un devoir pour la police de fournir une aide qui ne doit pas encore être celle de la répression. La police en tant que représentant de l’autorité se doit d’aider et d’entrer dans ce rapport de force. Alors, l’éducation à coup de baffes c’est une ineptie ; mais si une baffe peut réveiller un ado et lui permettre d’éviter le cycle carcéral c’est une opportunité.
Quand aux aventures africaines, c’est là aussi tout à fait détestable ; mais c’est la vie de ce continent tel qu’il est. Gouvernements corrompus, services publiques purement formels, misère des peuples, choc des cultures… Vous êtes bien plus responsable que ce kéké qui va faire son business de sécurité là-bas, au moins il y apporte quelque chose. Si vous préférez détourner le regard…