Depuis des années, c’est loin d’être le grand amour entre Air France et la SNCF. Dernière peau de banane, la compagnie de Spinetta prévoit d’acheter des TGV pour concurrencer l’entreprise ferroviaire sur Paris-Londres ou Paris-Amsterdam. A quand la réplique avec des Airbus exploités par la SNCF ?
C’est ça l’Europe ! Une ancienne entreprise publique française -Air France - alliée à une entreprise para publique qui vit essentiellement de contrats de service public - Veolia Environnement - vont s’allier afin de s’attaquer frontalement à une bonne vieille entreprise de service public à la française : la SNCF. C’est qu’en 2010, Bruxelles ouvrira le marché du TGV à la concurrence sur les trajets internationaux.
De quoi donner des ailes ferroviaires à Air France qui compte donc acheter et coexploiter des TGV avec Veolia. Jean-Cyril Spinetta, le patron d’Air France est cruel. En faisant ami-ami avec la boîte d’Henri Proglio, - qui a lancé ses trains de fret contre la SNCF et lorgne le gâteau des TER - il agite un vrai épouvantail. « Cette annonce n’est pas nouvelle, on verra bien s’ils réussissent, mais ce ne sera pas évident », commente-t-on sobrement au siége parisien de la SNCF.
Seule certitude, ces deux boîtes de transport, pratiquent entre elles le « je t’aime moi non plus » depuis des lustres. Entreprise publique quasiment en faillite au début des années 90 devenue aujourd’hui une des premières mondiales, Air France-KLM a opéré un extraordinaire redressement qui fascine l’Etat major de la SNCF. Au point que - entre autre - le tandem pilote-copilote formé par le PDG Spinetta et son numéro 2 Pierre-Henri Gourgeon a longtemps inspiré l’articulation du binome Louis Gallois et Guillaume Pepy. Lequel, éternel Iznogoud, a réussi ce que Gourgeon, plus tout jeune, a peu de chance de faire : accéder au fauteuil de calife. Ironie du sort, incertain sur ses chances d’être nommé patron de la SNCF par Sarko, en début d’année Pepy, avait fait savoir qu’en cas d’échec il quitterait la boîte. Des rumeurs l’annonçaient à la tête d’Air France. Légèrement fantaisistes, elles ont en tout cas arraché ce cri du cœur dans l’entourage de Spinetta. « Il n’y a pas de place pour Pepy ici ! »
Car vu d’Air France, la SNCF est le grand ennemi intérieur. Avec ses liaisons TGV qui font tache d’huile depuis 1981 et dépassent progressivement les frontières de l’Hexagone, la SNCF a systématiquement chassé l’avion sur les trajets de deux heures. Plus de ligne régulière Paris-Lyon depuis belle lurette, ni entre Paris et Bruxelles. Sur Paris-Marseille ( 3 heures en TGV) Air France souffre tout comme sur Paris-Strasbourg. Pour organiser la correspondance de certains de ses voyageurs, Air France doit donc les rabattre sur les TGV. Pas toujours simple ! Les magnifiques gares aéroportuaires,- de Roissy ou Satolas sont longtemps restées des cathédrales vides. « Les X-Ponts de la SNCF rechignaient à faire s’arrêter des trains aux horaires des avions pour ne pas alimenter la clientèle de l’ennemi » se souvient un dirigeant cheminot. Ambiance…
Rancunier comme un Corse, Spinetta ne se prive pas de balancer des peaux de bananes sur les rails dès qu’il le peut. De quoi égayer les colloques. Comme ces sorties sur les aides publiques qui maintiennent en vie des activités entières de la SNCF. Ce qui appelle généralement de la part de Pepy et de son Etat major une réponse sur l’air de « ce secteur aérien qui n’a pas à se plaindre puisqu’il ne paie aucune taxe sur le kérozéne ».
La dernière passe d’arme porte sur l’éco comparateur, redoutable trouvaille marketing de la SNCF. Pour donner une bonne conscience écologique au client qui hésite entre train avion et voiture pour voyager, son site internet propose de calculer les rejets de CO2 émis pour chaque mode de transport. On imagine, le train s’en sort bien mieux que l’avion. Un sale coup qui cache une vile action de lobbying de la SNCF en direction de Bruxelles. L’Union européenne réflèchit en effet sérieusement à l’idée d’intégrer en 2011-2012, le secteur aérien dans le système de quota de CO2. Les compagnies devront payer pour émettre du carbone dans l’air, ce qui rendra le voyage en avion plus coûteux… Evidemment, Air France conteste les résultats un peu manichéens de l’éco comparateur. Argument mis en avant : les trains de la SNCF ne roulent pas qu’à l’électricité produite par du nucléaire. Ils font aussi tourner des centrales au fuel ou au charbon. Et les TGV Air France, ils rouleront au kérozène ?
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"Avec la densification des vols sur les grands aéroports, ceux qui génèrent un trafic suffisant pour un TGV, il faudrait décider sur quels vols se caler"
Les grands aéroports fonctionnent pour la plupart selon le principe du Hub. Les TGV n’auraient donc aucun mal à trouver leurs passagers en provenance des nombreux vols long courriers qui arrivent par vagues.
"d’autre part, depuis quand prendre l’avion garantit de partir à l’heure, d’arriver à l’heure ? et de pouvoir prendre le train voulu ?"
Le même problème existe pour une correspondance avion-avion. Si un passager rate sa correspondance il est rerouté sur le prochain vol (souvent dans les heures qui suivent). Il en serait de même avec une correspondance train-avion avec plus de facilité sachant que le contrat de transport engloberait la totalité du voyage (tout Air France par exemple) et ainsi, en cas de correspondance manquée, la SNCF ne rejetterait pas la faute sur Air France et vice versa.
Tout bénef pour le client.
C’est à se demander comment ces entreprises, arrivent encore à faire des benefs, avec une politique de concurence qui ne sert en rien les usagers .
J’espere que la concurence fera baisser les tarifs du train, parcequ’en ce moment le train devient un luxe.