La sympathique histoire d’une marathonienne prépubère qui se préapre pour les jeux olympiques 2016.
Dans l’édition du mardi 28 août 2007 de l’unique Quotidien du Peuple chinois (Renmin Ribao) en langue anglaise - le China Daily – un article nous présente le calvaire volontaire d’une future étoile de nos routes globalisées et de nos Jeux planétaires. L’introduction est des plus explicites : « La petite Zhang Huimin n’a qu’un grand – et long rêve – gagner le marathon des Jeux Olympiques de 2016 ». À bon entendeur ! Vous avez 9 ans pour vous entraîner et vous mettre en condition, avant que le petit prototype chinois vous coiffe sur la ligne d’arrivée… vous ne pourrez y échapper.
Nous savions que les secrets des entraînements des athlètes de la République Populaire pour les futures JO de Beijing étaient mieux gardés que la Cité Interdite, considérés comme des secrets d’état. Nous connaissons désormais les secrets de la réussite chinoise en matière sportive. Comme entraînement de routine afin d’émouvoir l’opinion publique et le pouvoir central, notre médaille d’or en herbe, âgée, nous le précisons, de 8 ans, a parcouru la misérable distance de 3560 km en moins de 55 jours, reliant Sanya située sur l’île de Hainan, au sud de la Chine, à la capitale Beijing, ce qui, si nos calculs sont justes, correspond a un marathon et demi par jour.
Zhang Huimin, 20 kg pour 1,25 mètres, accompagnée de son père et de son frère, suivant flegmatiquement la nouvelle héroïne de la révolution sportive chinoise en vélo électrique, répondait également sur le parcours aux interviews des médias galvanisés, « d’une voix nonchalante et certainement légèrement fatiguée », précise notre canard chinois anglophone. Amis légionnaires ou fous de la course à pied, une simple mention du régime de vie stricte mais non moins coercitif de Mlle Zhang, lors de son périple, mérite attention et devrait vous permettre de relativiser vos exploits du dimanche.
« Elle se lève a 2h30 du matin et court une moyenne de 70 km par jour », nous renseigne son père-entraîneur – mais non tortionnaire. Zhang Huimin n’avait que 3 ans alors que d’un pas indécis, elle parcourait déjà 3 km par jour. Mais, chers lecteurs coureurs professionnels, ne vous inquiétez pas, ses performances ont ensuite atteint non sans peine les 23 km par jour à l’âge de 7 ans. En personne responsable et attentive à la santé de sa fille, M. Zhang, afin d’éviter les chaleurs tropicales de l’île-province de Hainan, faisait commencer les entraînements à 3 heures du matin pour ne les finir qu’à 9 heures. Comment est-ce possible me direz-vous ? La réponse nous est donnée par le porte-parole paternel et diététicien officiel de Zhang Huimin, trois bouteilles de lait et deux oeufs pendant l’épreuve suffisaient à lui donner toute l’énergie nécessaire.
Il poursuit en signifiant que « ce n’est pas le talent mais bien les entraînements systématiques » qui ont permis à sa fille de terminer ce chemin parsemé de lauriers et d’ampoules, peu importent les moyens, pourvu que la gloire et l’or brillent sur la frêle poitrine de cette esclave dans les futures compétitions sportives. Des experts chinois se sont pourtant prononcés sur les dommages irréversibles que ce type de régime peut occasionner sur la santé physique et la croissance de la jeune fille. Liu Hong, directeur de la Fédération des Écoles et Instituts des Sports de Chine, se prononce timidement : « C’est un entraînement à la course à pied extrêmement difficile, même pour un adulte (…) La course sera certainement nuisible à la jeune fille ». Comme critique officielle, notre Sarko-jogger n’aurait pas fait mieux.
Certains médias chinois, par contre, se sont indignés et ont crié à voix basse à l’exploitation à des fins sportives de Zhang Huimin, mais sans suite… Le père de la petite Zhang répond aux critiques en se réfugiant habilement derrière l’argument de sa non-responsabilité dans la destinée toute tracée de sa fille, débutée à 3 ans. « Je n’ai jamais imposé ma volonté à ma fille (…) Pour elle, la course à pied est plus un amusement, un jeu, qu’une corvée. » Des enfants esclaves, taillables et corvéables à merci, dans les ateliers de confection du sud, dans les exploitations minières, dans les fabriques de tuiles, petites mains des cuisines des restaurants ou des KTV, la Chine Populaire nous ressort une vieille recette, l’esclave sportif. À bas les générations spontanées ! Le déterminisme scientifique et sportif volontaire est une des composantes du nationalisme chinois, rendez-vous aux Jeux Olympiques de Beijing en 2008.
Les nouveaux héros de la Chine ne sont plus ces soldats de la révolution, fer de lance de la propagande, comme l’avait été le personnage conceptuel de l’imagerie communiste Lei Feng, mais bien les héros des spectacles sportifs comme Yao Ming, Zhou Chunxiu, qui a remporté l’édition 2007 du marathon féminin de Londres, ou encore Wang Junxia, médaille d’or du 5000 mètres aux derniers Jeux Olympiques. Qui les blâmerait… Nous n’avons rien vu…
Ca rappelle l’histoire de Budhia, le marathon boy indien.
Sauf qu’en démocratie on est est pas obligé de suivre la ligne du parti. Tant pis pour les rêves de médaille des indiens, la justice locale à accusé le coach de torture et interdit au gamin de courir - le sauvant sans doute.