Rusée renarde, la France tire toutes les ficelles de l’Eufor, la nouvelle mission européenne au Tchad et en Centrafrique.
Le tour de passe-passe franco-européen que certains pays membres de l’Union Européenne craignaient avec la nouvelle mission militaire européenne EUFOR au Tchad et en Centrafrique est en train de se produire. Présente dans ces deux pays depuis l’époque coloniale sans discontinuité, l’armée française vient de troquer le bleu-blanc-rouge contre le bleu étoilé européen. Tout simplement.
Début mars, les 220 militaires français déployés à Birao, dans l’extrême nord-est de la Centrafrique, sont passés sous commandement de la force européenne EUFOR chargée de sécuriser cette région, ainsi que l’est du Tchad. Jusqu’ici, ces hommes appartenaient au détachement français Boali présent en République Centrafricaine depuis 2003. Aprement négociée par le président tchadien Idriss Deby à l’époque où il se sentait intouchable, cette force européenne est maintenant appelée de ses vœux par N’djamena.
Avec 3700 hommes prévus (dont 2100 devraient être français), la mission de l’EUFOR est de protéger, au Tchad et en Centrafrique, les réfugiés soudanais qui ont fui la guerre au Darfour. Ce qui implique au passage de surveiller et sécuriser les frontières de ces deux pays en butte à des rébellions réfugiées au Soudan et qui ont failli déposer Déby en février (et viennent de reprendre l’offensive le 1er avril).
Cette mission d’une durée d’un an et qui a officiellement commencé le lundi 17 mars – on compte déjà deux morts* – est à mettre au crédit de la « rupture dans la continuité ». La protection des régimes en place continue d’être assurée par l’armée française, désormais « européanisée ». Pour ce faire, les soldats du détachement français de Birao n’ont eu qu’à remplacer leur badge par celui de l’EUFOR…
Le commandement de l’opération est, lui aussi, glorieusement européanisé, avec un général irlandais, Patrick Nash, localisé au Mont-Valérien, dans le commandement militaire français (donc neutralisé), et un général français sur le terrain (le vrai « patron »), à Abéché.
L’alibi européen se limitant au sympathique général Nash, il a fallu quand même que Javier Solana, représentant de la diplomatie européenne, et le commissaire européen Louis Michel aillent mouiller leurs chemises au Tchad et en Centrafrique. Le premier s’y est rendu seul et le second s’est incrusté dans l’avion du président Sarkozy lors de sa dernière visite en Afrique.
Objectif : faire croire qu’en dépit des apparences, il s’agit d’une opération européenne. Évidemment, personne n’est dupe. Ni les pays africains concernés qui savent que Paris continue de tirer toutes les ficelles. Ni les pays européens qui, pour le moment, contribuent au compte goutte à l’EUFOR et pourraient se contenter d’une présence symbolique pour mieux laisser l’armée française porter seule le badge européen…
*Deux membres des Forces spéciales françaises ont été tués par l’armée soudanaise en mars.
L’accrochage quelques kilomètres à l’intérieur du soudan, entre un véhicule du cos et des éléments indéterminés n’a fait à ma connaissance qu’une victime.
Voire les informations et l’hommage rendu sur le blog http://secretdefense.blogs.liberation.fr/
Vérifier vos informations, où l’on vous soupçonnerais de forcer le trait de la réalité pour la faire correspondre à votre thèse, qui n’en demeure pas moins fort légitime.