Le meilleur film d’horreur de la semaine, c’était sur Arte mardi dernier, intitulé « Cruel sera le réveil ». Au programme : la fin du pétrole, la fin d’un monde fondé sur le pétrole, la fin de notre monde… En fait, il s’agissait d’un documentaire tourné en 2006 par un Suisse (Basil Gelpke) et un Irlandais (Ray McCormack), qui ont sondé aux quatre coins du monde experts et spécialistes en pétrole. Verdict unanime : la dernière goutte d’ « oil » est en vue. Nous atteignons le terminus. Tout le monde descend ! Aucun nouveau méga-gisement, aucune technique de forage ne sauront retarder l’échéance. « Aujourd’hui tous les pays consomment du pétrole, excepté la Nouvelle Guinée-Papouasie » explique un témoin. La croissance mondiale, déchaînée en Chine et en l’Inde (« ils veulent se partager les restes avec nous »), avale toujours plus de cette énergie fossile, accumulée depuis des millions d’années, non renouvelable et que l’humanité aura épuisée en un petit siècle.
Or le pétrole est devenu « le système sanguin de l’économie mondiale ». On en met non seulement dans nos réservoirs de voitures et de tracteurs, mais dans nos ordinateurs, nos chariots de supermarché, nos médicaments etc. L’agriculture moderne avec ses engrais dérivés du pétrole en est complètement dépendante, et avec elle les estomacs de plus de six milliards d’humains qui s’agitent sur la planète. Comment se passer de cette drogue incroyablement juteuse ? Le pétrole est actuellement « la plus grosse ressource capitalistique » : la plus facile à exploiter, la plus rentable à vendre. Pour le consommateur, malgré le yo-yo des prix, le pétrole reste incroyablement bon marché, même s’il n’en a pas conscience. Et aucune énergie alternative n’est capable de prendre la relève immédiatement, ni le solaire, ni la pompe à hydrogène, ni la biomasse, ni l’énergie nucléaire (chère et polluante).
Toutes ces vérités, on les connaît plus ou moins. Mais ramassées en une heure et demie, concentrées en rafales, elles prennent ici une force extraordinaire. La démonstration est d’autant plus paniquante que les témoins choisis ne sont pas des écolos barbus et des gauchistes invétérés. Ceux qui nous expliquent que nous sommes passés au-delà du fameux « pic de production », c’est-à-dire que la production de pétrole va décliner inexorablement, sont des gens du système, plutôt conservateurs. On voit un député US membre du parti républicain, un ancien membre de l’OPEP, un ancien ministre irakien du pétrole, un businessman du Venezuela, un ancien membre de la CIA. Beaucoup s’expriment en nœud papillon, dans leur intérieur cossu…Ils nous expliquent qu’on va devenir pauvres et que nos petits enfants, très probablement, ne pourront jamais prendre l’avion, ce luxe bientôt réservé « à l’élite de l’élite ». Le propos n’en est que plus fort. Est-ce déjà trop tard ? Mais, heureux contribuables, il fallait écouter Monsieur Hubbert, le découvreur du fameux « pic » (« oil peak »), qui le premier, pronostiqua la fin des réserves de pétrole. Géologue de profession, ce précurseur a prêché dans le désert dès 1950. Un Nobel posthume pour Hubbert ? Aujourd’hui le débat porte uniquement sur la date de ce pic : dans dix ans ? Vingt ans ? Ou l’a-t-on déjà dépassé et sommes-nous sans le savoir sur la pente en train de foncer dans le mur ?
Ce documentaire ne proposait pas un débat contradictoire. Son défaut est d’avoir haché menu les analyses des interviewés : on est bombardé de petites phrases et cela n’aide pas la réflexion. Mais aucun interviewé n’y conteste les travaux d’Hubbert, aucun expert pro-pétrole n’ose expliquer que l’avenir pourrait être dans les sables pétrolifères du Canada, le pétrole lourd du Venezuela ou l’off shore profond. Sans doute ce genre de gus est introuvable parce que ce genre de thèse est aujourd’hui indéfendable.
L’avenir sans or noir est donc noir. Shootés à « l’oil », les États-unis auront de plus en plus la tentation d’aller chercher les barils par la force, à coups de GI’S et de miliciens, directement sur le lieu de production, selon un scénario irakien qui pourrait s’étendre un jour à l’Arabie saoudite. « Les guerres vont s’enchaîner » prédit un expert.
Pendant ce temps-à, sur une route américaine, un papy barbu de la secte Amish, conduisant son buggy à 15 km/h, détaille le plaisir qu’on a à se transporter à cheval …Vous êtes prévenus. Amis bakchichiens, il n’est pas trop tard pour vous convertir !
Je crois que la question de savoir si il reste encore beaucoup de pétrole ou non ne se pose plus…Et que oui, il est plus que temps de changer nos modes de vie, de relocaliser nos vies, et de penser à des alternatives, en matières d’énergies, mais aussi de vivre ensemble.
L’ASPO me semble assez crédible pour les projections.
Je n’ai pas vu le reportage en question, mais la lecture de cet article, me laisse perpexle.
Aucun expert, scientifique ou autre "énarque", ne parle, selon cet article, des shistes bitumeux…
Curieux oubli, lorsque l’on sait :
1- qu’ils existent en quantité abondante.
2- qu’avec un baril aux alentours des 100 dollars, l’exploitation de ces ressources, sont plus que rentables.
De plus la donnée de base, est un monde ou les productions soutenues des pays émergents, Chine, Inde etc…, nouveaux gros consommateurs de pétrole, sont payées avec une monnaie internationale, le dollar, qui pratique depuis fort longtemps, l’impression à outrance.
Un dollar de plus en plus faible aura deux effets :
1-l’augmentation significative des matières premières, d’ou un ralentissement de la production, affectée par un surcout important.
2-Peut etre meme un effondrement total du système monétaire international, avec des pays :
disposant de caisses pleines de réserves papier (dollars) dont la valeur se dégrade quotidiennement.
disposant d’infrastructures de production surdimensionnées par rapport à un marché mondial en recession.
Dans ce cas l’énergie et l’écologie, sera le cadet de nos soucis.
bonsoir il y a eu récemment une mini polémique sur le 11 09 sur bakchich en l honneur du 7eme "anniversaire" et nous avons eu droit à un certain Eric Laurent
il a écrit un livre sur la fin du pétrole que je suis en train de lire justement
tout est plus ou moins connecté finalement
j aime bien la dernière phrase qui dit : les guerres vont se multiplier …
mais j ai pas bien comprit pourquoi l auteur parle au futur…
bisou