Rencontre avec Sébastien Thoen, porte-parole des zigotos à caméra cachée de Canal+. Apparemment, on n’a pas été filmés.
L’info venait de tomber comme un glaçon dans un rosé d’été : les membres du groupe Action discrète, trublions adeptes de la caméra cachée sur Canal+, vont sortir un DVD le 1er avril.
Drôle de date pour des gens pas sérieux. Car, si ces agitateurs cathodiques sont bien connus des amateurs d’impostures (à force de tourner en dérision les faits majeurs de l’actualité, ils comptent de nombreux procès et blâmes des hautes autorités : dernièrement avec Éric Besson ou Georges Frêche) et restent les chouchous des internautes, on avait peine à comprendre pourquoi Canal+ les mettait si peu en avant.
Que peut bien en penser Sébastien Thoen, membre et porte-parole du groupe ?
À 14h42, attente rue de Rivoli, devant une des entrées des Jardins des Tuileries. Puis un bruit de klaxon à répétition attire l’attention : Sébastien Thoen arrive debout sur sa Vespa, armé d’un sourire d’enfant.
- Alors, Canal+, un patron plutôt ingrat ?
- Non, un employeur qui nous a permis de faire ce que nous faisons depuis plus de quinze ans sans caméra (Julien Cazarre, Patrice Mercier, Pierre Samuel, Thomas Séraphine et moi, amis de lycée). Quant au DVD qui arrive sur le tard, c’est un choix délibéré : nous faire trop connaître du grand public pourrait mettre en péril nos caméras cachées.
L’homme s’assoit sur la pelouse interdite et fait mine de bronzer. Il vante pêle-mêle les mérites de la droite et du gouvernement, des personnalités épatantes. Surtout Rachida Dati, Brice Hortefeux, Éric Besson et le Grand Nicolas, Tsar de Hongrie, qui leur donne des biscuits. Quant à la Gauche, comment l’aimer ? Est-elle toujours de gauche, d’ailleurs ? Excepté Georges Frêche, c’est vraiment mou du genou. Impossible de démêler le vrai du faux sous l’ironie persistante de Sébastien Thoen.
- Anars, alors ?
- Comment ! Pour chaque DVD vendu, un euro sera reversé à mon ONG, Un voilier pour Bertrand [Bertrand Méheut, président de Canal+]. C’est vrai, c’est son rêve.
- Les influences comiques : Pierre Desproges, Coluche ?
- Certainement pas ! Gad Elmaleh ou Mélanie Laurent en interview ou le couple Chirac-Juppé…
- Les soutiens ?
- Rodolphe Belmer [directeur général adjoint du Groupe Canal+], humour breton et catho de gauche, parce qu’il se marrait de nous payer alors que personne ne nous regardait. Et, bien sûr, les Renseignements généraux, sans qui nous ne serions rien.
- Les projets ?
- Canal+ nous augmente, sinon on fait un film avec Louis Garrel et Marion Cotillard…
Il est 15h17, nous nous disons au revoir. L’homme repart en slalomant sur sa Vespa retrouver ses comparses et leur amour de l’adrénaline foutraque pour déminer par la dérision un monde dangereux tant il se prend au sérieux. Avant de remettre les gaz, il glisse : « Nous ne sommes pas les plus drôles, mais les plus fous ».