Voilà les agents de la répression des fraudes placés sous l’autorité des préfets, qui s’échinent à les charger de missions contradictoires : dynamisation de l’économie, de l’emploi, etc.
Le juge d’instruction en sursis, le pôle financier du tribunal de Paris à l’agonie, c’est aux agents de la répression des fraudes de passer à la moulinette de la réforme.
Les enquêteurs de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), ce sont ceux qui traquent les fauteuils chinois déclencheurs de brûlures, contrôlent la conformité des jouets de nos bambins et vérifient la flambée des prix dans les restos de plage du Lavandou. Les voilà placés sous l’autorité des préfets, qui s’échinent à les charger de missions contradictoires : dynamisation de l’économie, de l’emploi, etc.
La DGCCRF n’a qu’à se dépêtrer de ce foutoir. Ainsi, celle de Laon (Aisne) doit-elle désormais accueillir le public à dix kilomètres du centre-ville, dans une zone d’activité perdue au milieu des champs. Voiture obligatoire ? Idéal pour une administration de terrain.
Dans un autre centre, un enquêteur décrit, un brin énervé : « Pour partir effectuer nos contrôles, nous avons maintenant vingt minutes de marche pour récupérer nos voitures jusqu’au parking. » Pratique ! « [Nos] numéros de téléphone vont disparaître de l’annuaire », déplore Stéphane Rouzier, l’un des responsables CGT des Fraudes. Quant on sait que les fins limiers trouvent leurs meilleurs informateurs dans un réservoir de 60 millions de consommateurs… C’est encore une bonne idée.
Derrière l’apparente banalité de ces détails pratico-pratiques, se cache la réforme de l’organisation de l’action territoriale de l’Etat entrée en application le 1er janvier dernier. Trois mois après son entrée en application, derrière les promesses gouvernementales de renforcement de l’efficacité de l’action territoriale, il était intéressant d’en connaître les répercussions concrètes.
« Il s’agit surtout d’une volonté du gouvernement de s’attaquer aux polices économiques et financières, tout en réduisant la place de l’Etat dans la société » accusent les cégétistes de la Répression des Fraudes. Fin du juge d’instruction, agonie du pôle financier au tribunal de Paris… sans tomber dans la paranoïa, on peut avoir l’impression que la « délinquance en col blanc » a de beaux jours devant elle. D’autant que les effectifs devraient passer de 3400 à 3000…Le Code de la Consommation ne servira bientôt qu’a caler des tables bancales.
La répression des fraudes et les services vétérinaires seront noyées, avec d’autres délégations comme le tourisme, l’emploi, l’artisanat dans les « DIRECCTE » (Direction régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi). « Le hic, souligne avec amertume un autre agent, c’est que le premier mot du sigle est entreprise ». De la à penser que ce sera la priorité…
Cette véritable usine à gaz concoctée par des crânes d’œuf en ébullition passe sous la main mise des préfets. Bonjour l’indépendance, quand on sait qu’ils sont eux même soumis aux caprices de Sarko 1er ! Le préfet de Saint-Lo (Manche) Jean Charbonniaud, muté en janvier 2009 pour n’avoir pas su tenir à distance un chahut lors de la visite du monarque en est la saine illustration.
Cette affaire donne de l’urticaire à Alain Bazot, président de l’UFC Que Choisir : « Cette organisation éclatée ne correspond plus à la dimension des marchés essentiellement nationaux et entrave une bonne coordination des actions des DDCRF, qui seront noyées dans une série de missions (emploi, développement économique) aboutissant à une schizophrénie institutionnelle préjudiciable à l’efficacité de l’action consumériste ». C’est dit.
A lire sur Bakchich.info :
Ah, ça pour appliquer la tolérance 0 pour les trafiquants, les automobilistes ou autres, ils sont forts, mais quand il s’agit de la délinquance en col blanc, ce n’est plus la même chose. Faut dire que c’est plus difficile à prouver, faut dire que se mettre à dos les puissants, c’est pas facile. Faut dire qu’il faut résister à plus de pressions que quand on arrête un "jeune" avec un bout de shit. Faut dire ces gens là ont des "relations", des moyens de se défendre… Mais quel exemple cela donne-t-il ? Que seule l’envie de pouvoir, la rapacité, la fraude, la magouille… permettent de "s’en sortir". Quel sentiment d’injustice pour ceux qui ne font pas parti de "ce monde". Quel travestissement des valeurs de la république : tolérance 0 d’un coté, impunité de l’autre ? Diabolisation des trafiquants à un endroit, glorification des magouilleurs, des profiteurs, des manipulateurs à un autre.
A mon humble avis, ce n’est pas le capitalisme qui corrompt, mais la difficulté à rendre une justice équitable pour tous, la possibilité pour certains de profiter de leur "pouvoir", sans se soucier des conséquences.
Supprimer toute entrave au commerce "libre".
Sur ce plan, l’idéologie capitaliste la plus débridée est depuis le début à l’Elysée, où c’est elle qui décide.
Le capitalisme corrompt.
Et ça se voit, parfois à ce genre de "détails".
Dans ces conditions, elle va être baveuse l’omelette faite par des crânes d’oeuf en ébullition…
"La délinquance en col blanc" a de beaux jours devant elle. Cà on pouvait le deviner depuis le 6 mai 2007 et la victoire du néo-libéral atlantiste fêtée au Fouquet’s… !!