Édition, télévision, radios, journaux : la profusion mirobolante des ouvrages et témoignages sur Mai 68 dénote une connaissance approfondie de l’art tumulaire. Imitant l’expérience irremplaçable des pélerinages à Lourdes, nos anciens de Mai 68 nous livrent à qui mieux mieux leurs souvenirs fânés sur cette révolution peinarde.
Oubliant un instant leurs problèmes de prostate, ces vaillants sexagénaires remontent sur les barricades de la rue Soufflot et les bidons de Billancourt, haranguent derechef la jeunesse, se donnent en exemple de libérateurs sexuels. Anciens maos, gauchistes prolétariens, trotskystes, crypto-situationnistes auto-proclamés, les voilà tous à la recherche du temps perdu, remâchant leurs madeleines avec leurs appareils dentaires.
Cette émouvante concélébration spectaculaire marchande devrait mettre un peu de beurre dans leurs épinards dialectiques et faire oublier qu’ils ont, mot pour mot, donné raison à cet écrivain de droite qui les regardait affronter les CRS sur le boulevard Saint-Michel en disant : « Vous finirez tous notaires ! ». Notaires, ils ne sont pas devenus, mais patrons de journaux, directeurs de collection, pubeux, cinéastes, ministres, chargés de communication de groupes industriels, bref vigiles de cette société qu’ils déclaraient vouloir détruire. Mai 68 aura été leur grande école de la vie, la meilleure façon de manipuler les foules dans les AG, de prendre le pouvoir en passant l’utopie à la moulinette de la réalité. Soyez réalistes, demandez l’impossible augmentation au patron !
Les vrais inspirateurs de Mai 68, comme Guy Debord, sont morts ou silencieux. Ils ne confondent pas le jet de pavé inodore avec la révolution sanglante et le bruit médiatique avec la libération des foules. Ils n’ont jamais eu de stock-options et de maroquins. De leurs slogans mal compris aujourd’hui comme « Ne travaillez jamais ! » qui signifiait « Créez votre vie au lieu de la subir », il reste ce dernier pour la route : « Spectateur, ce que tu attends, tu l’as déjà perdu ! »
On était des dizaine de milliers sur les barricades, des millions dans la rue et dans les usines, ça a été la plus grande grève de l’histoire ouvrière en France, mais il paraît que c’était caca, et qu’après on est tous devenus PDG du CAC 40 et ministres.
Ben dis-donc ça doit en faire du monde au gouvernement !…
T’écoutes trop la télé mon pote, tu devrais te renseigner à la source plutôt que chez les bourges. Ils ont tellement eu peur qu’ils racontent n’importe quoi là-dessus. Et toi tu emboîtes le pas gaillardement ! Ben voyons.
T’es pas au courant que la presse ment ?
ET c’est quoi cet argument sur la prostate. Moi merci c’est ok de ce côté-là. Mais et toi, tu ne vieilliras jamais ? C’est un choix politique le déclin des corps ? On peut condamner quelqu’un là-dessus ?
Nul de chez nul ce type.