Nicolas Sarkozy va t-il sauver le soldat Rachida Dati ? En dénonçant, ce mercredi 4 juin, en conseil des ministres « la campagne de lynchage » contre sa Garde des sceaux, le chef de l’Etat a sifflé la fin de la récré au sein de l’UMP, où la carrière fulgurante de Rachida Dati n’avait pas fait que des heureux.
L’affaire de l’annulation du mariage de Lille a révélé le capital de haine accumulé par Rachida au sein de l’UMP, de Roseline Bachelot « absolument scandalisée », à Patrick Devedjian à qui elle a soufflé son poste place Vendôme en passant par Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, qui se déclare « choqué ». Le député des Hauts-de-Seine, l’un des bannis lors du retour de Cécilia, se lance ensuite sur de savantes considérations sur la pratique de l’équitation et la virginité …
Tous on flairé l’odeur du sang et cru l’heure de la mise à mort venue. « Halte au feu », a répliqué Sarko qui, lors du conseil des ministres de mercredi a salué « la qualité du travail » de sa ministre Rachida Dati, qui « représente au sein du gouvernement une sensibilité dont on a besoin ». Une petite phrase paradoxalement peu relevée par la presse lancée dans une course effrénée pour tailler en pièce celle qu’elle a portée aux nues il y a peu !
Des trois femmes symboles de l’ouverture à la « diversité », Rachida capte logiquement toute la lumière. Voici la fille d’une famille quasi analphabète de la banlieue de Chalons-sur-Saône, dont deux frères sont des clients réguliers de la pénitentiaire, qui, propulsée ainsi à l’un des maroquins les plus prestigieux de la république, fascine l’opinion et les médias. Lesquels ne découvrent son existence que quelques mois avant l’élection présidentielle lorsqu’elle est nommée porte-parole du candidat.
Encore quelques mois, et son nom circule même comme candidate sérieuse à l’Intérieur et jusqu’à succéder à Fillon à Matignon. Jusqu’à ce que la si belle mécanique s’enraye. « Un gachis effroyable », commente l’un de ceux qui a suivi et encouragé de près son irrésistible ascension, et qui avait prédit que la sur-exposition médiatique dans laquelle se complaisait Rachida allait la faire exploser.
Lorsque Rachida débarque en 2002 à l’Intérieur, même si son carnet d’adresse est déjà copieux, c’est une parfaite inconnue. C’est une conseillère parmi tant d’autres qui s’habille « encore à Prisunic ». En charge bien sûr de l’intégration, la beurette détonne quelque peu dans un univers très uniforme des flics et hauts fonctionnaires de la police. Commentaire le plus fréquent la concernant est « c’est qui celle-là ? ». Réponse d’Yves Bertrand à l’un de ces visiteurs, « c’est une petite conseillère technique ». Volontaire, accrocheuse et ambitieuse, la « petite » reste en lisière de la garde rapprochée du ministre. Sa véritable promotion n’ intervient qu’avec le retour de Cécilia, au terme de sa première escapade avec le publicitaire Richard Attias.
Rachida avait, elle, eu l’intuition que le couple se rabibocherait ? Toujours est-il que dans le contexte d’une réconciliation forcément difficile, elle s’affirme comme l’auxillaire très zélée dans la purge effectuée par Cécilia au sein des amis de Nicolas. Plus particulièrement visés, ceux qui se sont appliqués à aider le candidat à la présidence à tourner définitivement la page. Des amis qui font ce que tous les amis font en de telles circonstances : ils s’appliquent à « distraire » leur champion en organisant des fêtes sur l’air de « une de perdue 10 de retrouvées ».
Rachida, qui a beaucoup observé, livre les noms de ces vizirs des plaisirs : Pierre Charon, Laurent Solly, Barbelivien, tous brutalement écartés de cette complicité entre Rachida et Cécilia. Il demeure la déclaration fameuse de Cécilia au Nouvel Obs au lendemain de l’élection présidentielle : « c’est plus qu’une amie, c’est ma soeur. Je ne la lâcherai jamais. Je connais tout d’elle. Elle est de la race des seigneurs » (voir encadré Cécilia et Rachida). Au même moment, lors d’un déplacement à Épinal le 12 juillet 2007, le nouveau président déclare : « Il faut qu’elle réussisse, car c’est un message à la France diverse, à la France multiple : le signe que chacun à sa chance ».
Nouvelle consécration pour Rachida au cours des vacances américaines passées dans l’intimité du couple présidentiel. Elle est l’unique membre du gouvernement à jouir du privilège de croiser en vedette sur le lac Winnipesauke, à l’ombre du « Secret Service ». Et dans un texto à un ami, Rachida écrit : « Cécilia et Nicolas me cherchent un mari ».
Une étoile est née, et voici Rachida propulsée au rang de « favorite » et de « chou-chou » du chef de l’État. Les médias s’enflamment et grisée par la vitesse, Rachida écrase tout sur son passage. Ses collaborateurs certes, mais aussi une opposition tétanisée par cet ovni de la politique. Une beur ministre qui enfile des réformes répressives. Personne ne conteste alors la compétence de celle qui, on l’oublie aujourd’hui, est passée par l’école de la magistrature, fut auditeur de justice au tribunal de grande instance de Bobigny, puis juge à la cour d’appel d’Amiens et encore substitut du procureur de la République au tribunal d’Évry.
Lorsque le couple Cécilia et Nicolas se met a battre de nouveau de l’aile, la « petite fille de Chalons-sur-Saône » estime que désormais, elle peut voler de ses propres ailes. Un dernier effort pour solde de tous comptes avec sa présence aux obsèques de Jacques Martin le 20 septembre et puis « bonne chance Cécilia ». Bien qu’annoncée à l’émission « Vivement dimanche » ( octobre 2007) consacrée à la Garde des sceaux, Cécilia se fait porter pâle. Au cours de l’émission, Rachida est on ne peut plus claire sur son choix . A propos de Nicolas Sarkozy, elle déclare : « Je lui doit tout, mes parents m’ont donné la vie, il m’ a donné un acte de naissance sociale ».
Les semaines qui suivent donnent en effet l’impression que la folle ambition de Rachida est désormais sans limite. 6 et 7 novembre, retour en Amérique . Mais quinze jours plus tôt, l’Elysée a officialisé la séparation du couple. Une épreuve incontestable pour Nicolas Sarkozy, dont la communication et le protocole s’applique à combler l’absence d’une première dame. D’où l’accent mis sur le « commando de charme » mis en place pour encadrer et, pour tout dire, materner le chef de l’Etat. Rachida bien sûr, mais aussi Rama Yade et Christine Lagarde. Deux de trop du point de vue de Rachida. Lors du dîner offert par Bush, après avoir déployé des ruses de sioux pour échapper aux règles du protocole, Rachida surgit comme un diable de sa boîte, dans le sillage immédiat du chef de l’État.
Étincelante en robe crème de chez Dior, « elle est la seule à entrer par le North Portico, l’entrée d’honneur de la Maison Blanche » relève le Monde ( 08/11/07). Médiatiquement, c’est un joli coup. Si Rachida écrase la « concurrence », ses collègues du gouvernement s’étranglent de rage devant un culot qui paraît sans limites.
Pour l’heure, Rachida triomphe et apparaît à bien des yeux comme une « première dame de France » par intérim. Une idée qu’elle contribue elle–même à populariser, en narrant sur tous les tons l’épisode au cours duquel, lors d’un déplacement en Algérie début décembre, Nicolas Sarkozy lui offre une rose avant de prendre place au déjeuner officiel .
Sarko le Bachelor :
(Voir aussi le site de l’éditeur Guy Birenbaum, qui, avec « Salam93, le Posteur le plus vigilant », a déniché la vidéo.)
Un bonheur ne vient jamais seul. Et, ce même jeudi 6 décembre – et bien qu’aucune actualité ne le justifie –, la Garde des sceaux fait la Une de Paris-Match. Photographiée dans les salons de l’hôtel Park Hyatt, Rachida y apparaît de Dior vêtue, en bas résille et bottes en cuir. Comme dirait Elisabeth Guigou, l’image renvoyée ne correspond guère à la « gravité » qu’impose la fonction.
De fait, Rachida a la tête ailleurs et songe déjà à migrer de la place Vendôme vers la place Beauvau. Comme en témoigne la conversation « off » avec la journaliste Roselyne Febvre révélée par Bakchich. A la justice, les difficultés s’accumulent en particulier avec la réforme de la carte judiciaire qui provoque l’ire de nombreux élus UMP. Tu es un peu « cramée à la justice ? », interroge la journaliste. A quoi la prudente Rachida répond par la négative : mais c’est vrai qu’ « il y a des chose à faire à l’Intérieur ».
Hélas, ce n’est pas du tout l’avis de la haute hiérarchie policière, laquelle, très éclairée sur les « caprices » et crise d’autoritarisme de la ministre, n’a aucune intention de se faire fouetter par Rachida. Du sommet à la base en passant par les syndicats, un véritable front du refus se met en place. Même Claude Guéant, qui n’a pourtant jamais mégoté son soutien à Rachida n’y est pas favorable. Ami d’enfance de Nicolas Sarkozy et directeur de la police nationale, Péchenard fait part des remontées « à la base » et la perspective de voir « les flics descendre dans la rue ».
Emoustillé par le numéro de Paris–Match, et tandis que Rachida passe le réveillon dans un palace de l’île Maurice, Bakchich se penche sur la garde–robe de la ministre de la justice. Une enquête publiée pour le nouvel an, qui fait des ravages et constitue désormais un point de passage incontournable de tout portrait d’une Garde des sceaux « Fashion victime ».
En ce début d’année 2008, le pire est encore à venir. Le cauchemar s’appelle Carla. Comme un ouragan, la chanteuse débarque dans la vie du Président. A la sidération générale, ce n’est pas une passade, et quatre mois seulement vont séparer le divorce du remariage de Nicolas Sarkozy. Dès le voyage de Sarko en Inde, les gazettes comme le protocole s’arrachent les cheveux pour savoir si, oui ou non la nouvelle « petite amie » du chef de l’ État peut ou pas figurer dans un voyage officiel dans un pays perché à dos d’éléphant sur les principes.
Guest star hier des voyages officiels, Rachida joue désormais les chaisières aux côtés de son patron lors d’un debriefing « off » de Sarkozy devant les journalistes à l’ambassade de France, à New Delhi. « La pauvre en était à regarder l’heure, les yeux dans le vague », rapporte sans pitié un envoyé spécial.
Le 30 janvier 2008, Carla Bruni organise une soirée surprise pour l’anniversaire de Nicolas. Une soirée qui marque la descente aux enfers de Rachida Dati. Comme seul l’avait signalé Bakchich à l’époque, Rachida est acceuillie par Carla Bruni par un : « j’ai hésité à t’inviter mais finalement je l’ai fait ». Dati découvre alors les happy fews conviés à la soirée et surtout la présence en force des membres de « la Firme ». Tous bannis durant l’ère Cécilia. Tous ennemis mortels de Rachida Dati.
Incontestable maîtresse de maison, Carla Bruni sait recevoir. Ce qui lui vaut ce compliment de Nicolas : « elle, au moins, aime mes amis ». Et lors du récent voyage à Tunis, c’est Rama Yade qui a le droit aux amicales remarques du chef de l’État lorsqu’elle abuse des petits fours, lors d’une réception à l’ambassade de France : « Fais attention à ton régime Rama, tu vas avoir un gros cul ! ». Et on a vu la pauvre Rachida esselée, tenter de séduire les invités de Carla Bruni dont le témoin à son mariage avec Sarko, une top modèle tunisienne.
Quelle porte de sortie s’offre aujourd’hui à Rachida Dati ? Il ne fait guère de doute que, lors du prochain remaniement ministériel, elle quittera la place Vendôme. Elle n’y passe d’ailleurs guère plus, ayant investi toute son énergie pour s’emparer de la présidence du groupe UMP au Conseil de Paris. Maire du VIIe arrondissement, elle est en compétition avec Christine Lagarde, ministre de l’Économie mais qui n’est pas parvenue à se faire élire dans le XIIe arrondissement. Sarkozy a déclaré, en présence de Rachida, qu’il n’y aurait pas « de bataille de dames » ; propos interprétés comme un soutien implicite à son ex–favorite. Mais pour certaines sources hauts placées, dans l’appareil de l’État comme à l’UMP, on fait une autre lecture des déclarations du Président. Pour l’un, « Rachida est politiquement morte. L’UMP la hait et jamais ne lui cédera la présidence du groupe à Paris ». Pour l’autre, « l’état de grâce est terminé. Si politiquement, Nicolas Sarkozy ne peut pas se permettre d’endosser le sacrifice de Rachida, il peut bien mettre à profit le bordel qui règne actuellement à l’UMP pour faire endosser son éjection par les élus parisiens ». A l’insu de son plein gré, forcément.
Ne jamais dire « fontaine, je ne boirai pas de ton eau ». Contre toute attente, c’est à notre confrère du Point que l’on doit de découvrir en exclusivité mondiale les bonnes feuilles du livre « so people » d’Yves Azéroual et Valérie Benaïm : Carla et Nicolas, la véritable histoire. Parmi les extraits sélectionnés par le Point, figure donc le récit d’une visite de Rachida au palais de l’Élysée ; ce qui donne ceci : « Avant le dîner du réveillon (du 31 décembre), Carla et Rachida se promènent dans les appartements privés de l’Elysée. Elles traversent la chambre à coucher. A la vue du lit, la chanteuse se penche vers la ministre qu’elle connaît depuis, et lance, mi-sérieuse, mi-ironique : "Tu aurais bien aimé l’occuper n’est-ce pas ?" Cette pique jette un froid. Les deux femmes, qui vont apprendre à se connaître, vont aussi apprendre à se détester ».
Un passage d’autant plus piquant, qu’il y a quelques mois, le patron du Point, Franz–Olivier Giesbert, s’était fendu d’un éditorial dans lequel il réglait quelques comptes avec l’Express. « Jamais nous ne franchirons le seuil d’une chambre à coucher », professait Fog. Mais parfois, nécessité fait loi.
"rachida a l’interieur ce serait surement terrible pour les fonctionnaires de police et les petits comissariat."
au contraire,mon ami,au contraire.
les puissants détestent la justice (sauf quand elle est à leur botte),mais adorent la police,qui maintient l’ordre et la propriété. et puis,du point de vue de l’opinion,rajouter de la volaille quand on axe son programme sur l’insécurité,ça fait toujours bon effet.le bon peuple - celui qui ne manifeste pas et bosse en silence - s’imagine toujours la justice comme un concept lointain et foireux,alors que la police est proche et bien présente. du coup,"réformer" la justice passe quasi-inaperçu,et ne choque presque personne.rajouter des policiers,par contre,ça rassure le robert (tu sais,le pilier du pmu d’en bas de chez toi,celui qui "n’est pas raciste,mais quand même…"),et ça permet de museler le jeune des quartiers et le manifestant.
p.s:je constate que je réagis super-tardivement,là…honte sur moi.
Alors Dingo tu ne t’es toujours pas remis de ta rouste ’ :))
Tu te crois anonyme quand tu viens me harceler sous mes commentaires, pour faire croire qu’il s’agit de plusieurs internautes demandant à ce que je ne poste plus ou d’ usurper mon pseudo ;;
Tu t’es trompé d’endroit….
Fais gaffe le psychopathe , on n’est jamais anonyme sur le net ….
ps tu en es où de ta pétition ? :o)))
Condamnation pour délit de faciès Par Yves Thréard le 4 juin 2008 13h10
Est-on condamné, sous l’ère Sarkozy, à se trouver régulièrement une tête de turc dans le personnel politique ? A jouer au tir aux pigeons ? A flinguer celui ou celle qui ne dit pas ou qui ne pense pas comme tout le monde ? A mettre plus bas que terre celui ou celle qui paraît en position minoritaire dans le microcosme politico-médiatique ?
Aujourd’hui, c’est Rachida Dati qui est la cible du lynchage. Un procès en incompétence lui est intenté. Avant elle, le chef de l’Etat a subi le même sort (pas à la hauteur de la fonction), le premier ministre (sans personnalité, inexistant), Jean-François Copé, président du groupe UMP au Palais-Bourbon (dilettante)… Des voix s’élèvent, grondent, tempêtent, de droite comme de gauche d’ailleurs, pour porter l’accusation.
Tous les prétextes sont bons, surtout les plus injustes. Ce n’est pas leur action qui est en cause, mais le plus souvent leur personnalité, leur façon d’être, ce qu’il symbolise. Condamnation pour délit de faciès, pour une gueule qui ne revient pas.
Que reproche-t-on à Rachida Dati ? Son appréciation du mariage annulé de Lille. Pourquoi pas, même si la sienne, à défaut d’être irréprochable, est assez cohérente ? Beaucoup d’autres approches ont mis inutilement de l’huile sur le feu.
Cette allumette a suffi à réveiller un volcan de haine que l’on sent monter depuis longtemps à son endroit. C’était l’occasion où jamais de réclamer la tête de celle qui concentre, aux yeux du microcosme, toutes les tares supposées du sarkozysme : arrivisme, goût du clinquant, arrogance…
C’est bien de cela qu’il s’agit dans cette mise à mort. Le ressenti, l’impression comptent davantage que la lecture politique. Car les réformes menées par Rachida Dati ne méritent pas autant d’opprobre. Beaucoup, au contraire, s’accordent à les juger nécessaires (carte judiciaire, réforme de l’ordonnance de 1945, dispositif anti récidive), même si la méthode peut être contestée.
C’est dire si le procédé est ignoble. Si la politique n’était pratiquée que par des énarques bien propres sur eux, au verbe sans saveur ni audace, la France n’avancerait pas. Elle en a déjà fait la triste expérience (les ratés de l’intégration dénoncés par Dati mardi à l’Assemblée en sont la meilleure preuve). L’immobilisme tenait alors lieu de mode de gouvernance. Tournons la page, abandonnons nos préjugés et arrêtons de juger sur les seules apparences.