Le Proche-Orient s’embrase à nouveau, le Liban est à feu et à sang, Tsahal redécouvre les charmes du Sud-Liban. L’année écoulée avait pourtant été calme à la frontière…
À en croire les dirigeants israéliens, la population de l’État hébreu vivrait en permanence sous la menace des « terroristes du Hezbollah » qui ont multiplié les agressions contre Israël au cours des derniers mois. La guerre actuelle n’aurait pas d’autre explication. Or, une lecture attentive des dépêches d’agences depuis une année contredit largement cette version qui relève tout simplement de la désinformation.
Dans l’année qui a précédé la guerre, il y a eu quatre incidents sérieux au Sud-Liban, dont deux impliquent le Hezbollah et ne concernent qu’une zone occupée par Israël. A aucun moment pendant cette période, ce dernier n’a pris l’initiative de tirer des roquettes sur Israël.
Le 21 novembre 2005, le Hezbollah attaque des positions israéliennes dans la zone des fermes de Cheba’a occupée par Israël et revendiquée par le Liban. Quatre miliciens du Hezbollah sont tués et onze soldats israéliens blessés. Le Premier ministre libanais Fouad Siniora et l’armée libanaise soutiennent le Hezbollah qui se bat, disent-ils, pour la libération totale du Liban.
Le 28 décembre 2005, des roquettes Katioucha sont tirées sur le nord d’Israël qui bombarde immédiatement après un groupe palestinien pro-syrien près de Beyrouth. Un peu plus tard, Zarqaoui affirme que ce sont des membres d’al-Qaida, sur ordre de Ben Laden, qui ont fait le coup.
Le 3 février 2006, le Hezbollah attaque des positions israéliennes situées dans la zone des fermes de Cheba’a. Le Hezbollah réagit à la mort, trois jours plus tôt, d’un berger libanais de 16 ans tué par des tirs israéliens.
Le 28 mai 2006, deux jours après l’assassinat d’un dirigeant du Jihad islamique tué à Saida dans l’explosion d’une voiture piégée, la même organisation envoie une salve de roquettes sur Israël qui bombarde en représailles des bases palestiniennes au Liban. L’armée libanaise affirme un peu après que des Libanais, manipulés par les services israéliens, sont passés aux aveux. Le grand journal israélien Yediot Aharonot, de son côté, demande l’ouverture d’une enquête sur une possible implication du Mossad (services secrets israéliens, ndlr).
Dans la série des « provocations » répétées, il n’est pas inutile de rappeler qu’Israël, en dépit des condamnations de l’ONU, viole presque quotidiennement depuis des années l’espace aérien et maritime libanais n’hésitant pas à franchir le mur du son à basse altitude ce qui traumatise beaucoup de monde.
Par ailleurs, le cheikh Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, a indiqué publiquement à plusieurs reprises que son organisation avait « le devoir » de capturer des militaires israéliens au Liban pour les échanger contre des Libanais toujours détenus en Israël sans jugement et dont au moins trois auraient dû être libérés en 2004, avant Israël ne change d’avis.
Comme on le voit, les « provocations » du Hezbollah ont été fort peu nombreuses et n’ont concerné qu’une zone occupée par l’Etat hébreu. Ce n’est qu’à partir du 12 juillet, en réponse aux bombardements massifs israéliens sur le Liban que le Hezbollah a commencé à tirer des centaines de roquettes sur Israël. Néanmoins, le nombre de victimes et les dégâts provoqués en Israël sont sans commune mesure avec la tragédie vécue par les Libanais.
On peut raisonnablement penser, avec le Premier ministre libanais Fouad Siniora, que si Israël restituait les fermes de Cheba’a et cessait de violer l’espace aérien libanais, on priverait le Hezbollah d’arguments pour continuer le combat et on faciliterait la tâche de l’armée libanaise. Comme on peut penser que s’il offrait une perspective aux Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie on ne serait pas dans une impasse totale…