Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MONDE / ASIE

Que s’est-il vraiment passé lors des émeutes à Lhassa ?

Tibet / mercredi 19 mars 2008 par Lara Mace
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Les autorités chinoises mettent toute leur énergie à contrôler l’information sur les émeutes survenues au Tibet sans toutefois y parvenir complètement. Le récit complet de « Bakchich ».

S’il y a un point sur lequel Tibétains et Chinois s’accordent au sujet des violentes émeutes survenues au Tibet le week-end dernier, c’est bien qu’il s’agit des plus graves troubles depuis 1989, date à laquelle des manifestations de moines tibétains s’étaient achevées dans le sang. Que s’est-il exactement passé à Lhassa, capitale du Tibet, les 13 et 14 mars derniers ? Aucun observateur indépendant ne le sait avec certitude car les étrangers ont fermement été « conviés » par les autorités chinoises à quitter les lieux. A une exception près : le journaliste de l’hebdomadaire anglo-saxon The Economist, James Miles. Il est à ce jour connu comme étant le seul reporter étranger présent à Lhassa lors des émeutes. Cela tient du miracle mais, bien avant que celles-ci n’éclatent, il avait obtenu des autorités chinoises le fameux laisser-passer pour se rendre au Tibet. Le territoire est depuis interdit aux médias étrangers et Pékin ne lésine pas sur les expulsions.

Le témoignage du journaliste James Miles

Si James Miles ne décrit pas les émeutes en elles-mêmes (sans doute a-t-il été cantonné dans son hôtel pendant le feu de l’action), il a rédigé deux reportages dans The Economist. Le 13 mars d’abord où il fait état de témoignages affirmant que les Chinois avaient renforcé les mesures de sécurité à l’approche du 10 mars, date anniversaire de la grande révolte tibétaine de 1959 contre l’occupation chinoise qui a abouti à l’exil du dalaï lama à Dharamsala, en Inde.

Selon James Miles, les troubles semblent avoir débuté le 10 mars même lorsque la police a empêché environ 300 moines de manifester à Lhassa. Le lendemain, 600 moines se sont rassemblés pour demander la remise en liberté de leurs frères arrêtés la veille. Le second reportage, daté du 17 mars, ne traite pas de ce qui s’est passé les 13 et 14 mars mais décrit ce que le journaliste a observé dans les heures qui ont suivi les émeutes : « les forces de sécurité sont particulièrement présentes dans le quartier tibétain. Des policiers anti-émeutes équipés de casques sont postés tous les quelques mètres. (…) Les résidents sont soumis à des contrôles d’identité. » Il mentionne la présence de véhicules de types militaires sans plaques d’immatriculation. Le journaliste décrit aussi en partie l’état de la ville : une agence de la Bank of China aux fenêtres brisées, idem pour le siège du Tibet Daily, l’organe de communication du parti communiste dans la région, un cybercafé ravagé par le feu, tout comme des magasins tenus par des Chinois.

« Une orgie anti-chinoise » ?

A noter que James Miles n’hésite pas à parler d’ « orgie anti-chinoise ». Ce que de rares touristes occidentaux présents à Lhassa au moment du pic de violence ont confirmé au quotidien britannique The Guardian. C’est le cas de cet homme qui se trouvait dans un hôtel de la capitale tibétaine géré par des Chinois : « au début, les manifestations semblaient organisées mais elles se sont vite transformées en une foule qui ciblait les Chinois et leurs magasins. Notre hôtel était majoritairement occupé de clients chinois qui sont entrés en panique. Ils se sont armés avec tout ce qu’ils pouvaient trouver : des tessons de bouteilles de bière, des hachoirs à viande. Ils ont commencé à casser des chaises et des fenêtres pour s’armer. »

Des témoignages de Tibétains anonymes ont également été diffusés par la chaîne de télévision anglaise BBC (on imagine les risques qu’ils ont pris pour témoigner). Un manifestant tibétain de Machu, dans la province du Gansu (les troubles ne sont pas survenus qu’à Lhassa), raconte que, dimanche 16 mars, 200 personnes ont manifesté, « descendant le drapeau chinois, le brûlant et hissant le drapeau tibétain à la place. Dans la soirée, la foule a rejoint les bâtiments du gouvernement (local) et y a mis le feu. Un peu plus tard, les bureaux de la Sécurité publique ont été incendiés. Le long de leur chemin, les gens incendiaient des motocyclettes et des magasins. Je pense qu’il s’agissait de magasins tenus par des Chinois. J’étais là, j’ai tout vu. » Un autre homme, de Lhassa cette fois, dit qu’il a été autorisé à passer près du marché de Tormzig Khang où la police et l’armée étaient présentes en force et qu’il a entendu que des arrestations étaient en cours et que deux personnes avaient été tuées au monastère de Tsanghung.

Polémique sur le nombres de victimes

Autre question délicate, tant les chiffres varient : le nombre de victimes. De son côté, le gouvernement tibétain en exil fait état de 99 morts, dont 80 à Lhassa. Le gouvernement central de Pékin affirme, lui, que 13 personnes sont décédées. On ne sait pas quelle est la proportion de Chinois et de Tibétains. Le nombre exact des morts est aujourd’hui impossible à confirmer et il ne le sera probablement jamais. Toutefois, une ONG étrangère, totalement indépendante, présente à Lhassa et qui souhaite conserver l’anonymat pour préserver ses chances de continuer à travailler faisait, elle, état lundi 17 mars de 130 morts et de 1 500 blessés. Là non plus, aucune nouvelle du sort des blessés ni de combien d’entre eux seraient décédés dans les jours ayant suivi le pic de violence du week-end dernier.

Un diaporama photo des victimes de la répression chinoise diffusé par Free Tibet

En effet, aujourd’hui, le black-out sur ce qui se passe maintenant au Tibet est complet. Écran noir. Seules continuent à arriver au compte-goutte sur YouTube des vidéos des émeutes du week-end dernier à Lhassa mais aussi dans d’autres régions. De son côté, Pékin a lancé un ultimatum aux manifestants, leur donnant jusqu’au lundi 17 mars minuit pour se rendre et ainsi bénéficier de « clémence ». Selon la presse chinoise, 105 personnes de seraient livrées d’elles-même. Une minorité de manifestants, donc. Selon le porte-parole du dalaï lama, les forces de l’ordre chinoises effectueraient du porte-à-porte pour débusquer les manifestants et d’anciens prisonniers politiques auraient été arrêtés.

« Une lutte à la vie à la mort »

Mais le vocabulaire guerrier employé par les autorités chinoises laissent présager du pire. Selon l’agence Reuters, le secrétaire du Parti communiste au Tibet a déclaré ce mercredi lors d’une téléconférence avec les dirigeants de la région que « nous sommes au cœur d’un combat féroce mêlant le sang et les flammes, une lutte à la vie à la mort contre la clique du dalaï lama ».

Si en Europe, notamment en France et en Allemagne, des voix s’élèvent pour réclamer le boycott des Jeux Olympiques de Pékin qui se tiendront en août, les grandes ONG de défense des droits de l’homme, adoptent pour le moment une position plus médiane. Ainsi, dans un communiqué du 19 mars, l’Ong américaine Human Rights Watch rappelle qu’en expulsant les journalistes étrangers du Tibet, la Chine viole son engagement pris auprès du Comité International Olympique, à savoir autoriser les journalistes étrangers à se déplacer dans tout le pays. Human Rights Watch appelle surtout la Chine à « immédiatement » accepter l’envoi d’observateurs internationaux au Tibet et réclame la publication des noms des personnes arrêtées. L’ONG fait enfin état de rapports « non confirmés » mentionnant l’arrestation de centaines d’individus.

Entre la Chine et le dalaï lama, la guerre de com’ est lancée

Après les violences qui ont ensanglanté les rues de Lhassa, l’affrontement s’engage sur un autre terrain : celui de la communication. Une guerre que Pékin ne peut pas perdre à quelques mois des Jeux Olympiques.

Pour lire la suite cliquez ici


AFFICHER LES
12 MESSAGES
0 | 5

Forum

  • Que s’est-il vraiment passé lors des émeutes à Lhassa ?
    le jeudi 20 mars 2008 à 20:54, bdlr a dit :
    pendant ce temps les chinois ont achetés tout les bars tabac de paris … hi hi hi !
  • Que s’est-il vraiment passé lors des émeutes à Lhassa ?
    le jeudi 20 mars 2008 à 10:25
    que d’humanité dans les commentaires, ils parlent plus de pub que du sujet ?? d’autre part, un mal fou à lire le sujet, suis constamment éjecté de bakchich… je vais tenter de lire la suite.
  • Que s’est-il vraiment passé lors des émeutes à Lhassa ?
    le jeudi 20 mars 2008 à 10:08, karl jooris a dit :
    contre révolution spontanée ou manipulée.COMPTE TENU D’UN QUADRILLAGE DE LA POLICE CHINOISE ?ON NE COMPREND PAS TRES BIEN.ON Pourra noter lorsqu’on évoque la puissance militaire chinoise "tigre de papier"" un équipement obsolete en comparaison de celui affiché par nos forces de de sécurité alignées en banlieue.Autre feu ,qui permet de neutraliser les foyers Kossovo ,tchétchénie ,Irak.,crise financière .nous sommes inondés. de commentaires de spécialistes ou l’on entend les pires conneries vous verrez ,tout cela comme disait lFerré finira dans une commission trafiquée de préférence
  • Que s’est-il vraiment passé lors des émeutes à Lhassa ?
    le jeudi 20 mars 2008 à 08:43, garfieldfr a dit :
    Pierre Moureu fait le tour du monde à vélo. Il était à Lhassa le 14 mars dernier et témoigne de ce qu’il a vu sur son blog… Enorme ! www.sudouest.com
    • Que s’est-il vraiment passé lors des émeutes à Lhassa ?
      le jeudi 20 mars 2008 à 16:23, Cobab a dit :
      MErci pour l’info. dessous lien direct vers le billet de P. Moureu
  • Que s’est-il vraiment passé lors des émeutes à Lhassa ?
    le mercredi 19 mars 2008 à 23:33, infiltré a dit :

    un truc curieux :

    le dalaï lama qui demande de l’aide de la part du "monde libre" qui a pulvérisé l’irak ???

    c’est beau la spiritualité…

0 | 5
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte