Tout le monde l’a oublié : en 1983, sur France-Inter, un jeune homme de droite fustigeait à l’antenne le pouvoir socialiste et expliquait comment la droite pouvait revenir au pouvoir. Cette voix, on la reconnaît aujourd’hui, c’était celle de François Hollande… Voici tous les détails de cette étrange histoire.
« Les livres anonymes, c’est comme les lettres anonymes, ça va à la poubelle ! » Devant les caméras du Grand Journal de Canal+, le 5 mai dernier, le journaliste Jean-Michel Aphatie pique une grosse colère. Il fustige Mitterrand 2008, il revient…, un livre écrit fictivement par Tonton, dont on ignore la véritable identité, et édité par Guy Birenbaum.
Pour étayer sa démonstration, Aphatie sort des limbes un livre de 1983, De la reconquête, signé Caton. L’ouvrage avait fait grand bruit pendant près d’un an dans la France mitterrandienne. L’auteur était soi-disant un homme politique de droite de premier plan, ulcéré par les guerres fratricides de Chirac et Giscard, et qui balance tout ce qu’il sait. Pendant près d’un an, Caton survit à l’anonymat quand André Bercoff se décide à révéler son pseudo. Le masque tombe. L’homme politique de droite est en fait un journaliste-essayiste de gauche. Voilà l’exemple dont se sert Apathie pour dénoncer le principe de l’anonymat. Il s’en donne à coeur joie : Bercoff est « la première tromperie sur la marchandise »
Deuxième et troisième tromperie liée à l’affaire Caton, selon Aphatie, Attali et Mitterrand ont orchestré l’affaire ! Ce qui est tout à fait vrai. Attali en parle dans ses premiers Verbatim, avant la fin du premier septennat. Pour Aphatie, la fourberie est totale. Non seulement ce n’était pas un coup d’un homme politique de droite, mais bel et bien celui du Prince. L’anonymat sert de manœuvre. Qu’en dit Caton lui-même, André Bercoff ?
Le scoop d’Aphatie, le voici. Caton, à défaut d’un visage, avait à l’époque pris une voix. Au cours de l’année 1983, surprise : l’auteur sans visage, dont tout le monde ignore encore l’identité, débarque sur les ondes de France Inter et s’incarne à l’antenne : « La vérité c’est tout simplement que le pouvoir socialiste ne tombera pas comme un fruit mûr. Et ceux qui laissent entendre que nous pouvons, c’est-à-dire nous la droite, revenir au pouvoir dans les mois qui viennent, ou même dans les deux années qui viennent se trompent, et trompent les Français. Ce n’est pas parce que Pierre Mauroy est à Cayenne ce matin que nous sommes débarrassés de la gauche ». Celui qui joue Caton au micro de France-Inter est en ce temps-là un inconnu. Mais aujourd’hui, on reconnaît fort bien la voix du sémillant… François Hollande ! Vingt-neuf ans à l’époque, jeune conseiller dévoué de Jacques Attali et apprenti-menteur. Il faut dire qu’il était à la bonne école !
Bref. Après Aphatie qui s’en prend à Bercoff, Bakchich, défenseur comme jamais du principe d’équilibre, donne à Bercoff la possibilité de s’en prendre à son tour à Apathie, le journaliste "entertainer" qui badine politique pour insérer un peu de contenu entre une promo de cinéma et le sourire de Denisot. Bercoff met un joli coup de boule au journalisme assis.