Expliquant l’abandon du badge « Pour un monde meilleur » que devaient arborer les sportifs français aux J.O. de Pékin, Henri Sérandour, le président du Comité olympique et sportif français, a fièrement assuré dans L’Equipe (16 avril) : « Je n’ai pas retourné ma veste ». Non ! Effectivement : il a simplement enlevé son froc ! Les Chinois ne veulent pas d’un slogan extrêmement subversif qui sous-entend que le monde doit être meilleur, utopie naïve !
Allons plus loin : il est temps de supprimer des épreuves olympiques dont le contenu idéologique est suspect :
– le marteau (même sans la faucille) rappelle fâcheusement le règne de l’Union Soviétique et son communisme primaire, ennemi du maoïsme ;
– le hockey sur gazon est une allusion malfaisante à l’avancée inexorable du désert de Gobi qui menace Pékin ;
– le saut en hauteur est un rappel diffamatoire de la petite taille des Chinois ;
– le 100 mètres nage libre doit être rebaptisé « 100 mètres » car le mot de liberté laisse entendre que le peuple chinois en est privé, ce qui est faux !
– le tir à l’arc suggère que cette arme primitive est encore utilisée en Chine alors que le grand peuple chinois possède la bombe atomique ;
– la lutte libre (encore ce maudit terme) est un rappel malvenu de la lutte des classes qui sévit encore dans les campagnes chinoises.
Dans la cohérence de sa politique, le bureau politique chinois a donc proposé au CIO de remplacer ces épreuves douteuses par des compétitions qui exalteront le courage de ce grand peuple :
– la longue marche sera un rappel utile de la libération maoïste ;
– le tir sans sommations préviendra les Tibétains qu’ils ne doivent espérer aucune mollesse de l’armée chinoise ;
– tous les matches collectifs (foot, basket, volley) seront réservés aux pays qui luttent sans relâche contre l’individualisme bourgeois ;
– profitant des milliards de dollars accumulés par leurs exportations aux USA, les Chinois auront le droit (et le devoir prolétarien) d’acheter tous les juges et les arbitres de toutes les disciplines afin de terminer en tête du palmarès olympique, ce qui est l’objectif purement sportif de ces JO.
Ainsi, le badge « Pour un monde meilleur » devient obsolète puisque les Chinois vivent déjà dans le meilleur des mondes !