Pendant que le trublion Ahmadinejad entame sa tournée de VRP diplomatique dans les contrées voisines d’Asie centrale, une annonce tonitruante émanant du gouvernement américain risque de provoquer l’ire de Téhéran.
Conjointement, le New York Times et le Washington Post de ce mercredi distillent l’intention des Ricains d’inscrire les Gardiens de la Révolution, ou pasdarans, sur la liste des organisations terroristes étrangères. Une première ! Qualifier une organisation militaire officielle d’un Etat souverain de « terroriste », c’est du jamais vu. Sauf que Bush & Co soupçonnent la force militaire iranienne d’élite de soutenir financièrement et militairement les insurgés en Irak, en Afghanistan, et dans les autres poudrières Moyen-orientales. Ce qu’a toujours démenti Téhéran.
Qu’importe, c’en est trop pour la Maison-Blanche qui ne peut plus tolérer le sponsoring délétère des 125 000 Gardiens de la Révolution [1]. Une nouvelle qui augure un durcissement radical des Etats-Unis face au régime des Mollahs shootés à l’uranium et de leur tripotée de sbires en treillis. Selon le Post, cette décision découle des assauts répétés du Congrès sur l’administration Bush qui ne supporte plus d’être nargué, à l’instar de l’ONU, par l’avancée du programme nucléaire iranien. Le New York Times, précise que la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice en a informé ses homologues européens. Tirant à boulet rouge sur l’atonie onusienne face aux insolences de Téhéran, matelot Condy passe à l’abordage, arguant que « l’action unilatérale » s’imposait désormais, laissant aux oubliettes l’esquisse de dialogue americano-iranienne sur l’Irak.
Cette officialisation de l’officieuse étiquette terroriste collée sur les épaulettes des pasdarans marque un tournant. Bush et ses acolytes planifient ainsi l’harponnage des vastes tentacules économiques des pasdarans en vue de renverser le paquebot d’Ahmadinejad. À moins que le Conseil de sécurité mette les voiles vers de nouvelles sanctions contre le régime des mollahs, le décret devrait entrer en vigueur à la fin du mois. Toutefois, les spécialistes émettent des doutes tant qu’à la capacité d’intrusion américaine dans les méandres financiers opaques des pasdarans.
Crée le 5 mai 1979, cette force loyale à l’ayatollah a pour mission de défendre la révolution islamique et de garantir la sécurité nationale. Etoffée des paramilitaires bassidjis et des forces d’entraînement étrangères Al-Qods, les pasdarans assurent une double fonction idéologique et militaire au service du guide de la révolution, la plus haute autorité du pays. Pour la théocratie balbutiante de l’époque, cette armée parallèle permettait de contrebalancer l’influence déclinante de l’armée régulière, dont une partie demeurait fidèle au Chah. En juin dernier, lors d’un symposium intra-pasdarans, leur chef Yahya Rahim Safavi se vantait allègrement que « l’existence même aujourd’hui du corps des gardiens de la révolution fait craindre le pire aux responsables américains et a fait que la Maison blanche implore Téhéran d’entreprendre des négociations sur la sécurité de l’Irak ». Portés au pinacle par les caciques du régime, les pasdarans jouissent d’une immunité sans égale, largement entretenue par leur ferveur religieuse mise au service de la lutte contre les « ennemis » de l’extérieur.
Ahmadinejad les connaît pour en avoir fait partie, tout comme le négociateur nucléaire Ali Laridjani, et entretient bien plus que de la sympathie à leur égard. D’ailleurs, depuis son accession à la barre du paquebot Iran, la sphère politique est largement irriguée par les pasdarans. Pas moins de quatorze ministres et quatre-vingts parlementaires proviennent de leurs rangs. Loin de se cantonner à la politique, ceux-ci ont grassement investi dans le pays sous les bonnes grâces du Président. Bien implantés dans le secteur minier et pétrolier, de l’armement ainsi que dans la construction, ils raflent des contrats tous azimuts. Depuis, la fin du conflit Iran-Irak en 1988, les pasdarans se sont emparés de 1 220 entreprises nationales et régionales, indique sans fard le journal d’Etat Sharq du 8 juin 2006. Soit, pas moins de 7 milliards de dollars de contrats octroyés à ces militaires dont l’influence s’étend bien au-delà des champs de bataille.
L’uniforme en guise de déguisement au service du pouvoir des mollahs en gandouras.
[1] selon le Centre d’études stratégiques et internationales de Washington contre 350 000 membres selon l’Institut international des études stratégiques à Londres
Elargissons, s’il-vous-plaît, le débat ! La bonne question n’est-elle pas : MERCENAIRES, terroristes d’Etat ??
N’est-il pas intriguant de constater la banalité avec laquelle les médias occidentaux abordent les activités des mercenaires —anciens Légionnaires, anciens sbires sud-africains nostalgiques de l’apartheid, anciens Marines, anciens tortionnaires serbes, anciens des commandos israéliens, you name it ! —comme disent les ’ricains… Ces Private Contractors, selon la terminologie officielle, opèrent —c’est-à-dire "terrorisent"— en toute impunité, pour le compte de sociétés ayant pignon sur rue (voir ci-dessous le lien Wikipedia au sujet de Blackwater USA à laquelle est également consacrée la dernière monographie du journaliste américain Chris Hedges).
Donc, retenez la leçon du jour : quand il s’agit de terroristes occidentaux (plutôt blancs) et de leurs supplétifs locaux recrutés dans des magazines spécialisés (Soldier of Fortune, par exemple), il ne faut pas dire "terroriste" mais "mercenaire" ou mieux : "private contractor"… En revanche, s’il s’agit de bougres basanés, plutôt barbus, enturbannés, opérant pour le compte de la nébuleuse Al-Qaeda, et souvent selon un modus operandi suicidaire (en accord avec la martyrologie islamiste), il faut dire "terroriste" —Verstehen ? Capito ? Get it ?
Je l’ai toujours dis (soupir !) : l’erreur stratégique —Kolossale !— de Bin Laden (paix à son âme) est de n’avoir pas "incorporé" Al Qaeda en société anonyme… Bin Laden, le Bob Denard des "bougnouls" ! Les choses auraient été tellement plus claires ! Imaginez donc : Al Qaeda Inc. établie à Kaboul et ses filiales détenues à 100% : Al Qaeda S.A. en Suisse, Al Qaeda Plc à Londres, recrutant, comme toute boîte de mercenaires qui se respecte, via Soldier of Fortune, des "mercenaires" pour des opérations de maintain de l’ordre à New York, Washington, etc. Une licence de pilote 737/747 étant un GROS avantage —Envoyez votre CV et prétentions salariales au Mollah Omar.
bonjour, je me permets de vous citer :
" Pendant que le trublion Ahmadinejad "
euh et bien il s’agit quand même d’un dirigeant démocratiquement élu et légitime, bon il s’agit aussi d’une théocratie , et votre propos certainement du second degré, il est à mon sens maladroit car il prête à confusion sans vous accuser pour autant de velléité de racisme, mais pourtant j’ai une sensation désagréable à sa lecture.
" face au régime des Mollahs shootés à l’uranium et de leur tripotée de sbires en treillis."
Tiens tiens et comment cela se passe en France en Europe et en occident (dont Israël) il suffit de trouver des termes couleur locale pour remplacer " Mollahs " j’imagine, par énarques, banquiers.
Sans parler du fait que ces derniers ont par le passé sponsorisé, la chute du leader Perse le Docteur Mossadegh, au profit du boucher Pahlavi dit le Shah, ainsi que l’émergence de l’actuelle théocratie Iranienne après moult péripéties (répression des mouvements libérateurs de gauche(éviction des anciens alliés marxistes, anarchistes), diabolisation du vieux leader Khomeini, Iran gate, guerre Iran/Irak)
" L’uniforme en guise de déguisement au service du pouvoir des mollahs en gandouras. "
pour l’uniforme, effectivement cela nous change des gardes suisses, voir des culottes de peau des tyroliens (Benoît XVI ex Monsignore Raztinguer).
Vous le comprenez j’ai pas trop aimé votre article, à mon sens maladroit et ambigu, tout en lui reconnaissant des qualités au niveau de l’information factuelle, sur l’influence économique et politique des gardiens de la révolution.
C’est à mon avis un papier d’équilibriste au pas mal assuré, il doit s’agir d’un faux pas un tantinet raciste ou d’un style qui vous est propre et que je découvre.
Je ne peux néanmoins que vous encourager à continuer dans votre démarche de partage de l’information et d’analyse, et en ce qui concerne la forme, gardez à l’esprit qu’elle peut desservir le propos.
Cordialement.