Quel qu’il soit, le prochain secrétaire général de l’Onu honorera une tradition maison : avoir un nom compliqué.
Au printemps 2003, l’hyper-puissance américaine et son allié britannique prenaient la responsabilité de déclencher une nouvelle guerre contre l’Irak en contournant l’Organisation des nations unies et son organe exécutif : le Conseil de sécurité. Dès la fin des opérations, les mêmes découvraient ou plutôt redécouvraient qu’ils ne pourraient pas rétablir la paix sans les Nations unies. Mais le mal était fait et l’on demandait à l’ONU – comme souvent au cours de son histoire – de faire l’impossible : stabiliser et reconstruire l’Irak.
Le 11 août dernier, le Conseil de sécurité adoptait la résolution 1701 qui mettait fin aux hostilités israélo-libanaises déclenchées un mois plus tôt. L’ONU revenait au centre de la gestion des crises internationales. Elle n’a jamais cessé de l’être, en réalité, avec ses fameuses « opérations de maintien de la paix », directement comme au Congo et au Darfour ou indirectement comme en Afghanistan. Certes, la tâche est difficile, mais l’ONU tente d’effectuer ces missions impossibles comme elle assume avec ses agences techniques – le Haut commissariat aux réfugiés, l’Organisation mondiale de la santé ou le Haut commissariat aux droits de l’homme – bien d’autres tâches d’urgence, de reconstruction et de développement dans de nombreux pays.
Fin décembre 2006, le secrétaire général Kofi Annan achève son second mandat et les 192 Etats membres de l’organisation devront nommer un nouveau patron de l’ONU. En juin dernier, l’Inde a nommé Shashi Tharoor comme candidat à cette succession. Actuellement secrétaire général-adjoint chargé de la communication et de l’information, Shashi Tharoor a travaillé 28 ans à l’ONU, notamment au Haut commissariat pour les réfugiés. Ayant presque tout fait dans l’organisation, il a été l’assistant spécial du secrétaire général, justement chargé des opérations de maintien de la paix. Lors d’un vote « blanc » initié par la France, Shashi Tharoor a reçu les « encouragements » de dix membres sur les quinze que compte le Conseil de sécurité. C’est le candidat Ban Ki-Moon qui est arrivé en tête avec douze voix. Mais ce vote, à bulletins secrets, n’est qu’indicatif, et rien n’empêchera les membres permanents de faire usage de leur droit de veto ou de se mettre d’accord sur un candidat de dernière minute. On sait, notamment que les Etats-Unis préparent, dans l’ombre, une candidate originaire des Pays Baltes qui présente l’avantage, à leurs yeux, d’être une farouche partisane et militante de l’OTAN et de l’expansion, tous azimuts, des opérations extérieures de l’Alliance atlantique… une façon de mettre l’ONU encore un peu plus sous tutelle américaine.
Seul un candidat – peu ou prou - indépendant et – peu ou prou - hors de portée d’une influence étatsunienne pourra relever les grands défis d’une ONU mieux adaptée aux désordres actuels du monde. Il y a, bien-sûr – les grands objectifs du millénaire concernant la pauvreté, l’accès à l’eau et l’éducation, notamment. Il y a la réforme du système – partiellement engagée – avec la Commission de consolidation de la paix, le Conseil des droits de l’homme et les questions de gestions. Il y a aussi la réforme du Conseil de sécurité qui reste bloquée mais qui demeure nécessaire puisque l’organe exécutif de l’ONU, aujourd’hui, n’est plus représentatif du monde d’aujourd’hui.