Ce que Marc Godin, l’éminent critique ciné de Bakchich, vous conseille (ou pas) parmi les films à l’affiche.
Parmi les films à l’affiche dans les salles de cinéma françaises mercredi 16 décembre.
Max et les maximonstres de Spike Jonze
Terminé depuis plus d’un an et demi, monté et remonté, puis oublié sur une étagère par la Warner, "Max et les maximonstres" est l’adaptation d’un classique de la littérature pour enfants signé Maurice Sendak.
D’une fidélité absolue, Spike Jonze donne de la chair à la vingtaine de phrases et d’illustrations du livre, et raconte l’odyssée d’un môme hyperactif qui devient le souverain d’une bande de monstres poilus et désœuvrés sur une île mystérieuse. Le talent fou de Jonze vibre à chaque plan, et le réalisateur de "Dans la peau de John Malkovich" parvient à nous reconnecter avec les sensations d’un enfant de neuf ans (je pense à la joie totale du môme quand il se roule dans la neige).
Il y a également une rage punk qui bouillonne dans ce film destroy, un furieux appétit pour déconstruire la réalité, la forme, la narration. Mais en ancien du gang de "Jackass", Jonze s’égare parfois avec de (trop) longues séquences de baston et de destruction destinées aux enfants de la génération Ritalin.
J’en suis néanmoins sorti avec l’envie de sauter à pieds joints sur la tête de mon voisin (ça tombe bien, c’était un kritik de Télérama). Et de revoir très vite le film.
The Proposition de John Hillcoat
Avant de réaliser "La Route", John Hillcoat a dégoupillé en 2005 ce western ultra-violent, écrit par le chanteur Nick Cave, à mi-chemin entre le cinéma de Peckinpah et El Topo. Dans l’outback australien du XIXe siècle, un shérif propose un marché insoutenable à l’excellent Guy Pearce : il épargnera son frère cadet s’il met un terme aux agissements de son frère aîné, un tueur allumé. S’ensuit une balade élégiaque dans le désert, ponctuée de séquences foudroyantes, magiques ou barbares.
Le père de mes enfants de Mia Hansen-Love
Ne vous laissez pas abattre par le titre. Cette histoire d’un producteur qui tombe, qui s’effondre, et de sa famille qui tente de se reconstruire, confirme le talent éclatant de Mia Hansen-Love.
RTT de Frédéric Berthe
Vieux projet qui traîne depuis des années, RTT déboule enfin sur les écrans. Le film est bien sûr une daube, mais c’est surtout Kad Merad qui fait de la peine. Il se compromet dans des trucs nuls, mais quand il déclare au 20 heures : « Moi, j’aimerais être un peu une espèce de Claire Chazal au cinéma », on est juste consterné.
Spike Jonze est nul, son "Being John Malkovich" a fait illusion, mais un passage à la télévision nous a fait tomber les écailles des yeux tant c’était consternant d’agitation absurde et inutile.
Kad Mérad est en train de se girardotiser. Dans les années 70, Annie Girardot était présente dans une demi-douzaine de films chaque année. Le public a fini par se lasser, n’a plus voulu la voir, et sa carrière a été sciée à la base. Pour durer, il faut se faire rare.
Je pense que Spike Jonze est un auteur passionnant. Dans la peau de John Malkovih était vraiment jubilatoire (comme on dit à Studio) et Adaptation est simplement un très grand film.
Quant à Kad, vous avez raison, il tourne trop et se compromet dans un paquet d’émissions télé pas reluisantes. L’autre problème est qu’il ne joue quasiment que dans des merdes… A sa grande époque, Annie Girardot a travaillé avec Ferreri, Lelouch, Audiard père, Monicelli, Grangier ou Luchino Visconti. C’est quand même autre chose…