On aimerait y croire, se dire que l’homme providentiel qui va réconcilier l’Amérique avec le reste du monde est arrivé et pourtant, il y a un je ne sais quoi qui flotte dans l’air qui me fait penser que Barack Obama aura du mal à être élu président des Etats-Unis, ou même à obtenir l’investiture démocrate en août prochain. Oui, j’ai bien peur qu’il n’atteigne pas son objectif malgré son avance actuelle sur Hillary Clinton et malgré ses multiples victoires dans les primaires, la dernière en date étant celle du Mississipi.
Pourquoi une telle réserve ? Il suffit de lire les multiples éditoriaux publiés aux Etats-Unis ou ailleurs, pour se rendre compte d’une première évidence. Pour de nombreux observateurs, l’élection d’Obama constituerait une telle rupture dans le fonctionnement habituel des Etats-Unis qu’ils ont du mal à croire qu’elle pourra se réaliser. En somme, le rêve serait trop beau pour être vrai.
L’intéressé a d’ailleurs, lui-même, longtemps parlé de sa « candidature improbable », mettant l’accent sur le caractère éminemment nouveau voire incongru de sa présence dans la course à la Maison-Blanche. Rendez-vous compte, l’Amérique et donc le monde entier, passeraient du jour au lendemain de George W. Bush à Barack Obama ! Quel gouffre entre celui qui vient de mettre son veto à une loi du Congrès américain qui entendait interdire certaines tortures – dont celle de la simulation de noyade – et celui qui ne cesse de parler de paix et de concorde, donnant parfois à son discours des intonations bibliques, comme lorsqu’il lance à ses partisans venus l’entendre : « Nous sommes ceux que nous attendions ».
Le changement à Washington serait tel qu’il en vient à être considéré comme impossible, y compris par ceux qui l’espèrent et qui n’en peuvent plus de l’administration actuelle et de ses errements. Voilà une réaction très humaine qui consiste à ne pas trop vouloir y croire par peur d’être déçu. Il y a même un zeste de superstition qui entoure les propos des partisans d’Obama, dont on note en permanence la volonté d’adopter un profil modeste pour ne heurter personne.
Avant d’aller plus loin, il faut tout de même relever qu’une grande partie de la planète se passionne pour l’élection américaine. Certes, ni vous ni moi n’auront le droit de voter au mois de novembre prochain, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que nous sommes presque autant concernés que monsieur Smith dans son patelin perdu au fin fond de l’Arkansas.
La situation internationale est telle que tout ce qui modèle les Etats-Unis affecte forcément le reste du monde même si, il ne faut pas se leurrer, un homme seul ne change pas un système. Hubert Védrine, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, celui qui le premier a qualifié l’Amérique, « d’hyperpuissance » le répète souvent : les Etats-Unis ont toujours eu leur propre agenda et si les présidents passent, le système demeure.
En clair, élu ou pas, Obama ne devrait pas déroger à cette règle fondamentale qui est que les Etats-Unis font toujours passer leurs intérêts en premier. Cela peut s’accorder avec une cause juste, et c’est alors tant mieux pour le reste du monde. Mais, hélas, et l’invasion de l’Irak l’a bien montré, ce n’est pas toujours le cas.
Alors, pourquoi attendons-nous autant d’Obama ? La première réponse est évidente. L’homme est noir, métis pour être plus exact. Dans un pays qui a eu toutes les peines du monde à mettre fin à la ségrégation — qui, telle une maladie chronique, se manifeste encore de temps à autre –, l’arrivée à la magistrature suprême d’un Noir, ne peut, pensons-nous, que déboucher sur des changements positifs. Ce raisonnement est dangereux et relève même d’un racisme inversé. Ce n’est pas parce qu’un politicien est Noir qu’il ne fera forcément que de bonnes choses. En ce sens, insister sur la couleur de peau d’Obama pour en faire un argument est dangereux.
Je sais qu’il est difficile de faire autrement car, nombre d’entre-nous ont été conditionnés par l’imaginaire édulcoré et politiquement correct que nous imposent les films et séries télévisées d’outre-Atlantique. Dans ces productions, il est très rare que le mauvais politicien pour ne pas dire le corrompu ou le véreux soit Noir.
Barack Obama, pour des millions de personnes à travers le monde, est le pendant, dans la vie réelle, de Robert Palmer, le président noir, intègre et courageux, qui, avec l’agent Jack Bauer, tient la vedette des premières saisons de la fameuse et controversée série 24 heures. Ce filtre racial nous empêche peut-être d’examiner en toute objectivité le programme d’Obama.
Que dit-il en matière de politique étrangère ? En réalité pas grand-chose, mais son aura est immense parce que contrairement à Hillary Clinton, il n’a pas voté en faveur de la guerre en Irak. Il affirme aussi qu’il ouvrira le dialogue avec les ennemis de l’Amérique, dont l’Iran. Si cela se réalise, ce sera une bonne nouvelle pour la paix dans le monde et une mauvaise pour tous ceux qui, y compris en France, s’agitent et activent pour que les Etats-Unis interviennent militairement contre le régime des Mollahs.
Mais ces déclarations d’intention ne sont pas suffisantes. Paradoxalement, il manque encore à connaître le fond de sa pensée. A l’entendre parler de rupture, de courage, de bon sens (en politique étrangère), de résolution et d’engagement, j’ai du mal à chasser de mon esprit la comparaison avec Ségolène Royal. Beaucoup de paroles mais, comme disent les Américains : « where is the beef ? » Où est la viande ? C’est-à-dire, où sont les propositions concrètes en matière de politique économique ou de politique étrangère ? Le bon sens, comme les bons sentiments, n’ont jamais fait un programme politique crédible.
Je n’ai guère de sympathie pour Hillary Clinton mais il se peut qu’à terme, les Américains réalisent qu’elle a, non pas, plus de convictions qu’Obama, mais peut-être plus d’aptitudes à diriger leur pays. La seule question qui se pose alors, c’est de savoir s’ils vont le comprendre avant ou après les primaires démocrates. Car pour battre un vieux routard de la politique comme le républicain John McCain, il faudra plus que de l’éloquence dans le discours.
©Le Quotidien d’Oran
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Qui veut assassiner Barack Obama
Pari accepte. Il gagnera la Presidence. D’abord il va perdre la Pennsylvanie le 22 mars, ensuite il gagnera Guam, Caroline du Nord, Indiana et possiblement 1 ou 2 autres petits Etats. Mathematiquement, au 19 mars 2008 il faut que Clinton gagne avec plus de 20 points d’avance le reste de TOUS les Etats pour etre la nominee. Impossible.
Du reste les barons du parti se rappelent les lourdes pertes subies pendant le regne des Clinton et ne veulent pas avoir a subir la meme deconfiture, qui viendra a coup sur si elle est la nominee. Quant a McCain, la guerre et l’economie sont des moins insurmontables.
Dire qu’Obama est noir relève du pur racisme et n’est qu’ineptie ! D’ailleurs, sa maman est blanche.
Ce que je trouve vraiment scandaleux, c’est de parler de la couleur de la peau ! Ce qui prouve ineluctablement que l’on est un tant soit peu … raciste (Ce qu’on nous a appris dans les bancs d’école).
Par ailleurs, le vrai Pb avec Obama est qu’il ne sera probablement pas élu ! Raison : Un certain lobby très influent aux étasu (Exemple : L’élection, empêchée par tous les moyens, d’un maire noir dans les années 80, mais j’ai oublié les détails de cette histoire …)
Hey, le Bledard, on dirait que que tu as fait un trop plein du sirop Clinton. Ca ressemble fort a leurs "talking points". Je lis la meme presse et cependant j’arrive a une conclusion tout a fait differente.
Pour appuyer ce que je dis, voici une question : pourquoi Clinton n’a pas gagne UN SEUL super delegue depuis le super mardi (alors que Obama en est a environ 50 de plus ? Reponse : parce que les chefs du parti ne veulent pas d’elle. Elle leur rappelle les annees 90. Les republicains ont pris controle du congres, les gouverneurs Republicains ont remplace les Democrats, etc. Alors ils se disent qu’avec les baggages qu’elle trimbale… A vous de conclure le reste.