Entamée au début des années 90, la saga judiciaire de l’Olympique de Marseille prend des airs soap opéra sous la présidence de Robert-Louis Dreyfus. Un énième épisode se déroule à partir du 18 juin à la cour d’Aix-en-Provence, le procès en appel des comptes, cuvée 1997-1999. Un excellent cru, avec quinze transferts douteux examinés, des abus de biens sociaux (présumés) à la presse et des prévenus célèbres. Après le tribunal correctionnel de Marseille, l’homme d’affaires Robert-Louis Dreyfus (RLD) va continuer son petit tour des prétoires provençaux, avec un petit détour par Aix-en-Provence. Et pour l’occasion, le Big Boss de l’OM a décidé de renforcer sa défense.
En juin 2006, le bon « Bob » a été condamné à trois ans d’emprisonnement avec sursis et 375 000 euros d’amende pour abus de biens sociaux, malgré l’embauche du gendre du procureur de la République de Marseille dans une de ses sociétés… Un pourboire salé. Pour l’appel, RLD a placé toute sa confiance en deux ténors du barreau : Pierre Haïk et Claude Serra. A charge pour eux d’épauler Me Sophie Bottai. Ancien défenseur de Michel Roussin, le gendarme de Jacques Chirac, ou de feu Alfred Sirven, l’ami Haïk est une référence pour se sortir de situations délicates. Et quoique moins connu, Serra dispose d’un entregent certain. À commencer par le communicant Jean-Noël Tassez, ancien patron de RMC, ou l’ex-ministre de l’Économie Thierry Breton. « La façon dont Serra a sauvé les fesses de Breton dans l’affaire Rhodia est un modèle du genre », siffle-t-on encore admiratif, dans les couloirs du Palais de Justice de Paris. Reste à savoir si le talent des deux hommes en robe ne souffrira pas du dépaysement…
Ils pourront toujours se faire briefer par l’avenant Rolland Courbis, qui joue un peu sa tête dans l’affaire. Condamné en première instance à deux ans de prison ferme, 375 000 euros d’amende et cinq ans d’interdiction d’exercer dans le milieu du foot, l’ancien entraîneur de l’OM (1997-1999) vient de signer un contrat avec le club de Montpellier. La confirmation de sa peine pousserait dans la case prison pour… trois ans et demi. Son sursis de 18 mois, pour de vielles affaires toulonnaises sauterait derechef. Autant dire que le malin Rolland, également consultant sur RMC (et non RTL comme indiqué dans la version papier, NDLR), va employer toute sa malice pendant les débats. Et a sorti deux cartes de sa manche, des témoins de moralité ! Son nouveau président Louis Nicollin et… Etienne Ceccaldi, ancien directeur général de l’OM mais surtout magistrat qui l’a fait tomber dans la rade toulonnaise ! Ambiance pagnolesque en perspective. Et qui sait, les juges aixois vont peut-être apporter la lumière sur l’étrange cas de Pablo Calandria, véloce attaquant argentin de 17 piges présenté par Courbis comme le « futur Trézéguet ». Rien de moins.
Coût du transfert en 1999, trois millions de dollars, pour un joueur qui n’a joué que quelques matchs en réserves, versés à une société anglaise, Quadris sport management. Un versement en deux virements qui n’a pas laissé beaucoup de traces dans sa comptabilité. Cette année là, « le chiffre d’affaires de QSD ltd (…) s’est élevé (si l’on ose dire) à 92 438 £, soit 150 000 dollars en étant très généreux sur le taux de change », révèlent Jérome Jessel et Patrick Mendolowitsch dans la Face cachée du foot businness. Une évaporation de capitaux sur lequel les juges, pourtant à l’affût des moindres commissions dans le cadre des transferts « douteux », ne se sont pas penchés en première instance. Eux aussi ont droit à une deuxième chance…