Pour célébrer le 20ème anniversaire du coup d’État du 7 novembre 1987, Bakchich raconte comment le clan présidentiel a fait main basse sur l’économie tunisienne. Après les appétits de monsieur gendre (n°46) et le duty free du neveu Soufiane (n°47), revoilà Leila, l’épouse, à la manoeuvre.
Lorsqu’on se dirige par l’autoroute de Lunir vers Carthage où se trouve la présidence tunisienne, une bretelle bien éclairée apparaît sur la droite à la hauteur du port de la gaulette… et de grands panneaux annoncent que cette belle route mène aux « jardins de Carthage ». C’est là en effet que se trouve le lycée international que la femme du président, Leila, vient d’ouvrir. Cent quatre-vingts élèves y sont scolarisés. Et au prix fort !
Toujours soucieux d’aider la culture et l’éducation, le président Ben Ali vient d’accorder 1,7 millions de dinars au lycée de sa femme, soit l’équivalent de soixante salles de classe, dans un pays où les maîtres manquent de tout ! Sans parler des profs payés en partie par l’État et des motards officiels qui acheminent les courriers du lycée aux familles ! Pauvre Bourguiba, le fondateur de la Tunisie moderne, qui avait parié sur l’enseignement gratuit pour tous et consacré un tiers du budget à l’éducation nationale.
Femme d’affaire Leila Ben Ali a fait en sorte que son nouveau lycée international n’ait pas de concurrent… Le ministère tunisien de l’Education nationale a interdit la réouverture à la rentrée du lycée Louis Pasteur, un établissement peu conforme, fort réputé et homologué par le ministère de l’Éducation nationale français. Dès le 29 mai, sa directrice, Madelaine Pithoud Bouebdelli a écrit à Sarkozy pour lui demander de l’aider à faire face à cet outrage du requin tunisien. Le 9 juillet, le chef de cabinet de l’Élysée répond enfin qu’il a transmis la demande au ministère des affaires étrangères. Et depuis… rien ; aucun signe ; malgré la pétition signée à Tunis par six cent intellos. C’est bien peu pour la défense de la francophonie
Le directeur du lycée de Leila Trabelsi est un Français qui a été écarté, voici quelque temps, de la mission française de Lamarsa où il était responsable de l’internat. Peu importe cette médiocrité de l’encadrement. Le clan des Trabelsi avait réussi, l’an dernier, à obtenir les sujets d’entrée à l’université et les avait revendus aux candidats.
Le miracle tunisien, comme l’avait dit Chirac, tourne au cauchemar.