Grâce aux "miles" offerts par le système de fidélisation d’Air France, nos élus prennent l’avion gratos. Sans forcément distinguer usage professionnel et usage personnel.
Par ricochet, l’affaire de la lune de miel d’Éric Besson révélée par Bakchich a fini par pénétrer les murs du Palais-Bourbon. Jusque dans la salle de réunion de groupe des députés socialistes, mercredi 29 septembre.
C’est la tombeuse d’Alain Juppé à Bordeaux, Michèle Delaunay, qui a soulevé le lièvre à huis clos avant d’adresser un courrier interne au patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault : « Le très mauvais exemple du voyage de noces d’Éric Besson m’a incitée à évoquer un problème parallèle à l’Assemblée : l’utilisation des miles Air France que beaucoup d’entre nous accumulent du fait de leurs déplacements parlementaires. » Et de s’interroger sur « la part que nous considérons comme légitime entre usage professionnel et usage personnel ». Un nouvel oeuf d’opaque tombé du ciel !
Pour comprendre, tournons nos regards vers le haut. Les députés ont droit, dans l’exercice de leur mandat, à 40 allers-retours aériens entre Paris et leur circonscription, tous frais payés par l’Assemblée. Pour s’envoyer en l’air ? Air France ! Et comme les parlementaires sont de bons clients, la compagnie les bichonne en leur offrant une carte de fidélité : Flying Blue. Plus ils voyagent, plus ils collectent de « miles », ces points qui, accumulés, baissent le tarif de leur prochaine destination. Rien de bien méchant si ces miles levés dans le cadre de leur fonction ne pouvaient servir à se faire la belle l’été aux Seychelles. Par exemple, un élu de Clermont-Ferrand qui a utilisé son quota de voyages gagne aux alentours de 100 000 miles à l’année. L’équivalent d’un Paris-New York gratuit . L’ex-ministre de l’Outremer de Sarko, Yves Jégo, ne s’en était d’ailleurs pas caché en 2009, envisageant de « permettre à un de [ses] enfants de faire un voyage avec [lui] en utilisant ces miles ».
Sur ce point, le règlement interne de l’Assemblée reste muet. Les services financiers ont refusé de nous répondre. Mais un fin connaisseur de la maison de nous éclairer : « C’est une pratique courante chez les députés ultra-marins, corses et chez ceux qui ont une mauvaise desserte en lignes TGV : Pyrénéens, Auvergnats, Limousins et Bretons notamment. »
En Allemagne, Cem Özdemir, le chef de file des Verts, avait dû quitter, en 2002, son siège parlementaire à la suite d’une utilisation trop privée de ses fameux miles. Dans sa lettre, Mme Delaunay esquisse des solutions : « définir un pourcentage » entre usage public et privé, ou offrir ce surplus « aux personnes nécessiteuses n’ayant la possibilité de financer un déplacement en avion ». Pour l’heure, côté députés, « il y a d’autres urgences à traiter ». Ils manquent pas d’air, ces parlementaires.
Le système que vous décrivez est en pratique dans la plupart des grandes entreprises françaises et étrangères.
Les "Miles" gagnés sont à la disposition du salarié pour son usage personnel. Ce n’est pas considéré en droit comme un abus de bien social.
Certaines compagnie comme IBM ont cependant négocié des tarfis préférentiels avec les compagnies aériennes, tarifs qui ne donnent plus droit aux "Miles" de fidélisation. Ceci a eu pour effet de réduire le nombre de vols achetés par IBM au profit d’une meilleure utilisation de la vidéo-conférence.
D’autres grandes entreprises, notamment françaises, s’apprêtent à suivre les pas de IBM, réduction des frais généraux oblige.
Pour ma part, j’ai profité de ces "Miles" deux ou trois fois pour voyager avec mes enfants - que mes déplacements nombreux m’empêchaient de voir assez souvent.
Mes enfants ayant grandi, je donne maintenant mes "Miles" aux ONG qui les utilisent pour envoyer des bénévoles sur le terrain. Mais c’est un choix qui reste à la discrétion du salarié.
Réponse à un ami qui me donne votre site et votre info. Mon cher Thierry, Merci pour cette excellente adresse même si elle contribue à la sinistrose que le comportement "exemplaire" de nos élus alimente de leur constante médiocrité : augmentation du solde voté à l’unanimité, double cotisation, retraite plancher obtenue après 5 ans de mandat, Miles d’Air France, etc… Et que dire du Sénat ? Prime de nuit en cas de séance tardive aux 2000 (environ) employés ! (même le jardinier et les services techniques touchent en dormant !!!!…les socialistes l’ont-ils accepté pour être "sociaux" ?), revenus scandaleux de 2500 à 25000 € nets, 32 H. hebdomadaires, 4 mois de congés payés (faut-il mettre un "s" à ce niveau d’abus ?), pension de réversion au conjoint à 75% etc…
Sous LOUIS XVI une seule phrase de Marie Antoinette avait déclenché la révolution ! Que faut-il pour que les choses changes ? Hélas trop de transformations son nécéssiares dans de trop nombreux domaines : le civisme, l’altruisme, l’éthique, le refus du matérialisme, la conscience sociale, l’élan républicain, le goût de la Démocratie, la fraternité, l’absolue volonté de l’égalité des droits, la capacité à détecter très tôt les atteintes sournoises à la liberté, aux libertés…
Toutes ces grossières valeurs éculées, pour ne pas dire ces grossièretés sont à reconquérir. Il y faudra deux ou trois générations tant le mal me parait profond et mal appréhendé par de trop nombreux citoyens, contaminés par leur boulimie de consommateurs vulnérables.
Le renoncement serait pire que tout, condamnant nos enfants à une vie primitive maquillée de modernité technique sans aucune place pour les exercices de la pensée. A ce propos pour penser il faut avoir un cerveau et la recherche médicale devrait s’intéresser à celui des élus !
Alain.