L’administration d’Obama a troqué pour trop peu son soutien à un nouveau gel de 60 jours de construction de colonies dans les territoires occupés.
Barack Obama prépare un cadeau énorme au gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou.
Un article du New York Times du 5 octobre ignoré en grande partie par la presse étrangère rapporte que l’administration d’Obama, en échange d’un nouveau gel de seulement 60 jours de construction de colonies dans les territoires occupés, « a offert des armes importantes, son soutien à une présence israélienne à long terme en Cisjordanie, [et] la promesse par Washington d’utiliser son droit de veto contre toute résolution critique d’Israël au Conseil de Sécurité de l’ONU… »
C’est quand même extraordinaire. En effet, Washington voudrait ainsi exclure toute possibilité d’un éventuel retour d’une grande partie de la Cisjordanie aux Palestiniens, ce qui doit être le sujet même des négociations israélo-palestiniennes dans le « processus de paix ».
Plus incroyable encore est la promesse par Obama d’exercer son veto contre n’importe quelle résolution qui exprimerait la moindre critique des actions d’Israël. Cela veut dire que, si Israël bombarde l’Iran, l’ONU ne peut rien dire contre, car Washington imposera son veto. Ou que, si Israël envahit la Syrie ou le Liban ou Gaza, l’ONU restera muette, car Washington mettra son veto.
L’idée que Obama fasse cette promesse avant même de connaître l’action choisie par Israël est un chèque en blanc au gouvernement de coalition de Netanyahou et du fascisant Avigdor Lieberman, chef ultranationaliste du parti d’extrême droite Yisrael Beiteinu, actuel ministre des Affaires étrangères et numéro deux du gouvernement.
En retour, Obama n’exige qu’un gel de 60 jours des colonies nouvelles, un délai dérisoire. Ce qu’a souligné même un sioniste progressiste et pro-Obama comme Daniel Kurtzer, ancien ambassadeur en Israël de Bill Clinton : il a déclaré au Times que « c’est un ensemble de promesses extraordinaire pour finalement rien, car qui pense que deux mois sont assez » pour faire aboutir les négociations israélo-palestiniennes ?
Mais deux mois, c’est assez de temps pour dépasser les élections législatives américaines de novembre, où les voix des juifs dans des États comme la Floride, la Pennsylvanie, et la Californie sont essentielles pour les candidats démocrates d’Obama.
Ces promesses étaient l’idée de Dennis Ross chargé du Moyen-Orient au National Security Council et faucon pro-israélien notoire, partisan depuis longtemps d’une action militaire contre l’Iran. Manière d’encourager un bombardement du pays des ayatollahs par le duo Netanyahou-Lieberman, tous deux faucons sur la question ? En tout cas, l’offre d’Obama n’a fait qu’aiguiser l’appétit des Israéliens, car au lieu de l’accepter, Lieberman a montré son pouvoir en faisant voter par le gouvernement en début de semaine un serment de loyauté à l’État d’Israël « juif et démocratique » que devraient prononcer les candidats à la citoyenneté.
Le chroniqueur vedette du quotidien israélien Ha’aretz, Gideon Levy, l’a écrit : « Souviens-toi de ce jour, c’est le jour où Israël change de personnalité : dorénavant nous habitons dans un pays nouveau officiellement théocratique, nationaliste, et raciste. » Une bonne manière de torpiller encore une fois les négociations.