A un mois d’une importante réunion internationale à Rome sur la crise alimentaire mondiale, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), critiquée de toutes parts, a une solution originale : le développement de la pomme de terre.
Ce n’est pas un canular. Si, en Chine, 2008 est l’année du rat, pour la FAO c’est l’année de la pomme de terre. Un site Internet, un sigle IYP (International Year of the Potato), un logo, tout y est. Et c’est du sérieux. La patate est la principale denrée alimentaire non céréalière du monde. 320 millions de tonnes ont été produites en 2007.
La crise alimentaire qui ronge actuellement les pays pauvres est due à la spécialisation des échanges. En effet, (mal) conseillés entre autre par la Banque Mondiale, de nombreux pays ont préféré acheter leur alimentation sur les marchés internationaux plutôt que de les produire, la deuxième solution revenant souvent plus cher. Aujourd’hui que les prix augmentent, ils ne peuvent pas payer et ils ne savent plus produire.
Pour la FAO, il existe une solution : la pomme de terre. Le féculent refuse les lois du marché. À la différence du blé, du maïs, du tourteau soja, il n’est pas coté à la bourse de Chicago. Par ailleurs, la FAO précise que « seule une part infime de la production fait partie du commerce extérieur ». Le féculant se consomme sur place. Pour finir, la patate se paie à son juste prix. « Le prix de la pomme de terre dépend en général des coûts de production ». Exactement comme dans les cours de marxisme, le prix de la tubercule est la somme du « travail incorporé », il n’est pas fixé par le marché. C’est donc une culture « vivement recommandée pour atteindre la sécurité alimentaire ». Elle peut « aider les agriculteurs à faibles revenus et les consommateurs vulnérables à surmonter la crise actuelle ». La FAO n’a pas encore crié « vive le protectionnisme, à bas le marché », mais c’est tout comme.
La FAO fait des erreurs de nouveau converti. Même si son discours antilibéral est le bienvenu pour gripper un peu l’appareil, la réalité est plus complexe. L’augmentation du prix de la pomme de terre fait de temps en temps la une des journaux des pays en voie de développement. Il y a un an, par exemple, l’Algérie a connu une crise de la pomme de terre. La TVA sur les patates importées fut revue à la baisse et le journal El Watan annonçait à ses lecteurs énervés par la hausse du prix de la patate que « les prix baisseront début novembre ».
Mais le féculent a d’autres vertus. Il permet de mesurer le développement économique. Ainsi, tandis qu’il se consomme de moins en moins dans les pays développés, les pays pauvres ont augmenté leur consommation. Selon les chiffres de la FAO, ces derniers sont passés « de moins de 10 kg par habitant en 1961-1963, à 21,53 kg en 2003 ». Et « tout semble indiquer qu’elle enregistrera une forte hausse à l’avenir ». Mc Cain, le géant mondial, qui produit plus d’un tiers des frites surgelées consommées dans le monde, a ouvert en 2004 une usine en Chine et une autre en Inde en 2005.
Mais la palme de la consommation de pommes de terre revient aujourd’hui aux anciens satellites soviétiques. Huit des premiers consommateurs sont des pays de l’est. Leader incontesté : la Biélorussie. Chaque habitant en consomme 337 kg par an. La vodka, souvent composée d’alcool de pommes de terre y serait-elle pour quelque chose dans ces pays où l’alcoolisme fait des ravages ? Rien n’est moins sûr.
L’idée de la FAO n’est pas nouvelle. Giffen, un économiste irlandais, remarqua déjà au XIXe siècle que la pomme de terre échappait aux lois du marché. En économie, lorsque les prix d’un produit baissent, sa consommation augmente. Pour la pomme de terre, c’est l’inverse : sa consommation augmente lorsque son prix augmente. Comme c’était la base de l’alimentation irlandaise, lorsque les prix augmentaient, les Irlandais du XIXe siècle consommaient moins d’autres types de biens et davantage de pommes de terre. Il fallait bien survivre, et rien n’est plus nourrissant qu’un bon plat de patates.
Compte tenu de toutes ces données, la FAO ne pourrait-elle pas changer son slogan « Fiat panis » (du pain pour tout le monde) par « de la purée pour tous ». Mais comment faire ? Il n’y a pas de mot latin pour les pommes de terre !
"En effet, (mal) conseillés entre autre par la Banque Mondiale, de nombreux pays ont préféré acheter leur alimentation sur les marchés internationaux plutôt que de les produire, la deuxième solution revenant souvent plus cher. Aujourd’hui que les prix augmentent, ils ne peuvent pas payer et ils ne savent plus produire."
Alors autant je suis d’accord avec l’esprit de l’article, autant j’ai du mal a accepter l’idee que
1. on puisse obliger ou convaincre un pays à ne plus produire ses propres denrees alimentaires…. Ils produisent quoi aujourd’hui ? des Airbus A380 ?
2. "ils ne savent plus produire". Il n’y a qu’un intellectuel pour ecrire des conneries pareil. cultiver c’est comme le velo, ca ne s’oublie pas…. et il faut a peu pres 1 a 2 jours pour apprendre…
arretons l’infantilisme
Je suis allée voir le site, et il me paraît très intéressant. Effectivement, si on y cherche OGM, on y trouve seulement une ligne de mise en garde contre les dangers que font courir les OGM… à la filière commerciale.
Effectivement, les promoteurs des OGM y avancent masqués (quelques lignes ici ou là, assez euphémisées pour ne pas être repérables d’emblée).
Mais, quand même, beaucoup de choses très intéressantes. Sur la biodiversité par exemple, celle des pommes de terre est assez incroyable, plus de 4000 espèces.
Il faut être présents et vigilants à mon avis, dans ce combat qui est (malheureusement et heureusement) loin d’être terminé.
Moi qui, fan(e ?) de la pomme de terre, étais déjà toute contente, et voilà que derrière la sympathique patate se cachent les sournois fabricants d’OGM tous azimuts !
Faut vraiment se méfier de tout ! Ils admettent (enfin) le réchauffement de la planète, et en profitent pour nous fourguer le "nucléaire-non-polluant, c’te blague, et les bio-agro-nécro-carburants.
Mais on peut les prendre au mot, chacun son carré de pommes de terre sur sa petite pelouse. Mieux que le gazon qui sert à rien et qui demande plein de boulot, et qu’il faut arroser en plus au moment où on a pas le droit.
Sur la patate, on intervient trois fois (plantation, buttage, récolte et on arrose pas. On peut faire l’édification des jeunes générations (j’en mets une en terre, j’en ramasse dix cet automne, la nature est généreuse, gamin).
Et, les soirs d’été, pommes de terre cuites à la vapeur, fromage blanc de la ferme et salade du jardin, vive la décroissance savoureuse.
Un point d’histoire, ce n’est pas une mauvaise récolte qui a tué un million d’irlandais, c’est le mildiou. A peine ramassées, les patates pourrissent irrésistiblement et sans recours dans une puanteur terrible. Eh oui, la monoculture, fût-ce de patates, c’est suicidaire. Ces malheureux irlandais n’avaient que ça à bouffer.
Peut-être que la FAO souhaite généraliser cette connerie ?
Agriculture Les OGM portés ONU
Lancée par les Nations unies, l’année internationale de la pomme de terre vise à lutter contre la malnutrition dans le monde en promouvant la culture du tubercule. Mais derrière ce paravent de nobles intentions se profile un joli plan-média en faveur des OGM.
Ce n’est pas un gag : 2008 a été décrétée « Année internationale de la pomme de terre » par l’Organisation des Nations unies. Le coup d’envoi officiel des célébrations sera donné le 18 octobre à New-York, siège de l’ONU. Une fois passée l’escadrille des bons mots faciles (« En 2008, j’ai la frite », « Purée, quel événement », etc.), l’initiative ne prêtera peut-être pas tant que cela à sourire.
Au départ, il s’agit d’inciter à la culture du tubercule sous des latitudes où elle est tout sauf traditionnelle, comme l’Afrique équatoriale ou le sud-est asiatique, et de l’encourager dans des pays où elle émerge, comme l’Inde. La pomme de terre, remède à la faim dans le monde ? L’idée est frappée au coin du bon sens. Après tout, elle a sensiblement amélioré l’ordinaire des paysans européens au XVIIIe siècle. Pourquoi ne pas en faire profiter le paysan indien du XXIe siècle ? Peut-être parce qu’entre-temps, la semence de pomme de terre est devenue un marché âprement disputé, notamment à coups de variétés OGM. En effet, les initiatives se multiplient pour tenter d’imposer des hybrides génétiquement modifiés partout dans le monde, suscitant de fortes réticences. De nombreux experts craignent que les producteurs se retrouvent dépendants des multinationales détentrices des brevets, sans oublier les enjeux en termes de santé publique.
La patate, un marché colossal La pomme de terre est la quatrième plante la plus cultivée au monde. Le marché est colossal et tous les gros industriels sont au rendez-vous. Monsanto a élaboré une pomme de terre, la « Newleaf Bt », qui produit son propre insecticide. D’autres variétés auraient été testées cette année en Afrique du Sud, avec le soutien de l’USAID, l’Agence américaine pour le développement international. BASF, de son côté, propose deux patates OGM. La première est résistante au mildiou. Elle est en phase d’expérimentation, notamment en Picardie (1)e 1. La seconde variété, Amflora, affiche des rendements très élevés en amylopectine, une forme d’amidon. Elle séduit les industriels mais préoccupe le corps médical, dans la mesure où elle contient un gène marqueur de résistance à certains antibiotiques… Amflora a été testée en Suède et la Commission européenne doit se prononcer bientôt sur sa généralisation. Autant dire que la bataille de l’opinion publique est lancée à l’échelle mondiale.
Et c’est là que l’année internationale de la pomme de terre ne fait plus du tout rire. L’idée de l’événement a été lancée en 2005 par le représentant permanent du Pérou auprès de la FAO. Il relayait une suggestion du Centre international de la pomme de terre (CIP), qui détient un immense catalogue de 3 800 variétés traditionnelles (les Andes étant le berceau de la Solanum tuberosum). Or le CIP, sous les dehors d’un organisme de recherche neutre basé dans un pays en voie de développement, est sous la coupe des industriels de la pomme de terre. Son président est l’agro-industriel britannique Jim Godfrey, fervent lobbyiste pro-OGM. Sa directrice générale est la biologiste américaine Pamela K. Anderson, dont le cheval de bataille est le partage des « bénéfices » des biotechnologies avec les agricultures des pays en voie de développement… Le CIP mène d’ailleurs ses propres recherches sur les OGM, officiellement à des fins purement scientifiques. En juillet dernier, le centre a tout de même dû se fendre d’un rectificatif paniqué. Invités à un « atelier découverte » sur les bienfaits des patates OGM, des journalistes péruviens avaient cru comprendre que le CIP envisageait d’en étendre la culture à de vastes étendues d’Amérique du Sud. Ils avaient mal compris, évidemment…
Et c’est probablement mal comprendre encore que d’écrire que l’Année internationale de la pomme de terre pourrait bien être une opération déguisée de promotion des patates OGM.
Quasi unanimité Pratiquement toutes les organisations de la liste des partenaires officiels sont favorables aux OGM. C’est le cas du Cirad (Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement), de l’EAPR (European Association for Potato Research) ou du centre d’information Global Potato News. Au pire, ils affichent une neutralité bienveillante, comme Europatat, représentant les grossistes européens. Le plan de promotion de la FAO admet implicitement le recours à des variétés OGM résistantes au mildiou lorsqu’il évoque le développement des cultures dans des zones humides et chaudes. Le terme « organisme génétiquement modifié » n’apparaît jamais dans la documentation officielle, mais ces derniers sont omniprésents en coulisse. Sans être forcément anti-OGM, il est pour le moins troublant qu’un sujet d’une telle importance soit escamoté de la sorte.
Maigre consolation, les « Années » des Nations unies, qu’elle soit du riz (2004) ou de l’eau (2003), produisent en général peu d’effets, pour le meilleur ou pour le pire. Dans le doute, il faut probablement souhaiter que l’année de la pomme de terre ne fasse pas exception…
Erwan Seznec
(1) Début 2007, le gouvernement Villepin s’est engagé à n’autoriser sa culture qu’après consultation du public.
CERTES OUI COMME D’AUTRES DENREES MAIS PLUTOT LISEZ CECI :
Du ciel, l’Eternel observe tout le genre humain : Reste-t-il un homme sage qui s’attend à Dieu ? Ils se sont tous égarés, tous sont corrompus, plus aucun ne fait le bien, même pas un seul. La Bible, Ps 14,2-3