Avec les objectifs du millénaire, ratifiés en 2000 par 191 Etats, l’ONU n’a-t-elle pas mis la barre trop haute ? C’est ce que semble réaliser les artisans de ce projet ô combien ambitieux de réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici 2015. Un vent de scepticisme souffle dans les tours de verre onusienne à ce sujet. A mi-chemin de l’échéance, une poignée de représentants des divers organes de l’ONU se sont rassemblés au Centre d’Accueil de la Presse Etrangère de Paris (CAPE). L’heure est au premier bilan plutôt qu’aux réformes. Et ce bilan se révèle plutôt contrasté, à l’instar du titre univoque du communiqué de presse des Nations Unies : « progrès mitigés vers les objectifs de développement ».
La route à venir s’avère longue et sinueuse pour approcher, à défaut de réaliser, les huit objectifs. Lors de la présentation du rapport à Genève lundi 2 juillet, Ban Ki-Moon préfère valoriser les raisons d’espérer, mettant en exergue, sans grandes convictions, les « progrès sensibles » en matière de baisse de la pauvreté.
La proportion de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour est tombée de 32% à 19% entre 1990 et 2004. Toutefois, si les réductions les plus importantes de l’extrême pauvreté s’appliquent à l’Asie, l’Afrique y échappe et l’aide à son égard se réduit comme peau de chagrin. Sur le bulletin de note de l’ONU, Cécile Sportis, Directrice du Bureau de liaison du Programme Alimentaire Mondial à Paris (PAM), inscrirait « peut mieux faire ! » et appelle à « anticiper les évolutions pour ne pas se retrouver devant le même problème qu’en 2000 ». Même son de cloche pour Luk Van Langenhove de l’Université des Nations Unies pour qui « l’argent seul ne suffit pas. On a besoin d’innovations, de nouvelles idées ». Certes, mais les pépètes manquent ! Seuls cinq Etats donateurs ont atteint l’objectif de l’ONU d’octroyer 0,7% de leur PIB à l’aide.