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L’Inde et sens d’une travailleuse du sexe

Bouquin / lundi 4 août 2008 par Eric Selam
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Dans « Autobiographie d’une travailleuse du sexe » publié aux éditions Actes Sud, Nanili Jameela raconte son combat pour la dépénalisation du travail sexuel en Inde.

Esprits concupiscents s’abstenir. Pas question dans cette Autobiographie d’une travailleuse du sexe d’érotisme ou de confidences graveleuses. Au contraire, Nalini Jameela, aujourd’hui connue au-delà des frontières indiennes pour son combat en faveur des travailleuses du sexe, n’a de cesse d’exprimer les difficultés liées à la pratique d’un tel métier.

Elle revendique son exercice et réclame, militante, la « dépénalisation du travail sexuel » qui permettrait à ces « veshya » (littéralement « celle qui séduit ») de ne plus subir les violences et le racket sexuel qui constituent leur lot quotidien. Son ambition, affirmée dans la préface, était, avec cette deuxième édition, de corriger les imperfections contenues dans la première en raison d’un manque de temps et de faire de cet ouvrage une autobiographie qui « corresponde vraiment à [son] style, à ce [qu’elle est] vraiment ».

Autobiographie d’une travailleuse du sexe de Nalini Jameela - JPG - 28.3 ko
Autobiographie d’une travailleuse du sexe de Nalini Jameela
Editions Actes Sud

Le résultat laisse dubitatif. Alors que la fin du livre prend le ton d’un manifeste pour la liberté à disposer de son corps et contre l’hypocrisie d’une société qui refuse de protéger ces femmes, la majeure partie de l’ouvrage, retraçant les pérégrinations de son auteur, rate ses objectifs. On comprend que Nalini Jameela souhaite, en retraçant ses innombrables aventures, donner à comprendre la précarité extrême et les dangers auxquels elle a été amenée à faire face. Soit. Mais son récit, trop riche de détails inutiles, égare le lecteur et dessert son combat : « S’assurer qu’aucune loi ne vienne interdire à quiconque de vendre ou d’acheter une relation sexuelle s’il le désire ».

Nalini Jameela, « Autobiographie d’une travailleuse du sexe », traduit de l’anglais par Sophie Bastide-Foltz, éditions Actes Sud, 2008, 13 €

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8 MESSAGES

Forum

  • L’Inde et sens d’une travailleuse du sexe
    le mardi 5 août 2008 à 15:15, DODO a dit :
    Bonjour. Chacun loue ce qu’il peut c’est vrai mais c’est pas pour cela que cela fait plaisir de se louer. De plus travailler musculairement ou intellectuellement ne mène pas à la déchéance de l’âme. La prostitution si. Le problème pourrait être : puisque la prostitution existe alors protégeons les prostituées contre les macs, les clients violents ou assassins, les flics véreux et stupides. Et ce serait normal. Des gens considèrent la prostituée coupable mais pas les macs ni les clients. Moi c’est le contraire. Quelles sociétés de fous où l’on a de plus en plus recours à la prostitution. Maintenant de là à dire que la prostitution est un métier comme un autre ce n’est pas possible.
  • L’Inde et sens d’une travailleuse du sexe
    le mardi 5 août 2008 à 12:30, grison a dit :
    Chacun loue ce qu’il a pour "gagner sa vie" ; son corps,son intelligeance,sa force, etc…Alors il n’y a pas que le sexe qui soit de la "prostitution" !
  • L’Inde et sens d’une travailleuse du sexe
    le lundi 4 août 2008 à 23:03, KORTI a dit :

    Ouais, ouais, travailleuse du sexe, quelle expression.

    J’ai toujours beaucoup de mal à comprendre qu’une femme (ou un homme) livre son corps à tous, pour gagner sa vie. D’ailleurs, jamais je pourrai l’admettre.

    • L’Inde et sens d’une travailleuse du sexe
      le mardi 5 août 2008 à 07:25, tagada a dit :

      Il y a une différence entre admettre la prostitution et affirmer qu’il ne faut pas discriminer une personne prostituée en profitant de ce que la société juge l’activité impure et légitime ainsi tous les abus.

      Ceci dit, on peut aussi regarder chez nous. Vous avez déjà vu les condamnations pour viol de prostitué(e)s ?

    • Travailleuse du sexe
      le vendredi 23 janvier 2009 à 04:41, Maîtresse Gilda a dit :

      "Travailleuse du sexe" ou Sexworker, l’expression peut surprendre mais elle a le mérite d’être parfaitement claire : "prostitué(e)" étant une forme passive, elle sous-entend que la personne dont on parle est "prostituée" par/pour autrui, et donc pas libre.

      Un(e) Sexworker, ou une travaillEuse du sexe est une personne qui à choisi son métier, le revendique et lutte pour être reconnue et disposer de Droits. Dans tous les pays ou il existe un mouvement pour la reconnaissance ou tout simplement contre la repression des travailleusEs du sexe, c’est le terme choisi, pour bien faire le distingo avec la prostitution d’autrui, au bénéfice de proxenetes. Beaucoup d’associations ou d’instances internationnales de lutte contre le trafic humain refusent de considérer qu’il existe des "Sexworkers" car ils ont choisi de considérer TOUTE forme de prostitution comme une containte. Je suis un des milliers d’exemples qui prouve qu’ils se trompent.

      Je suis une Travailleuse du Sexe, j’aime mon métier que j’ai choisi et qui me rend heureuse. J’aimerais juste pouvoir l’exercer librement et disposer des mêmes Droits que les autres citoyennes, sans qu’on me discrimine en raison de mon orientation professionnelle … la route est longue !

      Maitresse Gilda

  • L’Inde et sens d’une travailleuse du sexe
    le lundi 4 août 2008 à 18:02, VernonSullivan a dit :

    "Alors que la fin du livre prend le ton d’un manifeste pour la liberté à disposer de son corps". Pfff, la protistution comme expression de la liberté (à disposer de son corps). C’est pas vraiment libre une prostitué. C’est du fantasme ça.

    J’étais contente, ça commençait bien, bon titre et puis… Bon titre quand même.

    • L’Inde et sens d’une travailleuse du sexe
      le mardi 5 août 2008 à 15:57
      Il est toujours effarant de lire ces moralisateurs et misérabilistes points de vue sur la prostitution. Points de vue qui sont la plupart du temps le fait de femmes non prostituées et/ou de "clients" coupables. Allez donc vous promener dans les sweat shops de Chine, d’Inde ou plus simplement de France et de Navarre (si, si je vous le confirme on sue aussi pour un humiliant salaire de misère en Sarkozie) et vous mesurerez peut-être qu’il y a d’autres et fort répandus moyens de se "déchéancer l’âme". La prostitution a existé depuis toujours, existe plus que jamais et existera tant que l’espèce humaine perdurera (bon, effectivement avec un peu de chance ça ne durera encore point trop longtemps). L’infâme, immonde et déchéchéanceuse de l’âme prostitution existe même dans le règne animal non humain, c’est vous dire si le "concept" est assez universel. Que certain(e)s se refusent à l’admettre et peu près aussi sensé que de se déclarer résolument opposé(e) à la gravité. "Moi, j’te l’dis, Newton, ça craint…" Lutter contre cette "moderne forme de l’humain esclavage" sous de moralisateurs, misérabilistes, idéologiques et marketings prétextes ne fera que faire un peu plus perdurer ce que Nanili Jameela dépeint. L’horreur prostitutionnelle, puisque bien sûr elle existe (et je serai le dernier à le nier), n’est le fait ni de "clients" (forcément pervers et pépères, dénénérés et sodomites) ou de filles (forcément abusées dès leur naissance, perdues et aux cheveux gras) mais simplement le fait de l’économique logique de cette activité. Une métaphore assez pertinente de la marchandisation universelle. Comme toute activité à haut rendement et à fort (très) retour sur investissement, elle nécessite probablement plus que tout autre, un fort encadrement législatif, social, sanitaire, etc. Le reste n’est que fariboles et autres enculages de mouche. Pour faire simple et évident : le seul et réel problème de la prostitution et des prostituées, ce sont les proxénètes.
    • L’Inde et sens d’une travailleuse du sexe
      le mardi 5 août 2008 à 17:31

      Vernonsullivan, vous dites : "Alors que la fin du livre prend le ton d’un manifeste pour la liberté à disposer de son corps". Pfff, la protistution comme expression de la liberté (à disposer de son corps). C’est pas vraiment libre une prostitué. C’est du fantasme ça.

      Dans des sociétés pauvres, en voie de développement, la liberté évoquée ici n’est pas la liberté de prendre son pied en exercant la prostitution comme une vocation ou une aspiration artistique. Il est question de la liberté de faire ce métier légalement pour gagner du fric, qui servira peut-être à élever ses enfants ou s’occuper des ancêtres qu’on accueille parce que là-bas les maisons de retraite ca n’existe pas (d’ailleurs la retraite elle-même n’existe pas partout).

      Ca ne serait pas une liberté avec un grand L, mais peut-être une légalité qui casserait quelque peu l’exploitation que peuvent mener des proxénètes.

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