Chronique d’un jeune chanteur qui a su tisser sa réputation sur la toile, Kamini.
Fini le temps où nous devions nécessairement descendre dans la rue pour nous faire entendre, partager nos envies, nos peines ou nos déceptions. Près d’un quart des foyers français est équipé d’Internet. Pas de censure, ou presque, c’est donc grâce à la toile que vous pouvez vous délecter des nouveaux numéros de Bakchich chaque semaine, ou que des millions de personnes ont pu constater les effets tragi-comiques de « l’eau russe » sur Sarko 1er au dernier sommet du G8. Rien n’échappe plus aux yeux vigilants d’internautes scotchés aux écrans de PC. Pas même le talent de certains artistes encore méconnus du grand public. La découverte de ces petites perles s’apparente aujourd’hui à d’authentiques chasses au trésor. Plus besoin de chanter à tue-tête dans le métro, ou d’écumer les bars pour se faire connaître. La petite nouveauté réside en effet dans l’émergence d’artistes par le biais du réseau. La France a matérialisé ce coup d’essai il y a quelques années avec la starisation de Lorie, éphémère chanteuse pour ados et accessoirement maître à penser de notre ancien Premier Ministre Jean Pierre Raffarin. Ses tubes sont déjà passés aux oubliettes mais son slogan novateur et véritablement révolutionnaire de la « positive attitude » reste gravé dans la mémoire collective. Ô douce ironie ! Ces artistes extirpés de la toile sont-ils donc tous voués à une durée de vie limitée dans les médias classiques ? La trajectoire que semble prendre Kamini tend à prouver le contraire.
Pas besoin de venir des cités pour rapper. Le jeune Kamini n’a ni brûlé de voitures, ni squatté dans des halls d’immeubles, ni eu de problèmes judiciaires. Et pour cause, les fôrets de béton ne sont pas légion à Marly Gomont, petit village picard où il passe son enfance. Fils d’un médecin généraliste originaire du Congo, le jeune homme se retrouve vite confronté à la bizarrerie de la situation. Il fait en effet partie de la seule famille de noirs de ce village de près de 400 habitants… La réalité est brutale, et le quotidien pas toujours rose. Il décide d’en rire et s’arme de rimes pour combattre le scepticisme, l’ennui et le racisme. Le garçon est doué mais le succès attendra encore un peu. Il part à Lille, où il travaille comme infirmier en psychiatrie. Le parcours est décidemment atypique, et se révèle être, une fois de plus, une formidable source d’inspiration. Reste à savoir si le bonhomme a du talent. Il enregistre alors un premier single où il dépeint avec humour sa jeunesse dans ce petit bled paumé qui l’a vu grandir, Marly-Gomont, et l’envoie aux maisons de disques qui font tout d’abord la sourde oreille. Un stagiaire, amusé par le clip, l’envoie sur le net à des amis. L’effet boule de neige bat son plein et « Marly-Gomont » devient rapidement un phénomène populaire. Le Times cite même le rappeur comme l’une des quinze personnalités les plus influentes du net en 2006 ! L’histoire aurait pu s’arrêter là, seulement Kamini a ce qui manquait cruellement aux autres, de l’humour, de l’autodérision et du talent. Preuve en est avec son premier album Psychostar World, sorti en mai dernier. Cette étoile là n’est pas prête de s’éteindre
On va croire que c’est de l’acharnement mais j’ai vraiment du mal avec le sieur Wozniak et ses articles sur le rap français. Son papier sur le rappeur Vicelow s’apparentait déjà plus à un publi-reportage qu’autre chose, sur caricaturé (le rap est mort…) et vraiment trop révérencieux pour être honnête. Mais là ca devient grave !!! Quand Mr Wozniak écrit « Pas besoin de venir des cités pour rapper. Le jeune Kamini n’a ni brûlé de voitures, ni squatté dans des halls d’immeubles, ni eu de problèmes judiciaires. ». On est même plus dans la caricature, mais limite dans la diffamation. On se croirait sur TF1 !!! Alors quelques infos, que dis-je un scoop même, à transmettre à l’intéressé : les jeunes de cités ne crament pas tous des voitures, ne squattent pas tous les halls et n’ont pas tous eu des démêlés avec la justice. Dingue non ? La grande majorité des rappeurs non plus, et au contraire, si on fouille un peu, on en trouvera plein qui condamnent ce type de comportement. Bien sûr, « Kamini a ce qui manquait cruellement aux autres, de l’humour, de l’autodérision et du talent » ( ?) mais je vous assure que si tous ne sont pas de grands comiques, beaucoup de ces rappeurs font une analyse plus qu’intéressante de ce qu’il s’y passe… en banlieue.
Toujours aussi poliment
Steackman
Ps : « La réalité est brutale, et le quotidien pas toujours rose. » c’est du Charles Villeneuve non ?