Julia, Sarko y croit

Ce candidat est un « modèle » à suivre. C’est le Président Sarkozy qui le dit. Dans sa lettre de soutien à Didier Julia, qui bénéficie de l’investiture de l’UMP dans la 2ème circonscription de la Seine-et-Marne, Nicolas Sarkozy explique : « Vous êtes un élu modèle au service de vos concitoyens et un homme de confiance ».

Le couplet vaut le détour. Didier Julia s’était surtout illustré en 2004 comme « Pied Nickelé » pour tenter de libérer les otages français Chesnot-Malbrunot à Bagdad, s’attirant des foudres de son camp et plusieurs mois de mise à l’écart de l’UMP ! Mais l’homme a le mérite de l’ancrage local. Il a été élu la première fois député en 1967 et réélu depuis sans souci. Quarante ans de députation : Julia détient le record de longévité à l’Assemblée. Sans symboliser vraiment le renouvellement des générations chère à Nicolas Sarkozy… À 73 ans, il compte bien entamer un 11ème mandat après le 17 juin, avec une ex-conseillère de Sarko (Constance Le Grip) comme suppléante. Et ce malgré la vive concurrence d’un quadra dissident de l’UMP (Frédéric Valletoux), et d’un candidat du Modem (Charles Napoléon) qui croit à ses chances.

Didier Julia

© Kerleroux

Julia, l’élu « modèle », est pourtant connu au Palais-Bourbon… pour n’y être quasiment jamais ! Depuis trois ans et demi, ce grand ami des pays arabes a seulement prononcé deux phrases historiques dans l’hémicycle, lors d’un débat sur la politique française au Proche-Orient, le 21 juin 2006 : « Tout à fait ! » et « c’est vrai ! ».

Heureusement, Didier Julia s’investit dans le travail « moderne » des députés, notamment les questions écrites au gouvernement. Pourtant, les 114 questions écrites dont il s’enorgueillit sont très en-deçà de la moyenne des 222 questions posées par ses collègues. Et certaines de ses questions sont cocasses. Comme celle du 27 janvier 2004 où il suggérait au ministre des Finances d’abaisser le taux de TVA pour les exploitants de terrains de golf, afin de « populariser » ce sport onéreux. « Pas vraiment prioritaire » a rétorqué Bercy. Et celle du 3 juin 2006, où Julia demandait au ministre délégué à la Sécurité Sociale de mieux contrôler les abus en matière de congés de paternité. Le ministre, peu zélé, ne lui a jamais répondu.

Didier Julia avance également qu’il aurait signé ou cosigné plus de 15 propositions de lois. Vérifications faites, le député n’a initié que 4 propositions de loi en cinq ans, mais en a cosigné 86 autres… rédigées par ses collègues. Des élus UMP de Seine-et-Marne saluent néanmoins « l’ampleur du travail accompli » dans la circonscription et « la confiance personnelle que lui accorde Nicolas Sarkozy ». S’ils le disent…