Inuit de Chine, inuit câline, inuit d’amour

Correspondance et Mémoires d’un caricaturiste d’André Gil (Champ Vallon) : La réédition d’un bijou paru en 1883, les souvenirs du caricaturiste le plus cinglant et le plus fécond du XIXe siècle, mis à part Daumier, qui fut aussi poète, chansonnier, dramaturge, peintre, illustrateur de romans de Zola, et fer de lance de la Commune de Paris comme du mouvement facétieux des Hydropathes. En complément, 150 lettres inédites pour l’essentiel expédiées à Hugo, Courbet, Nadar ou Vallès éclairent la personnalité turbulente d’André Gil et nous fourguent plein d’infos sur ses intrépides provocations.

Je rêve d’être un balayeur inexorable d’Yves Frémion (Les Ateliers du Tayrac, BP1,F-12230 Saint-Jean-du-Bruel) : Les rafraîchissantes poésies loufoques de jeunesse (1967-1968) de l’historien du rire et de la subversion Frémion. « Prenez garde, menacent les merdes, demain nous ne serons plus qu’une tache sur le trottoir mais vous glisserez encore sur nous et vos jambes cagneuses se briseront encore ».

Tongre d’Yves Frémion encore (Le Navire en pleine ville) : Êtes-vous prêt à aimer les pacifiques Tongre malgré leur mutisme systématique, leur œil unique, leurs six pattes de centaure et leurs manières bizarres ? Un craquant roman pour petits z’enfants pas sages.

La Grande Vie (Arbre vengeur, 15 rue Berthomé, F-33400 Talence) et Nuits bleues calmes bières (Finitude,14 Cours Marc-Nouaux, F-33000 Bordeaux) : Tous deux de Jean-Pierre Martinet, un humoriste destroy décédé en 1993 avant d’être vraiment découvert dont la prose est « d’une noirceur comique difficilement égalable ».

Quand la langue française rencontre la langue inuit de Paul-Léon de la Baudière (L’Hélicon, 19 Montegnet, B-5370 Flostoy) : Une plaquette absolument tordante sous le signe de la chanson « Inuit de Chine, Inuit câline, Inuit d’amour ».

On s’fend aussi fort la pêche avec les autres publications siphonnées de l’Hélicon : Approche de la musique en langage des signes de Lucien Kleeman, Les Boîtes les plus prestigieuses de l’histoire de la conserve d’Alexeïev Brno et Le Dressage hélicicol.

Les Blagues du Père Noël d’Anne De Bartillat (De Fallois) : Instructif. « Capitalisme : vous avez deux vaches. Vous en vendez une et vous achetez un taureau pour faire des petits. » ; « Communisme : vous avez deux vaches. Le gouvernement vous prend les deux et vous fournit en lait. » ; « Fascisme : vous avez deux vaches. Le gouvernement vous prend les deux et vous vend le lait. » ; « Démocratie représentative : vous avez deux vaches. Une élection désigne celui qui décidera à qui appartient le lait » ; « Anarchie : vous avez deux vaches. Vous les laissez se traire en autogestion ».

Les Euphorismes de Grégoire de G. Lacroix (Max Milo, www.maxmilo.com) : « Il est très paresseux, il ne fait rien, même pas son âge ». Un geyser de réflexions louf-louf faisant parfois mouche préfacées par le cher Pierre Perret : « Méditez ces réalistes élucubrations auprès desquelles celles de nos philosophes branchés d’aujourd’hui font figure de bulletins paroissiaux ».

Œuvres humoristiques complètes, tome1, de Virginia Woolf traduites par Jean-Marie Buchet (Les Petits Livres Cons, 44 rue des Plantes, 1030 Bruxelles) : Faites-vous envoyer le livre coûte que coûte. Une surprise carabinée vous attend !

Guide érotique du Louvre et du Musée d’Orsay de Jean-Manuel Traimond (Atelier de Création libertaire, BP 1186, F-69202 Lyon Cedex 01) : L’anus de bronze. La préhension mammaire et pinienne. Le satyre enfilant la bacchante. L’hermaphrodite. Hercule drag queen. La copulation publique. Les enfants Jésus turgescents. Les incestes pères-filles. Les petites figurines pédophiles. Les Caryatides mafflues aux tétons en boutons de sonnettes. Le guide-interprète Traimond nous démontre gloupitamment que le vénérable Louvre et le rigoriste Musée d’Orsay ne sont que des antres de perversion.

Mon Dernier cheveu noir de Jean-Louis Fournier (Anne Carrière) : Complice de proue de Pierre Desproges durant sa dernière période (« Merci Bernard ! », « Monsieur Cyclopède »), Jean-Louis Fournier nous explique ici avec placidité comment on s’aperçoit qu’on vieillit. C’est quand on dit : « Les journaux sont imprimés de plus en plus petit » ou « Les comédiens parlent de moins en moins fort au théâtre ».

L’Idiot du Vieil-Age de Jean-Pierre Verheggen (Gallimard / L’Arbalète) : Une fois de plus, Verheggen dynamite avec maestria les codes fictionnels, langagiers et humoristiques avec ses calembours terroristes tirebouchonnants. « Le beauf sur le toit », « La vie vaut lapin d’être vécu », « Lewis Carotte », « Intestin au Congo ».

Instructions aux académiques de Federico Tagliatesta (Christophe Chomant, 37 rue des Frères Nicolle, F-76000 Rouen) : « Comment se faire bien noter sans rien écrire ? » ; « Comment grimper dans la hiérarchie sans rien publier ? » ; « Comment briller dans les jurys sans lire les thèses ? ». Dans la grande tradition swiftienne, le satiriste Tagliatesta dispense ses conseils pernicieux aux étudiants carriéristes, aux chercheurs feignasses, aux professeurs farauds.

La Molvanie de Santo Cilauro, Tom Gleisner, et Rob Sitch (Flammarion) : L’hôtel Rojal Palatz Hotjl mêlant harmonieusement service moderne et plomberie d’antan. Le suprême d’anchois à la figue de la pizzeria Varji à manger ou à vomir à la maison. Le parachute ascensionnel, délicat compromis entre le parapente et le suicide. Pour les fanas des Nuls, de 7 Jours en Groland, de Borat, une parodie des travels guides faisant tour à tour pisser et pleurer de rire.