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Images intrépides

Noël Godin la tête dans le bouquin / dimanche 11 novembre 2007 par Noël Godin
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Les livres de cinéma les plus corrosifs et les plus riches en infos juteuses sur les présentoirs prostitués de nos librairies. A lire, à lire, à lire, jambon à cornes !

Le Cinéma américain des années 70 de Jean-Baptiste Thoret (Les Cahiers du cinéma) : Racontée avec une sacrée rigueur et une entraînante passion par le critique ciné de Charlie Hebdo, la prise d’assaut à la fin des sixties de la citadelle hollywoodienne par une nouvelle génération de cinéastes (Coppola, De Palma, Scorsese…) et d’acteurs (De Niro, Nicholson, Gena Rowlands…) donnant vie à des films intrépides, « pleins d’énergie, porteurs d’une poésie du monde radicalement neuve, se méfiant de toutes les formes d’autorité ».

Les Sorcières de Hollywood de Thomas Wieder (Philippe Rey) : L’implacable récit de la chasse aux rouges dans le monde du spectacle US avant, pendant et après le maccartysme. L’établissement des listes noires – près de 300 acteurs, réalisateurs et scénaristes sont inquiétés ! La multiplication des accusations souvent calomnieuses. Les dilemmes des incriminés qu’on veut acculer à se renier haut et fort et à dénoncer leurs petits camarades. La mise au ban des blacks listés contraints à s’exiler, à faire de la tôle, à changer de carrière, ou à travailler désormais dans la clandestinité. Un des moments inouïs du document, c’est quand le grand réalisateur Elia Kazan et le grand scénariste Clifford Odets décident dans un resto de Broadway de se dénoncer mutuellement devant la Commission des activités anti-américaines.

Hollywood un rêve européen de Jean-Loup Bourget (Armand Colin) : Egalement palpitante de bout en bout, l’histoire de l’invasion de l’usine à rêves américaine par des branlées d’artistes anglais, français, hongrois, allemand, scandinaves, espagnols qui ont pour nom Hitchcock, von Stroheim, Lubitsch, Lang, Garbo, Dietrich, ou, aujourd’hui, Farrel, Banderas, Van Damme. Jean-Loup Bourget de Positif remarque notamment que « les Européens qui ont réussi à Hollywood sont ceux qui ont joué le jeu de l’Amérique selon des modalités diverses souvent ambiguës ». Un bon exemple de cette ambiguïté est l’Allemand Roland Emmerich qui, sitôt après avoir tourné l’hyper cocardier "Independance Day", s’est attaqué à un "Jour après" qui illustre les thèmes écolos sur le changement climatique.

Guère à la guerre ou le pacifisme dans le cinéma français (1936-1940) de Vincent Lowy (L’Harmattan) : Quel rôle a joué le pacifisme cristallisant alors les passions dans la mobilisation de septembre 39 et la débâcle de juin 40 ? Les lignes de fracture et de résistance de la société française face au péril nazi sont foutrement bien dessinées par le chercheur Lowy à travers ses analyses sourcilleuses de films sortis durant cette période de « déliquescence républicaine » (du manifeste PCF "La Vie est à nous" à l’unique film anti-nazi de la drôle de guerre, "Après mein kampf, mes crimes", du très oublié Alexander Ryder), et à travers les réactions qu’ils ont suscitées.

Le cinéma post-colonial français de Caroline Eades (Cerf Corlet) : Une étude méticuleuse tout à fait réussie passant au crible le point de vue sur l’empire colonial français exprimé dans des fictions par des réalisateurs d’Outre-Quiévrain tels que Boisset, Duras, Resnais, Varda, Godard, Tavernier, Schoendoerffer. La maître de conférences à l’unif de Maryland Caroline Eades remarque au passage que si à peu près tous les films tournés sur la question dénoncent bel et bien les crapuleries des pouvoirs politiques, militaires, économiques mis en place dans les colonies, c’est en exonérant quasiment de toute responsabilité les colons qui y vivaient, comme s’ils n’avaient pas eu partie liée, les faux-culs, avec les exactions de leurs armées et les infamies de leurs gouvernements.

Jean Gabin Anatomie d’un mythe de Claude Gauteur et Ginette Vincendeau (Nouveau Monde, 24 rue des Grands Augustins, F-75006 Paris) : Fructueusement confrontés, avec des myriades de témoignages de premier intérêt (Raymond Rouleau, André Bazin, Charles Spaak), les deux Gabin : le craquant jeune révolté destroy de l’époque du Front populaire et du réalisme poétique à la Carné – Renoir, et le repoussant patriarche poujadiste ronchon de l’ère gaullienne finissante.

L’Ange exterminateur de Jean-Claude Brisseau (Grasset) : Un entretien-fleuve captivant du cinéaste scandaleux Brisseau avec le fort peu moraliste historien Antoine de Baecque de Libé au cours duquel le réalisateur des "Anges exterminateurs" retrace son parcours, définit ses préoccupations souvent insolites, croise le fer avec talent contre tous ses accusateurs et explique pourquoi ses films à lui, c’est aussi bien le contraire de l’érotisme soft niguedouille à la Emmanuelle que du porno qui est « moche et vulgaire » en visant à « la pure satisfaction d’un désir mécanique » sans point de vue ni travail sur le script et les dialogues. « Je veux, moi, faire voler les codes en éclats ».

Le Sens de l’indécence sous la direction d’Eric Van Essche (La Lettre volée, 20 bd Barthélémy, 1000 Bruxelles) : Une machine de guerre salubre contre « la censure des images à l’âge contemporain », « la censure n’étant par ailleurs qu’une modalité d’un arsenal de mesures normatives plus ou moins contraignantes (de l’occultation au dénigrement, de l’exclusion à l’autocensure) visant à assurer une forme de contrôle social sur l’irruption de l’inacceptable et de l’impensable dans l’espace public de la bienséance et de la doxa ». Avec des contributions couillues d’Enrico Lunghi qui, paraphrasant Noam Chomsky, rappelle que « si les dictatures ne s’occupent pas de ce que pensent les gens mais de ce qu’ils disent, dans nos démocraties nous pouvons tout dire mais on s’arrange pour que nous pensions comme il faut ». Et des sœurs Marie-France et Patricia Martin qui, à la fin de l’ensemble, rentrent dans le chou des traces d’autocensure qu’elles ont débusquées dans les textes professoraux anti-censures qu’on vient de lire.

Éloge des seconds rôles de Serge Regourd (Séguier-Archimbaud) : Une réjouissante réhabilitation des seconds couteaux dans le cinoche français d’aujourd’hui. Viva les successeurs déchaînés des Saturnin Favre, des Noël Roquevert, des Charpin, les Yves Afonso, les Jean Abeillé, les Kurt Raab, les Dominique Zardi, les Lazlo Szabo ! Vive le pamphlet gloupitant de Serge Regourd !


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1 MESSAGES

Forum

  • Saturnin FABRE !!!
    le dimanche 2 décembre 2007 à 09:50, Kzerphii Toomk a dit :
    Cher Noël, juste une petite remarque : il s’agit de Saturnin FABRE et non de Saturnin FAVRE. Pour le reste, je confirme, ce petit bouquin ("éloge des seconds rôles") est excellent. A lire aussi, chez Dualpha, cette année, "Dominique ZARDI, le comédien fétiche du cinéma" . Une autobiographie corrosive, entartive, iconoclaste et néanmoins nostalgique. Amitié. Kzerphii
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