Guerre des droites dans la cité des sacres

Une ville de gauche qui vote à droite. Lors de la dernière élection présidentielle, Ségolène Royal est arrivée en tête. Lors des scrutins de proximité, les Rémois, n’en ont pas moins pour solide tradition d’expédier à l’Assemblée ou la mairie des élus de droite. Et la tradition dans la cité des sacres (33 rois de France y furent intronisés), ça pèse. Sur le papier, la ville ne peut pas échapper à l’UMP. Toutefois la guerre qui sévit à droite entre Renaud Dutreil et Catherine Vautrin – les deux députés UMP qui se disputent les suffrages du centre et de la droite - pour peu qu’elle dégénère, autorise quelques solides espoirs à la candidate de gauche Adeline Hazan.

Depuis la Libération, c’est l’oligarchie financière locale qui fait ou défait les maires. Un puissant réseau d’influence, tel celui de l’industriel Thienot, et qui relayé par les grandes familles champenoises, contrôlait la classe politique.

Guerre des droites

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C’est ainsi qu’à la mairie se sont succédées de véritables dynasties d’élus : famille Taittinger, famille Falala, famille Schneiter. Le maire actuel Jean – Louis Schneiter (qui ne se représente pas) illustre parfaitement cette continuité sans changement en affichant au compteur « 37 années de vie publique rémoise », comme premier adjoint aux finances, maire, et encore 23 années comme président du district. Depuis Clovis ou presque, c’est par Schneiter – proche de Jacques Barrot, commissaire européen aux transports – que transitent tous les gros dossiers d’équipements publics. Station d’épuration, transports, et notamment le fameux tramway l’un des principaux enjeux de l’élection à venir.

A l’UMP, Renaud Dutreil favori contre Catherine Vautrin

Chouchou pour l’heure des sondages avec 32 % des intentions, Renaud Dutreil est le candidat officiel de l’UMP. Élu à Château-Thierry, un fief bien trop petit au regard de ses ambitions, Dutreil joue la rupture et la nouveauté. Seul des candidats, il s’oppose au projet, pourtant très tendance, du tramway en soulignant son coût exorbitant de 380 millions d’euros, comme son inutilité pour une ville qui « n’a pas de banlieue ». Rupture encore, lorsque Dutreil annonce qu’une fois élu, il fera faire un audit des finances de la ville « dans les six mois »…

Sa rivale à droite c’est Catherine Vautrin. À 48 ans, cette ex-ministre de la ville, a déjà fait la démonstration qu’elle pouvait se passer de l’investiture de l’UMP, en se faisant élire député contre son parti en 2002. Née à Reims, Vautrin, largement distancée dans les sondages (19 %) joue la proximité et tente de recoller au train en menant campagne contre les « parachutés investis par les Parisiens » et les « énarques », comme en témoigne un argumentaire siglé « confidentiel » et destiné à regonfler le moral de ses troupes. Son principal handicap reste toutefois d’apparaître comme l’héritière d’un système que nombreux considèrent à bout de souffle.

Chute de bouchons

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Les prestigieux vignobles ne font plus désormais la pluie et le beau temps. Ils appartiennent aujourd’hui à LVMH, Ricard, ou à des fonds financiers des antipodes, peu impliqués dans la vie politique locale. Les deux candidats de droite l’ont promis, juré : il n’y aura pas de fusion de listes entre les deux tours. C’est bien tout l’espoir d’Adeline Hazan, candidate d’une gauche (PS-PC-Vert) qui espère bien se glisser dans la porte étroite des divisions de la droite. Cette ex-magistrate, député européen, réputée proche de Martine Aubry, fait actuellement jeu égal avec Dutreil (32 %). Elle caresse l’espoir qu’entre Dutreil et Vautrin, ça s’envenime suffisamment pour que les reports de voix au second tour lui soient favorables. Scénario peu probable toutefois, de l’avis d’un observateur de la scène politique locale selon lequel « la sensibilité rémoise est à la fois populaire et très traditionnelle. Elle reste très teintée de « machisme » et c’est un handicap considérable pour Adeline Hazan qui est perçue comme une candidate très Bobo ».

Toujours pas de candidat officiel pour le FN

Un mot du FN pour conclure. La cité des sacres et du champagne fut des années durant l’un de ses bastions électoraux. De passage à Reims il y a une dizaine de jours, Marine Le Pen n’a pas pu indiquer à la presse qui conduirait la liste du Front National. Son candidat naturel, Patrick Bourson, connaît en effet quelques problèmes. Début janvier ce viticulteur (associé dans son business à Jean-Marie Le Pen) s’est fait saucissonner ainsi que sa femme et son fils par une équipe de voyous. Ce dont a rendu compte un journaliste de l’Union de Reims. Très contrarié, l’ami Bourson s’est empressé d’aller rosser le confrère dans les locaux du quotidien. Une agression qui vaut à la tête de liste naturelle du FN de comparaître le 7 février prochain devant le tribunal correctionnel. Ça fait désordre…