Retour judiciaire sur une affaire datée de 79:Robert Boulin, ministre des Finances de Giscard, suicidé mystérieusement, et qui fait tâche dans les mémoires du président.
Valéry Giscard d’Estaing va prendre un coup de jeune. Si, si. De quoi le remettre sur pied après son triomphal traité de Constitution européenne et sa magnifique campagne pro-Sarko, éclipsée par l’avènement du tracteur de Lou Bayrou. Voire de quoi ripoliner son image très ORTF. Car voilà que revient l’affaire Boulin ! Une cure de jouvence de presque 30 ans pour l’Ex. En 1979, son ministre (RPR) des Finances et Premier ministrable, mort dans d’étranges circonstances en 1979. « Suicide », a dit la justice. « Suicidé dans 50 cm d’eau ? », crient les défenseurs de la thèse de l’assassinat politique qui font feu de tout bois.
L’imposant Un homme à abattre, contre-enquête sur la mort de Robert Boulin (Fayard) vient de paraître. Le 26 avril, un mémoire a été déposé sur le bureau du procureur de Paris pour que soit réouverte une instruction, sous l’impulsion de la fille de Boulin, Fabienne. Et cette même Fabienne, assistée de William Bourdon, veut rappeler à l’Ex le bon souvenir de son père. Et accessoirement, faire respecter à cet éminent membre du Conseil constitutionnel une décision de justice.
Dans le tome II de ses mémoires, Le Pouvoir et la vie (publié en 1991), le virevoltant VGE a consacré tout un chapitre au « suicide » de Boulin. Et pointé au détour d’une phrase la responsabilité de son épouse, « Mme Boulin tenait sur son mari des propos désobligeants ».
Étonnamment, Mme Boulin l’a mal pris. Et fait condamné définitivement en 1997 par la cour d’appel de Rouen l’ancien Président. Verdict 80 000 francs de dommages et intérêts à verser au motif, selon le président de la cour d’appel, que l’ami Valéry a « injustement mis en cause, et de façon fautive » la veuve de Robert Boulin. En sus, comme il se doit, la justice a ordonné la suppression de la phrase incriminée dans les futures éditions du livre.
Las, lors de la réédition en livre de poche des mémoires, aucune modification n’a été apportée. Un petit oubli juridiquement répréhensible. Heureusement, la plainte de Fabienne Boulin va permettre à Giscard, membre de plein droit du Conseil constitutionnel, de rafraîchir ses notions de droit. Et de mettre ses oeuvres en conformité avec la loi.