Chaque semaine, Jacques Gaillard plonge dans son dico perso et taille un short aux mots dans le vent.
On vient d’inaugurer un gigantesque parc d’éoliennes qui peut alimenter 240 000 foyers, soit une ville comme Marseille. Malheureusement, c’est en Angleterre. Heureusement, personne ou presque n’a hurlé quand on a planté ces machines dans la mer. Pourtant, « not in my backyard ! », c’est de l’anglais.
La France produit péniblement 5 116 mégawatts, une misère (cinq fois moins que l’Allemagne), avec en tête la Lorraine et la Bretagne. Mais zéro watt en Aquitaine, zéro en Alsace. Quand on pense que l’Alsace est le berceau politique des Verts français, on a une révélation : les ventilos géants, c’est pour les Bretons, les Lorrains ou les pauvres. Ce n’est pas forcément là où il y a du vent : en PACA , où le zef décorne les bovins, à peine 45 mégawatts. Mais il y a trop de villa-de-mon-rêve.
Une fédération de résistants l’affirme avec ce sens des nuances qui caractérise l’esprit de mesure désintéressé nourri par une prise en compte réfléchie de la complexité des choses : « L’éolien industriel n’a, en France, d’intérêt ni économique, ni énergétique, ni écologique, pas davantage social. » Et vlan, c’est dit, circulez ! Les Allemands sont jobards de classer l’éolien d’utilité publique, d’ailleurs ils sont connus pour être nuls en économie, saloper leurs forêts et se foutre du social. Nos FFI-anti turbines tolèrent toutefois « l’éolien en autoconsommation ».
En clair : je mets mon éolienne à moi pour mon électricité à moi dans mon jardin à moi près de ma maison à moi et de mes nains de jardin. Faut donc : 1) avoir une maison-à-moi 2) un égoïsme- à-moi 3) des sous pour bricoler mon zinzin avec mon vent-à-moi.
Et puis il y a les Verts-Europe-Écologie- Bingo-Tagada, on ne sait plus comment appeler leur soupe à l’oseille. Ils n’aiment plus les éoliennes, malgré leur passion pour Eva Joly, qui fait beaucoup de vent et change de courant d’air tous les trois ans façon girouette boréale. Elle ne pige rien à l’écologie, c’est clair, mais elle ne connaît pas davantage le social (il faudrait lui rappeler qu’il n’y a pas seulement l’argent sale, il y a aussi la pauvreté sale, 13 % des Français au dernier relevé de compteur). Donc pas le tiers d’une idée sur l’avantage écologique et social des éoliennes. Dans le doute, elle sera pas pour, c’est tendance, et en Norvège on a du pétrole.
On peut souffler, et le vent aussi : ce n’est pas demain que le mistral éclairera le Vélodrome. Question nature, misez sur la « banane durable », dont on nous rebat les oreilles. Un rêve à portée de main pour les dames et les messieurs.