Trois jeunes délinquants se retrouvent incarcérés dans une prison pour mineurs. Un film complaisant et décérébré.
Kim Chapiron est une calamité. Et un imposteur. Pendant des années, il a bricolé des courts-métrages avec son pote Romain Gavras, au sein du collectif Kourtrajmé. Des trucs potaches, pas vraiment drôles, censés refléter la banlieue. Car, attention, Chapiron, c’est la voix de la cité, coco. C’est d’autant plus marrant que Chapiron et Gavras tentent de se faire passer pour des lascars alors que ce sont de vrais fils à papa (Chapiron est le fils de l’artiste punk Kiki Picasso).
En 2006, Chapiron passe au long-métrage avec Sheitan, un truc laid, misogyne, vaguement raciste, avec Vincent Cassel en paysan débile. Le niveau zéro du cinéma. On croyait Chapiron – qui découvrait qu’il faut mettre de la pellicule dans le magasin de la caméra (véridique !) – définitivement cramé mais voici qu’il rebondit avec un second film, tourné aux États- Unis.
L’histoire de trois délinquants de 15 à 17 ans envoyés dans une prison pour mineurs.
Avant de voir le film, j’imaginais des bastons, des viols, des émeutes.
À l’écran, Chapiron nous offre quoi ? Des bastons complaisantes, un viol et une émeute. C’est tout, et c’est censé faire un film !
À l’origine, Dog Pound est une commande d’un producteur de pub qui venait d’acquérir les droits de Scum, une plongée dans l’enfer carcéral signée du Britannique Alan Clarke, en 1979. Ce film immense, insoutenable, Chapiron a tenté de le décalquer. Scum était ultraviolent, mais c’était une métaphore politique et un constat désespéré sur la nature humaine.
Rien de cela dans le film putassier de Chapiron, qui ne s’intéresse qu’aux bastons. Le scénario tient sur le string de Lindsay Lohan, et les jeunes héros du film, dénués de toute psychologie, et donc d’humanité, ne sont que des animaux (c’est dans le titre), des stéréotypes : le latino, le très méchant, la victime, l’énervé…
Chapiron ne dénonce rien ; pis, il ne dit rien. Il cherche à choquer le bourgeois et, après, démerdez-vous pour trouver du sens à tout ça. Vous avez dit irresponsable ? Kim, fais-nous une fleur : mets-toi au point de croix et, de grâce, arrête le cinéma !
Année bissextile de Michael Rowe
À Mexico, une jeune femme de 25 ans entame une liaison sadomaso avec un inconnu. On ne sortira plus de l’appartement de Laura, et le réalisateur, Michael Rowe, dont c’est le premier film, donne à voir les fêlures de cette femme qui s’offre et se dérobe. Présentée à Cannes, cette oeuvre érotique, troublante et douloureuse est sublimée par la performance de l’actrice principale, Monica del Carmen, tout simplement phénoménale.
A 5 heures de Paris de Léon Prudovsky
Cette comédie romantique israélienne est assez anodine et sans contenu politique. Pourtant, les salles d’art et essai Utopia ont décidé de boycotter le film après le raid de l’armée israélienne contre des navires d’aide humanitaire à Gaza. En quoi le cinéaste Léon Prudovsky est-il responsable des actions meurtrières de Nétanyahou ? On censure un film à cause de sa nationalité ? Tant qu’à employer des méthodes de fachos, pourquoi ne pas brûler la pellicule ?
Top Cops de Kevin Smith
J’avoue ne pas bien comprendre les choix de carrière de Bruce Willis. Comment cet excellent acteur, qui a révolutionné le film d’action avec la série des Die Hard, tourné avec Quentin Tarantino, M. Night Shyamalan ou Terry Gilliam, peut-il se compromettre dans des merdes comme le Cinquième Élément, Otage ou Armageddon ? La dégringolade continue avec Top Cops, hommage improbable aux « buddy movies » des années 80 (l’Arme fatale, Midnight Run), une comédie policière pas drôle. Eh, Bruce, et si tu essayais de lire tes scénarios, pour changer ?
dear Mr Godin,
bon : Chapiron, on s’en b… bat les c… côtelettes. Voilà.
Concernant vos trois lignes, sur À 5 heures de Paris, dont 3 sur Utopia, je ne doute pas qu’avec l’extrême agilité de votre index gauche, vous ne parveniez, surfant comme un malade sur la toile, à dégauchir un numéro de téléphone pour discuter avec mes potes d’Utopia de la déprogrammation du film, des raisons qui les y ont amenés, etc., plutôt que de brâmer à l’unisson de la meute éditorialisante à la censure fascisante.
C’est juste un peu con.
Et si j’osais flagorner, je dirais que ça ne vous ressemble pas.
amicalmement,
S.
ps : je me tiens à votre disposition pour en discuter, vous savez où/comment me trouver.
Vous avez raison, cela mérite des explications. Ecrire sur un film que l’on a aimé est beaucoup plus gratifiant. Dog Pound est une merde, Année bissextile un très bon film et je consacre ma chronique au film de Chapiron. Pourquoi ? Porqué ? Voici quelques éléments de réponse.
Tout d’abord, je ne vois pas tous les films que je voudrais. Faute de temps, d’emploi du temps et parfois d’attachés de presse qui ne veulent pas montrer leurs films dans les temps. J’ai vu Dog Pound 1 mois et demi avant la sortie salle et Année bissextile très en retard. D’ailleurs, avez-vous remarqué, Dog Pound sortait le 23 juin, alors qu’Année bissextile était sorti le 16.
Lors du festival de Cannes, Année bissextile a bénéficié d’excellentes critiques et j’étais sûr que Libé et Le Monde allait le défendre dans leurs colonnes.
J’avais été écœuré par Dog Pound et pourtant les collègues lors de la projo ne tarissaient pas d’éloge. Je me suis douté que Dog Pound allait avoir de bonnes critiques un peu partout, et je voulais faire entendre un son de cloche différent.
Cela fait des années que Kourtrajmé me gave. Ces faux lascars et vrais fils à papa bidouillent des trucs nuls, sans point de vue, pour choquer le bourgeois, et ensuite déclarent "débrouillez-vous". C’est vrai, j’avais un peu envie de me les payer.