Une étude présentée au forum de Davos en janvier dernier et passée plutôt inaperçue critique l’impact des LBO (ou le rachat d’entreprises par des fonds de capital investissement) sur l’économie. Une première.
Davos, ses milliardaires, son sommet et ses études. L’une d’entre elles, « L’impact économique global du capital investissement », aurait dû attirer l’attention, en janvier dernier, alors que de nombreux journalistes avaient fait le déplacement en Suisse pour suivre les débats des « global leaders ».
Produite par le Forum Economique Mondial (FEM) de Davos et des universitaires, notamment de Harvard, l’étude réfute les précédents rapports mettant invariablement en avant les effets supposés bénéfiques des rachats d’entreprises par les fonds de capital investissement, les fameux LBO (de l’anglais Leverage Buy Out).
Il était temps de se pencher sur le phénomène qui a explosé depuis l’éclatement de la bulle boursière en 2001. En six ans, les fonds de LBO ont acheté des entreprises pour 2700 milliards de dollars, contre « seulement » 900 milliards entre 1970 et 2000. « Après un passage à vide ces derniers mois, cela redémarre. C’est très inquiétant », remarque Philippe Matzkowski, qui a fondé le Collectif LBO pour alerter sur leurs effets.
Portant sur 5.000 entreprises américaines entre 1980 et 2005, l’étude montre que cinq ans après leur rachat par un LBO les entreprises emploient 10% de salariés en moins par comparaison à leurs homologues qui ne sont pas passées dans le giron d’un financier.
Rapporté à la taille de l’échantillon, la différence est de 340.000 emplois. Au total, un quart des salariés sous LBO voit leur unité de travail fermé, vendu ou restructurée. Un taux deux fois plus élevé que dans une entreprise « normale ».
Autres effets pervers, les fonds de LBO contractent de fortes dettes pour acheter les entreprises. Résultat, ces dernières ont deux fois plus de risques de faire faillite.
Le communiqué de presse du FEM de Davos annonçant la publication l’étude est un chef-d’œuvre de jésuitisme. Un lobby du capital investissement a même claironné qu’il ressortait de l’étude que les LBO étaient des « sauveurs d’emploi ».
« Cette désinformation a été couronnée de succès, déplore David Hall, de l’université de Greenwich. Les médias ont suggéré que les résultats de l’étude étaient équilibrés et que les licenciements massifs étaient un mythe. » Seule exception, aux yeux de ce chercheur proche des syndicats : le Financial Times.
Si la BBC, le Herald Tribune et le New York Times sont tombés dans le panneau, les médias français, eux, n’en ont pas parlé. Entre deux maux…
Peut-on parler de tout cela ?
Appelez donc la rédaction : 01.48.03.87.03
Que Bakchich s’informe auprès de ses lecteurs.
Oui, un dossier sur le sujet (tonitruant, si possible) serait le bienvenu.
Cela étant, même quand on n’y comprend rien, qu’on ne parle pas la langue et qu’on ne sait rien, ce mécanisme est facile à percevoir. Ce serait mieux encore de présenter de vraies raisons à toutes ces dérives, dont la maladresse ne peut être qu’apparente. (Par exemple, qui manipule ces fonds ?)
Toujours dans la perspective de susciter une prise de conscience collective, ce qui est un peu le rôle et l’honneur de la vraie presse…
Autres effets pervers, les fonds de LBO contractent de fortes dettes pour acheter les entreprises. Résultat, ces dernières ont deux fois plus de risques de faire faillite.
faut qu’on explique à mon cerveau limité le raccourci entre dette contractée par le fonds et faillite de l’entreprise cible… Le risque est sur le fonds lui-même et ses prêteurs !!!
C’est simple.
Le fond a absolument besoin d’un retour rapide sur investissement pour rembourser donc demande des rendements irréalistes.
Pour satisfaire l’actionnaire l’entreprise est pressurée et les investissements sont au minimum voire nuls sauf obligations légales ( pollution etc… ).
A ce régime l’état de l’entreprise se dégrade pour finir par une faillite quand on ne peut plus rien en tirer.
Surtout qu’en général si la direction de l’entreprise n’est pas dans la ligne elle est remplacée par des gens ayant un meilleur esprit…
En effet la base du LBO consiste à utiliser des effets de levier notamment celui qui consiste à s’endetter afin d’entrer dans le capital/acheter une entreprise, en augmenter les bénéf puis se rémunérer en dividendes (afin de rembourser la dette + faire du profit).
Le problème vient de l’augmentation des bénéfices, à court terme cela est "facilement" possible en licenciant/baissant les salaires etc. à plus long terme mieux vaut essayer d’améliorer la productivité qui peut s’accompagner de licenciements pour les "éléments" les moins productifs. Finalement il est aussi possible de ne pas changer les opérationnels mais de complètement modifier l’encadrement…
Bref plusieurs "types" de LBO sont possibles, cela dépend fortement de l’entreprise visée (secteur, main d’oeuvre, activité…), la durée du retour sur investissement souhaitée,… Il existe même des entreprises qui allaient à la faillite dont les managers ont contractés des prêts pour racheter l’entreprise et la faire tourner tel qu’il le voulait avec succès ou pas.