Si l’Obamania fait toujours recette en France, elle est morte aux USA. Les Américains en sont déjà à l’heure du bilan.
Les impressionnantes cotes de popularité de Barack Obama du printemps ne sont plus qu’un vague souvenir et l’homme peine à rassembler la moitié du pays derrière lui. Même dans les rangs progressistes, la base électorale d’Obama, le désenchantement est de mise. La faute aux contradictions de ce président qui avait rendez-vous avec l’Histoire mais se dérobe.
En 2008, le sénateur de l’Illinois a remporté l’investiture du parti démocrate pour la présidentielle en s’opposant à la guerre en Irak. Mais une fois à la Maison Blanche, il a tellement retardé le retour au pays des « boys » qu’il n’a toujours pas réduit de manière significative l’engagement américain. La guerre en Afghanistan est, quant à elle, devenue « la guerre d’Obama ». Autant dire un bourbier alimenté par une escalade de la violence et les envois de nouvelles troupes américaines. Des envois d’ores et déjà dénoncés par la Speaker de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ainsi qu’une brochette de sénateurs démocrates.
Aux yeux des progressistes, Barack Obama a également trop traîné des pieds pour fermer la sinistre prison de Guantanamo et refuse maintenant de poursuivre en justice les responsables de l’administration Bush ayant ordonné le recours à la torture. À la place, il lance une petite enquête contre quelques subalternes juniors ayant servi d’exécutants… Et vient de demander en catimini au Congrès le renouvellement de la loi du « Patriot Act » votée dans l’hystérie de l’après 11 septembre. Perçue comme un viol de la Constitution par les progressistes, elle autorise les agences de renseignement à espionner en toute impunité les citoyens américains.
Pour tenter de relancer l’économie, Barack Obama applique les mêmes remèdes que le républicain Bush. Il lance une croisade pour débloquer des sommes faramineuses destinées au sauvetage des banques à l’origine de la crise financière, mais ignore la détresse des citoyens ordinaires. Ensemble, Bush et Obama ont déjà donné 17 500 milliards de dollars en prêts, garanties et autres soutiens aux acteurs du système financier. Le contribuable n’a lui eu droit qu’à quelques miettes. Qu’importe, Obama proclame déjà « la fin de l’orage » et ressemble à ces profs qui vantent les bonnes notes de leurs étudiants après leur avoir fourni les réponses aux questions !
Il se révèle également fétichiste d’un bipartisme illusoire et a truffé son gouvernement de républicains et de repris de l’administration Bush. Il a promis une administration vierge de lobbyistes mais en a embauché un nombre inquiétant, à commencer par le secrétaire général de la Maison Blanche. Il pactise en douce avec le patronat de l’industrie pharmaceutique pour tuer dans l’œuf une réforme du système de santé qui verrait la naissance d’une assurance-maladie gérée par l’État.
Même l’hebdomadaire The Nation, voix de la gauche modérée, s’énerve : « Le grand espoir de l’élection d’Obama tourne à la déception et à la colère. » Pour quel vrai projet Obama se bat-il ? Aucun. Absolument aucun. Il conserve certes tout son charme, mais le syndrome du chat du Cheshire d’Alice au pays des merveilles le guette : s’estomper derrière son sourire.